L'Athéna Promachos
Lundi le 16 juin 2003
Première des grandes statues colossales de Phidias, l'Athéna Promachos, lance au bras, coiffée d'un cimier à trois rangs, dominait l'acropole, Athènes et le port du Pirée par lequel les étrangers venus par la mer entraient dans la capitale attique.
Extrait de Phidias et la sculpture grecque au Ve siècle, de Henri Lechat, ouvrage paru au tournant du XXe siècle.
La Lemnia, c'est pour nous le printemps du génie de Phidias. Tout de suite après vint l'été, la saison des grandes œuvres puissantes et radieuses. La première d'entre elles fut une Athéna encore, haute d'environ 7m 50 (9m avec le piédestal), qui dominait l'acropole et la ville, et dont on voyait de loin en mer scintiller le cimier doré du casque et la pointe dorée de la lance. Celle-là fut, à l'époque romaine, surnommée Promachos; à tort, ce mot impliquant une attitude que n'avait pas la statue; l'appellation Enoplos aurait été plus juste. On sait à quelle place, entre les Propylées et l'Érechtheion, se dressa, probablement vers 448, aussitôt finies les hostilités avec les Perses, le bronze colossal de Phidias; on en connaît l'aspect sommaire par des monnaies athéniennes; enfin, il est très possible, mais non certain pourtant, que le grand torse Médicis ou Minerve Ingres (Paris, École des Beaux-Arts) en ait été une copie réduite, laquelle, transportée à Rome, y serait devenue un modèle pour d'autres copies, telles que les deux exemplaires conservés à Séville. — Casque en tête et bouclier au bras, l'égide attachée en cuirasse et la lance empoignée à mi-hampe par la main droite, cette Enoplos, pareille à une vigilante sentinelle, offrait, après la Lemnia, une seconde et différente personnification de la cité athénienne: exécutée, réellement ou censément, avec le prix d'un butin fait sur le Barbare dans la récente guerre, on devait y voir le symbole de la force militaire d'Athènes, de cette force qui s'était sans cesse accrue par la guerre même, et que de belles victoires avaient consacrée. Or, c'est à sa puissance matérielle que la cité était redevable de la paix présente et des abondantes ressources qu'elle allait employer pour sa parure ainsi se complète le caractère symbolique prêté par nous à l'Enoplos, puisque c'est autour d'elle, et comme sous la protection de son bouclier, que furent faits, à partir de 447, tous les travaux de décoration de l'Acropole nouvelle.