Cerf

Enjeux

Le commerce de produits provenant de cerfs d'élevage ouvre la porte à la propagation de nombreuses maladies chez l'homme

«On se méfie du cerf de Virginie parce qu'il est un véritable danger public sur les routes (6 000 collisions autos-cerfs en 2001 au Québec). On le craint parce qu'il agit comme intermédiaire dans la maladie de Lyme - une forme d'arthrite transmissible à l'homme . Faudra-t-il apprendre à détester cette satanée bestiole au regard attendrissant maintenant qu'on sait qu'elle peut refiler quantités de maladies graves aux humains, notamment la tuberculose?

La question se pose après avoir entendu Peter Wilson, de la Massey University de Nouvelle-Zélande, dresser la longue et inquiétante liste des maladies que les cerfs peuvent transmettre à l'homme. Conférencier invité au 5e Congrès international sur la biologie des cerfs, une rencontre organisée par le Département de biologie et par Faune et Parcs Québec, Peter Wilson estime même que le problème des maladies transmises par les cerfs pourrait bientôt prendre une dimension internationale. La principale menace viendrait de la consommation de produits dérivés des cerfs auxquels on prête des vertus ravigotantes ou aphrodisiaques. Ces substances, qui connaissent beaucoup de popularité dans certains pays asiatiques, sont extraites du velours qui recouvre les bois des mâles en début de saison, ou encore de la queue ou de différentes parties de la quincaillerie génitale mâle. Ces produits font l'objet d'un commerce international dont les contrôles de qualité sont moins rigoureux que ceux qui régissent le commerce de la venaison.

Les chasseurs forment le groupe le plus à risque d'attraper une maladie transmise par un cerf, signale Peter Wilson, parce qu'il n'y a aucun contrôle sur l'état de santé des animaux qu'ils consomment. Cependant, précise-t-il, comme les chasseurs sont relativement peu nombreux, il ne s'agit pas d'un problème de santé publique majeur. Par contre, la mise en marché de la venaison et de produits dérivés de cerfs élevés en captivité accroît dramatiquement le bassin de personnes à protéger. Plusieurs pays du monde autorisent maintenant l'élevage de cerfs à des fins commerciales. En Nouvelle-Zélande uniquement, le chiffre d'affaires des éleveurs a atteint 250 M $ en 2001, et les spécialistes prévoient une croissance soutenue de 10 % par année.

Peter Wilson estime que tous les pays auraient avantage à instaurer, dans les populations sauvages et domestiques de cerfs, des programmes pour gérer les risques de maladies transmissibles à l'homme. "La dimension sécuritaire des aliments est la principale préoccupation des consommateurs, a-t-il rappelé. Même si le risque réel de transmission de maladies par les produits du cerf est encore relativement faible, le risque perçu demeure l'élément.»
© Jean Hamann, Au fil des événements, Unisersité Laval, 5 septembre 2002.

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