Le leadership académique de Louis Valcke

Jacques A. Plamondon

J’ai été saisi du fait que votre Service est invité à recevoir les archives personnelles du professeur Louis Valcke, qui a été jusqu’à sa retraite un membre du département de philosophie de votre Université. Mon interlocutrice, Mme Danielle Valcke, m’a informé que votre Politique d’acquisition prévoit que vous obteniez deux lettres d’appui démontrant l’intérêt d’une telle démarche pour la connaissance générale de l’évolution historique des départements et programmes de l’Université.

Je vous adresse la présente en ma qualité d’ancien membre du corps professoral. En effet, j’ai enseigné et occupé des fonctions administratives à l’Université de Sherbrooke de juillet 1965 jusqu’à mars 1986. Plus précisément, j’étais membre du département de philosophie et de l’ancienne Faculté des arts (devenue la Faculté des lettres et sciences humaines à la toute fin de mon mandat à titre de doyen et de mon acceptation du poste de vice-recteur aux ressources humaines, en 1981).

Je suis donc en mesure de vous dire l’importance que revêt la documentation qui était entre les mains de Louis Valcke pour comprendre l’évolution de l’enseignement de la philosophie à Sherbrooke. D’autres fonctions qu’il a accepté d’exercer au fil des ans ont fait de lui le dépositaire d’une documentation intéressante sur plusieurs autres dimensions de la vie universitaire : ainsi il a été président du Syndicat des professeurs de l’Université de Sherbrooke, chercheur associé au Centre d’études de la Renaissance et membre actif de l’Association des professeures et professeurs retraités de l’Université de Sherbrooke. En fin de carrière, il s’était mérité le titre deprofesseur émérite. Bref, je soutiens ici qu’objectivement Louis a occupé des fonctions importantes durant sa carrière active à l’Université et qu’il y a accumulé des sources documentaires qui revêtent un grand intérêt pour votre Service.

J’illustre mes propos en attirant plus particulièrement votre attention sur un moment significatif de sa contribution à l’évolution de la philosophie, alors qu’il accédait à la direction d’un tout nouveau département en septembre 1965. Jusqu’à ce moment-là, l’enseignement de la philosophie était offert dans le cadre du Baccalauréat ès arts (B.A.) général, qui complétait l’ancien cours classique au Collège universitaire de l’Université. L’inspiration de ces enseignements était thomiste et s’affichait comme telle. Dans la foulée du Rapport Parent, les choses vont se transformer du tout au tout au cours de cette année 1965 : d’abord, la Faculté acceptait de créer ses départements et donnait à chacun le mandat de préparer un programme de premier cycle spécialisé. Sous l’impulsion de son nouveau directeur, Louis Valcke, le Département de philosophie se mit à pied d’œuvre et faisait accepter sa proposition aucours de cette même année. En septembre 1965, l’Université accueillait ainsi un premier contingent d’étudiants désireux de compléter un programme de Baccalauréat spécialisé en philosophie. Déjà en 1967, une Maîtrise en philosophie voyait le jour. Dès 1969, l’inspiration dominante de ces programmes sera dite « historico-critique », selon la suggestion du directeur Louis Valcke. - C’est dire qu’en 4 ans, sous son impulsion, l’enseignement de la philosophie à l’Université de Sherbrooke s’est modifié radicalement : de général, il est devenu spécialisé; de thomiste, il est devenu pluraliste… Quant aux ressources professorales, elles ont subies un grand renouveau avec le départ de plusieurs professeurs d’obédience thomiste et l‘embauche d’une relève, qui représentait tous les courants majeurs de la pensée philosophique occidentale (et même, je m’en voudrais de ne pas le mentionner, de la pensée orientale avec l’arrivée d’un collègue d’origine chinoise!).

Bref, je conclus la présente en insistant sur le leadership académique qu’a exercé Louis Valcke durant ces années de transition. Ce mérite est gage de l’intérêt très grand de ses archives personnelles pour la connaissance fine de ces belles années qui ont vu la consolidation de la Faculté des arts au sein de l’Université de Sherbrooke.

Je suis certain qu’il y a bien d’autres matières qui sont touchées par ces archives. D’autres, mieux informés que moi, pourraient en témoigner. Mais je ne doute pas qu’il y a de multiples raisons pour que votre Service des archives acceptent la documentation qui a pu se trouver sous la bonne garde de mon collègue Louis Valcke.




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