Clown

Dans les cirques, acteur bouffon, d'une grande agilité, d'une grande souplesse, qui divertit le public par sa feinte maladresse et ses lazzis (Larousse du XXe siècle en six volumes, édition de 1932). Aujourd'hui, le lieu physique du cirque n'est même plus indispensable, puisque le métier de clown appartient également de plein droit aux arts dits "de la rue". Il n'est qu'à assister à l'un ou l'autre des festivals dont est si prodigue notre époque pour le constater.

Pour les artisans du Cirque du Soleil, "le clown est un virtuose de la présence et de l'émotion, à la frontière entre le tragique et le comique. C'est la quintessence du jeu et de l'abandon, la condition humaine sublimée dans un acte créateur qui vient bousculer l'ordre établi."

Il peut être intéressant de se pencher sur le sens ancien du terme. Le Larousse du XXe siècle précise à ce sujet: "Ce type grotesque nous a été donné par l'Angleterre, qui l'avait emprunté au gracioso ou paysan-bouffon du théâtre espagnol. Mais dans les pièces anglaises, notamment celles de Shakespeare, le clown, ordinairement domestique du héros, amuse le public par ses réparties plaisantes ou niaises. Depuis environ un siècle, le clown n'est plus un personnage de pièces parlées. C'est un pitre excentrique, proche parent des jesters et des minstrels, qui excite le rire par des dislocations et des tours d'équilibre bizarres, par des fantaisies abracadabrantes et des mots d'esprits. Parmi les clowns les plus fameux, on peut citer: Auriol, Mazurier, Joa (sic) Grimaldi, Tony Grice, les frères Hanlon-Lee, Billy Hayden, Foottit et Chocolat, les Fratellini, Grock."

Voici ce qu'indique, pour sa part, un ouvrage du XIXe siècle: "Clown, c'est-à-dire paysan, rustaud, personnage comique de la scène anglaise. On le voit paraître pour la première fois au commencement du XVIe siècle; à cette époque il improvisait ses rôles. Peu à peu ses plaisanteries grossières le firent bannir des pièces un peu relevées; il ne figure plus que dans les pantomimes, surtout dans celles qu'on représente aux fêtes de Noël (Christmas Pantomimes). Le plus fameux clown de notre siècle a été Joa (sic) Grimaldi, attaché au théâtre du Covent Garden, à Londres. Les clowns, en pénétrant en France, ne se sont plus distingués que par des exercices d'équilibre, de souplesse et d'agileté." (Th. Bachelet, Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques, Paris, Delagrave, 1876). Pour Bescherelle, le clown est devenu dès le milieu du siècle un véritable artiste: "Il est à remarquer cependant que les clowns qui figurent aujourd’hui dans nos cirques (...) sont de véritables artistes; leur talent consiste à exécuter des exercices d’équilibre, de souplesse et d’agilité avec une habileté et une dextérité vraiment remarquables." (Louis-Nicolas Bescherelle, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française. Tome deuxième (G-Z), Paris, chez Garnier frères, 1856, p. 679)

Enjeux

Le clown et les peurs de l'enfance

Si le clown fait rire, il peut aussi terroriser. Il est alors le rappel de nos peurs enfantines les plus ancrées. Le roman It (Ça) de Stephen King - par la suite porté au cinéma sous le même titre -, qui met en scène un clown maléfique, illustre à merveille cette réalité psychologique (si l'on excepte, bien sûr, le caractère "fantastique" de l'histoire): "Ce monstre, qui a élu domicile dans les égouts, fait périodiquement surface sous les traits d’un clown tueur grimaçant, chacun peut également le percevoir à travers le prisme de ses propres démons intérieurs: pour l’un, ce sera une momie aux yeux de goudron frais, pour l’autre, un oiseau monstrueux ou un loup-garou..." (Isabelle Taubes, "Stephen King ravive les frissons de notre enfance", Psychologies, juillet-août 1999; cité par Jacques Languirand, Halloween. De l'érotisme de la citrouille à la thérapie de la terreur, émission "Par 4 chemins", 1er novembre 1999). On comprendra aisément que le clown soit loin de faire l'unanimité. On ne compte d'ailleurs plus, dans Internet, les sites qui se disent "contre" les clowns, qui font l'aveu de les détester.



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