L’élément de la description est très important chez moi. Quand je me suis mis vraiment à lire -
Balzac ou
Flaubert - j’ai découvert que la description pouvait être un art très vivant, très riche, très drôle. J’essaie à la fois de travailler une façon de décrire et des objets de description qui n’existent pas dans la tradition classique du roman. Les écrivains français ne voient plus l’univers dans lequel ils vivent. A l’opposé, j’aime les comédies italiennes de l’après-guerre ou les dessins de Sempé qui ont beaucoup mieux saisi que que les romanciers l’intérêt très particulier des paysages de notre époque. Ces paysages sont une source d’inspiration et de renouvellement du style d’un artiste plus que les recherches formelles de laboratoire. C’est lié à une curiosité naturelle qui me porte vers les paysages paradoxaux. Certains ont une vertu comique car ils mélangent des choses qui ne vont pas du tout ensemble. On voit en Europe des formes urbaines et marchandes plaquées sur un monde qui n’avait pas grand chose à voir avec cela. Ce frottement entre la pure civilisation marchande et une histoire européenne ancienne, très présente mais déjà morte, crée des paysages singuliers et un comique nouveau. On peut ainsi voir des sanisettes modernes sur un grand boulevard haussmannien, une fête techno sur la piscine Deligny…