Déchet
"Matière résiduelle destinée à l'élimination." (Environnement Québec)
" Les définitions : il y a "déchets et déchets".
Les difficultés commencent avec les définitions des déchets. Les problèmes sont juridiques, pratiques. À quel moment un objet devient-il un déchet, à quel moment cesse-t-il de l'être ? La désintégration survient en effet dans tous les cas, mais dans des délais extrêmement variables, entre quelques semaines (déchets verts, feuilles mortes...) et plusieurs milliers d'années (verre).
Par ailleurs, un objet peut être un déchet pour celui qui s'en débarrasse, et un produit ayant une valeur marchande pour celui qui le collecte ou qui l'assemble. Ainsi, les deux litres d'huile de vidange sont un déchet pour l'automobiliste, mais les deux tonnes d'huiles récupérées sont vendues en combustible. Le seul fait d'avoir rassemblé les déchets individuels a transformé le produit.
Autre exemple : le partage délicat entre ordures ménagères et déchets ménagers. On appelle en général "déchets ménagers" les déchets produits par les ménages, et "ordures ménagères" les déchets collectés dans le cadre des ramassages organisés par les municipalités. Les deux termes ne se recouvrent pas. Certains déchets ménagers, notamment en milieu rural, sont éliminés par les habitants eux-mêmes (brûlés dans les cheminées ou donnés aux animaux), tandis que les collectivités locales collectent également les déchets qui ne proviennent pas des ménages, mais des commerçants et artisans.
L'assiette : "sec ou humide" ?
Il y a souvent une différence entre celui qui collecte un déchet et celui qui le reçoit ou qui le traite, car les deux ne calculent pas la même chose. La différence principale est entre le déchet brut, collecté, et le déchet propre et sec. Les déchets ménagers contiennent en moyenne 35 % d'eau. Pour certains déchets, la teneur en eau est beaucoup plus importante. Pour les boues de stations d'épuration par exemple, la teneur en eau varie entre 60 et 98 %. Les déchets solides sont donc considérablement réduits par le seul séchage. Il faut aussi compter avec le nettoyage, pour débarrasser les déchets entrant des impuretés et salissures... Tous ces phénomènes expliquent aussi les différences d'évaluation, notamment entre collectivités locales et industriels traitants (2).
Le mode de calcul retenu : masse ou volume ?
Les déchets se mesurent en masse et non en volume. Les densités sont extrêmement variables selon les matériaux, et même selon les modes de collecte. Ainsi, la densité des ordures ménagères est de 150 à 200 kg/m3 en moyenne, quand elles sont dans des sacs et des poubelles, et de 400 à 600 kg/m3 quand elles sont compactées en bennes avec tassement. Les écarts sont tels que, pour simplifier, on mesure les déchets en masse, en tonnes.
Cette méthode peut, à elle seule, fausser les conclusions que l'on peut tirer de telle ou telle filière de collecte. Ainsi, le plastique a une densité deux fois moindre que la moyenne des ordures ménagères non compactées, soit de l'ordre de 100 kg/m3. Sa part dans le volume de ces déchets est d'environ un quart, alors que sa part dans la masse n'est que de 12 %. Cela a une grande importance sur l'appréciation des coûts de la collecte. Ramené à la masse, le coût de collecte des plastiques est élevé, voire exorbitant pour certains plastiques, si on les rapporte à la tonne collectée (comme les calages de plastique expansé, dont la densité est de l'ordre de 10 kg/m3, soit dix fois moindre que la densité moyenne des plastiques).
Aussi, pour obtenir un camion de dix tonnes d'ordures ménagères compactées, il faut deux camions d'ordures ménagères brutes, quatre camions de plastique, quarante camions de plastique expansé... Les coûts, calculés à la tonne, seraient évidemment différents si l'on calculait par rapport aux volumes collectés.
En dépit de ses insuffisances et imperfections, cette méthode de calcul en masse est aujourd'hui la seule utilisée. Si des évolutions sont possibles, et même souhaitables, cette situation doit aujourd'hui être considérée comme une donnée."
(2) Voir notamment l'écart d'évaluation entre la valorisation des emballages plastiques selon que l'on compte les emballages mis sur le marché, propres et secs, et les emballages récupérés après usage. La différence de poids entre les deux est de près de 80%.
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Rapport (no 415) sur les nouvelles techniques de recyclage et de valorisation des déchets ménagers et des déchets industriels banals. Session de 1998-1999. Rapporteurs : Gérard Miquel, sénateur, et Serge Poignant, député (site du Sénat de la République française)