Les jeux olympiques dans la Grèce antique
À l'époque grecque, il était strictement défendu aux femmes de pénétrer dans le stade pour assister aux compétitions: cette règle s'appliquait aux mères et aux femmes des athlètes mais, étrangement, les jeunes filles en étaient exemptées. Seules les vierges et la prêtresse de Déméter Chamyne, assise sur un autel, pouvaient regarder. Celles qui osaient outrepasser cette loi étaient précipitées du haut du mont Typaion par les Éléens, qui patronnaient les jeux olympiques.
Seule Kallipateira, en 440 av. J.-C., put enfreindre cette loi sans encourir la fatale punition. Il se trouvait que son père, ses trois frères et son neveu étaient tous champions olympiques. À la mort de son mari, c'est elle qui entraîna son fils, puis le conduisit à Olympe et pénétra dans le stade, alors qu'elle-même était déguisée en entraîneur masculin. Lorsque son fils remporta la victoire, elle s'élança hors de l'enclave où étaient confinés les entraîneurs. Dans son enthousiasme, elle perdit son déguisement, révélant à tous qu'elle était une femme. Il fut décidé de ne pas la punir, afin d'honorer par ce geste de clémence tous les vainqueurs olympiques que comptait sa famille. Toutefois, suite à cet incident, il fut décidé que les entraîneurs, comme les athlètes, devraient être nus lors des Jeux Olympiques, ce qui rendait désormais impossible le subterfuge utilisé par Kallipateira.
La trêve sacrée et les Olympiades
C'est dans le temple de la déesse Héra qu'était conservé le palet ou disque d'Iphitos, sur lequel était gravé, en cercles concentriques, le texte de la trêve sacrée. Un héraut le transportait de ville en ville, par une route qui a pu être retracée, au printemps de l'année où devaient se tenir les Olympiades. Il proclamait la date du festival, qui avait été fixée par les sages d'Olympe de manière à coïncider avec la pleine lune de fin d'été/début d'automne, et il énonçait la trêve sacrée, qui comprenait le temps du festival et celui qui était nécessaire aux participants pour se rendre à Olympe et en revenir. Le temps de la trêve, qui fut bientôt de trois mois, la justice suspendait ses travaux et les peines capitales n'étaient pas exécutées. Il s'agissait en fait de respecter une pause civile et militaire en l'honneur de Zeus, juge et arbitre suprême, source de toute sagesse. Ce rassemblement d'Hellènes de toutes régions était l'occasion de resserrer les liens culturels et ceux du sang. Dans la paix, on déterminait, au moyen de compétitions athlétiques et équestres remontant à l'ère des héros, quels étaient les individus capables des plus grandes prouesses, ceux qui avaient atteint un niveau d'excellence tel qu'ils méritaient une gloire immortelle, retombant sur la tribu et la polis.
De l'unité nationale à l'internationalisation
Dès le départ, les jeux olympiens avaient pour but de renforcer l'unité nationale. Pendant la période hellénique, les Grecs qui partaient pour l'étranger, l'Asie, l'Égypte ou la Syrie, essayaient de préserver leur culture. Une manière de le faire était de construire les installations nécessaires pour entraîner des athlètes qui iraient ensuite participer aux jeux panhelléniques.
Au deuxième siècle avant J.-C., la citoyenneté romaine fut étendue à tous les habitants de l'empire romain. Dès lors, le nombre de compétiteurs extérieurs à la Grèce augmenta et les jeux olympiques prirent un caractère plus international. Lorsque le gouvernement grec repris les jeux olympiques en 1896, le baron de Coubertin préserva ce caractère international des compétitions. Seize siècles plus tard, les jeux continuent de regrouper des athlètes du monde entier.
Athlètes célèbres
Théagène était le fils d'un prêtre du temple d'Héraclès, sur l'île de Thasos. Certains disaient qu'il était plutôt le fils d'un dieu qui s'était déguisé pour l'enfanter avec sa mère. Quoi qu'il en soit, Théagène devint célèbre pour la première fois à neuf ans, en retirant une statue de bronze de son socle pour l'amener chez lui. Certains habitants de Thasos étaient si furieux qu'ils l'auraient puni de mort, mais il fut plutôt condamné à aller reporter la lourde statue à sa place. Ce qu'il fit. L'histoire de ce drôle de garçon fit le tour de la Grèce.
En grandissant, Théagène devint champion olympique de boxe et de pancrace. Il fut également victorieux dans d'innombrables compétitions à travers la Grèce, ce qui rendit célèbre les Thésiens, qui étaient énormément fiers de lui. À sa mort, une statue fut érigée. On raconte qu'un homme qui n'avait jamais réussi à vaincre Théagène se rendait de nuit auprès de cette statue, pour la rouer de coups. Un soir, la statue se dessouda et s'écroula sur cet homme, entraînant sa mort. Les enfants du mort décidèrent de poursuivre la statue. Celle-ci fut condamnée par la loi à l'exil et jetée à la mer. Après quoi, une grande sécheresse se déclara. Suivant en cela un oracle de Delphes, les Thésiens rappelèrent tous les exilés dans l'espoir de calmer Demeter, mais la calamité continuait. On consulta l'oracle encore une fois, et il fut signifié que l'on avait oublié Théagène. La consternation était grande, car on ne croyait pas pouvoir retrouver la statue. Sur les entrefaites, des pêcheurs la prirent dans leurs filets. Ils offrirent des sacrifices à la statue, la sécheresse prit fin et les Thésiens en vinrent à considérer Théagène comme un dieu apaisant.
Le coureur Leonidas de Rhodes fut connu et éventuellement déifié pour ses victoires dans le stadion (à l'origine, unité de mesure de 600 pi, qui donnera son nom à une course à pied), le diaulos (équivalent au double du stadion) et la course en armure. Leonidas fut victorieux dans ces trois disciplines, pendant quatre Olympiades successives. Il est plus difficile de conserver l'endurance et la vitesse requises pour la course sur une telle période de temps, que de se livrer à des compétitions de poids lourds, pendant la même période de temps. Voilà pourquoi Leonidas était considéré comme supérieur.
Le lutteur Milon de Crotone gagna sa première compétition olympique chez les garçons. Plus tard, il remporta cinq victoires chez les hommes. Plusieurs anecdotes circulaient sur sa force: il aurait porte une vache sur son dos, aurait soutenu le pilier central d'un édifice le temps d'évacuer tout le monde. Il était aussi reconnu pour les grandes quantités de nourriture qu'il pouvait boire ou avaler. Un jour que les habitants d'une ville voisine voulaient attaquer Crotone, Milon se présenta aux agresseurs en première ligne, avec un gourdin à la main. Les Crotonais réussirent à neutraliser plusieurs agresseurs, et les autres durent s'enfuir pour sauver leur vie. Si la vie de Milon fut glorieuse, sa mort fut tragique: en marchant dans la forêt, il vit un jour un tronc d'arbre avec des cales enfoncées pour l'ouvrir. Il décida de l'ouvrir avec ses propres mains. Or les cales sautèrent et il se retrouva prisonnier, sans pouvoir s'échapper avant la nuit. Il fut dévoré par les animaux sauvages.
Diagoras de Rhodes était célèbre pour ses nombreuses victoires à la boxe, mais surtout pour son style particulier: il n'évitait jamais un coup et suivait scrupuleusement toutes les règles. Sa manière directe et courageuse faisait qu'on lui attribuait grâce et dignité. Son fils et son petit fils furent également champions olympiques. Lors des quatre-vingts-troisièmes Olympiades, il eut le plaisir de les voir tous deux remporter la victoire, l'un en boxe et l'autre dans le pancrace. Après les compétitions, les fils placèrent leurs deux couronnes sur la tête de leur père, et le promenèrent ainsi sous les acclamations de la foule. De cette foule, une voix se fit entendre fortement, l'enjoignant de mourir maintenant, car jamais il ne pourrait connaître à nouveau ici bas une telle joie aussi, il ne lui restait plus qu'à monter au ciel. Diagoras baissa la tête et mourut tranquillement, toujours porté par ses fils.
Melankomas de Karia était connu pour sa manière unique de boxer. Bien qu'ayant gagné de nombreuses victoires, il n'avait jamais été blessé et n'avait jamais blessé un adversaire. Cet athlète croyait qu'être blessé ou blesser un autre, c'était faire preuve d'un manque de courage. Les spectateurs aimaient voir comment il réussissait à se défendre contre les coups de ses opposants sans les frapper. Il finissait par si bien les fatiguer à ce jeu qu'ils admettaient leur défaite.
Le trompettiste Horodoros de Mégare était renommé pour sa stature. Il fut victorieux dans sa discipline pendant dix Olympiades successives, sur une période de 40 ans. Il aida aussi le roi Demetrios Poliorketes à vaincre la ville d'Argos en soufflant si fort dans deux trompettes à la fois que les combattants retrouvèrent leur courage.