Obésité juvénile et programme d’incitation à l’activité sportive : un bel exemple canadien de langue de bois

Chambre des Communes (Ottawa)

Jean-Marie Domenach écrivait un jour : « Il suffit de pénétrer dans l’Assemblée nationale pour être saisi par cette évidence : s’il reste une démocratie, il est certain qu’elle ne se trouve plus là. » (1) Le grand intellectuel français ferait sans doute le même constat à propos du Parlement canadien. La médiocrité des débats qui s’y déroule est proverbiale. C’est surtout le cas depuis l’arrivée au pouvoir du conservateur Stephen Harper, qui exerce un contrôle absolu sur les interventions de ses ministres et députés, et même sur celles des hauts fonctionnaires et des experts au service de l’État. Cet extrait de la période des questions à la Chambre des Communes nous fournit un bel exemple de langue de bois de la part d’un ministre du gouvernement. Il est authentique. Comme on dit, « ça ne s’invente pas »… On peut trouver l’original du texte en se rendant sur le site du Parlement canadien. 

Répondant à des questions de députés de l’opposition, le ministre d’État aux Sports, l’honorable Bal Gosal, ne cesse de marteler un message préfabriqué, un message simpliste tissé de lapalissades – « quand nos enfants sont actifs et pratiquent des activités sportives, ils sont plus heureux et en meilleure santé – qui ne fait que révéler le manque de sérieux avec lequel le gouvernement canadien considère ce qui est devenu un problème social majeur, à savoir l’obésité chez les jeunes.

(1) Jean-Marie Domenach, Des idées pour la politique, Paris, Seuil, 1988, p. 122.
 

Mme Anne Minh-Thu Quach (Beauharnois—Salaberry, NPD) :  

Monsieur le Président, la moitié des jeunes font de l'exercice seulement trois heures par semaine. Les taux d'obésité juvénile augmentent et créent une pression indue sur nos systèmes de santé et d'éducation.

Quand on a demandé au ministre d'État aux Sports si la situation le préoccupait, tout ce qu'il a trouvé à dire c'est, et je cite: « Lorsque nos enfants sont actifs, ils sont plus heureux et en meilleure santé ». Franchement!

Le ministre d'État aux Sports comprend-il l'enjeu et peut-il nous dire ce qu'il va faire de concret pour que nos jeunes soient plus actifs?

L'hon. Bal Gosal (ministre d'État (Sports), PCC):

Monsieur le Président, quand nos enfants sont actifs et pratiquent des activités sportives, ils sont plus heureux et en meilleure santé. Voilà pourquoi le gouvernement déploie beaucoup d'efforts pour donner aux familles et aux enfants la possibilité de prendre part à des activités physiques. Nous avons créé le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants et continuons de travailler avec des partenaires comme Participaction, Le Grand défi, les provinces et les territoires afin de veiller à ce que les jeunes Canadiens restent actifs et en bonne santé.

Participaction a été rétabli par le gouvernement après que l'ancien gouvernement l'ait aboli.

Mme Anne Minh-Thu Quach (Beauharnois—Salaberry, NPD):

Monsieur le Président, c'est encore la même réponse ridicule et vide.

Les conservateurs réalisent-ils l'ampleur de la situation? Ils continuent de nous répéter que de plus en plus de jeunes font de l'exercice physique, alors qu'un rapport publié cette semaine démontre que c'est complètement faux. Nos jeunes sont de plus en plus sédentaires et ont besoin d'être mieux encadrés avant que la situation n'empire. 

Le ministre devrait faire preuve d'honnêteté. Il a laissé tomber la balle dans ce dossier.

Peut-il faire ses devoirs avant de nous radoter des lignes insipides qui n'aident en rien nos jeunes à être plus actifs?

L'hon. Bal Gosal (ministre d'État (Sports), PCC):

Monsieur le Président, nous avons créé le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants, mais le NPD a voté contre cette mesure.

En outre, en soutenant le programme Bon départ de Canadian Tire, nous avons aidé près de 400 000 enfants à participer à des activités sportives de leur choix. Voilà ce que nous faisons pour nos enfants. Nous voulons que les enfants soient heureux, actifs et en santé. Voilà ce que nous faisons pour eux.

M. Dan Harris (Scarborough-Sud-Ouest, NPD):

Monsieur le Président, le ministre semble oublier que le crédit d'impôt n'aide aucunement les enfants pauvres à devenir plus actifs.

Le ministre continue d'accumuler les fautes dans ce dossier. La santé des enfants est une composante essentielle d'un avenir sain et d'un Canada sain. L'organisme Jeunes en forme Canada a donné à nos jeunes la note « F » — qui, je tiens à le souligner, ne veut pas dire « fantastique ».

Dans la catégorie du jeu actif, quelque chose ne tourne pas rond. Le ministre d'État aux Sports échappe constamment son portefeuille et ne se donne même pas la peine de lire le rapport. Ce n'est pourtant pas une épreuve de force.

Le ministre pourrait-il citer une des recommandations du rapport?

L'hon. Bal Gosal (ministre d'État (Sports), PCC):

Monsieur le Président, comme je l'ai déjà mentionné, quand nos enfants sont actifs et pratiquent des activités sportives, ils sont plus heureux et en meilleure santé. C'est dans ce sens que nous travaillons.

Nous avons créé, en collaboration avec les provinces, le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Le gouvernement conservateur a aussi relancé le programme Participaction, qui aide de nombreux enfants de partout au pays à devenir plus actifs et à faire du sport.

Grâce au programme Bon départ de Canadian Tire, nous avons aussi aidé près de 400 000 enfants à entreprendre des activités sportives qu'ils ne pratiquaient pas auparavant. Voilà ce que nous faisons pour les enfants canadiens.

M. Dan Harris (Scarborough-Sud-Ouest, NPD):

Monsieur le Président, il est évident que le ministre connaît très bien ses messages préfabriqués. Nous les connaissons très bien nous aussi.

Le ministre est incapable de répondre aux questions les plus simples à propos du rapport. Pourquoi? Parce que ce rapport contredit les messages préfabriqués approuvés par le Cabinet du premier ministre. Le ministre n'a même pas pu dire s'il trouvait acceptable que la moitié des enfants canadiens fassent moins de trois heures d'activité physique par semaine...

Une voix: Continuez à lire.

Des voix: Oh, oh!

Le Président:

À l'ordre. À l'ordre, s'il vous plaît. Le député de Scarborough-Sud-Ouest a la parole.

M. Dan Harris:

Monsieur le Président, si le ministre pouvait au moins lire le rapport, il pourrait peut-être apporter de nouveaux éléments à la discussion.

Soyons généreux et accordons-lui un mulligan, comme au golf. Le ministre croit-il que trois heures par semaine sont suffisantes?

L'hon. Bal Gosal (ministre d'État (Sports), PCC):

Monsieur le Président, quand nos enfants sont actifs et pratiquent des activités sportives, ils sont plus heureux et en meilleure santé. C'est dans ce sens que nous travaillons.

Nous avons créé le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Nous avons investi dans Participation et Le Grand défi. Nous collaborons avec les provinces et les territoires afin d'aider les Canadiens à demeurer actifs et en santé. Voilà ce que nous faisons.

Une voix: Et que fait le NPD? Il vote contre nous.

L'hon. Bal Gosal:

Le NPD vote contre tout ce que nous tentons de mettre en place pour nos enfants. Il devrait plutôt travailler avec nous.

 

Chambre des Communes, 41e Législature, 1ère session. période de questions orales, le vendredi 1er juin 2012




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