La splendeur de la vérité

Jean-Paul Desbiens
« Au moment de l'histoire où nous sommes, entre la fin de la guerre froide, et la fin de l'histoire, telle qu'envisagée par Francis Fukuyama, n'est-il pas étrange que ce soient deux hommes rescapés de l'Est, Soljénitsyne et Jean-Paul II, qui nous rappellent qu'il y a peut-être autre chose que l'économisme et le progrès technique? Que ce soient deux hommes venus de l'Est qui nous disent qu'il y a telle chose que la vérité, même en politique. Et que la vérité, ce n'est pas la Pravda* qui l'a annoncée, en Russie, pendant 70 ans.

Ces années-ci, il est plus facile d'ignorer, ou de juger le pape de haut, si je peux dire, que de l'écouter, d'abord, et ensuite, de s'engager avec lui dans sa réflexion et son enseignement. Nul ne risque plus rien, sinon sa chaire universitaire, aussitôt remplacée par une autre, à contester le pape. Nul ne risque plus rien, sinon son angoisse, bien solitaire.

Posons la question: qui cette encyclique peut-elle troubler, heurter, décourager? Réponse: elle ne peut troubler que les catholiques; elle ne peut troubler que ceux qui sont tenus, en raison même de leur foi, à la recevoir. Seuls les catholiques peuvent être touchés; seuls ils sont tenus d'entrer dans cette démonstration, d'accepter cet enseignement et de tenter d'y conformer leur vie. Nul n'est obligé d'être catholique. On peut être catholique misérablement, on est catholique comme on peut. Mais on n'est jamais obligé de l'être. Il me semble que cela est clair.

Les autres, tous les autres, peuvent l'ignorer, s'en étonner, en rire, en disserter, mais enfin, cela ne les regarde pas. Certes, le pape dit que les commandements négatifs obligent tous les hommes, toujours et partout (82), mais enfin, c'est lui qui dit cela, et si je ne suis pas catholique, je ne suis pas tenu de l'écouter. Il n'y a pas si longtemps, des millions d'êtres, y compris la plupart des intellectuels occidentaux, se faisaient dire quel était le sens de l'histoire selon Marx. Dans les pays sous tutelle totalitaire, il fallait au moins faire semblant de le croire; ailleurs, on pouvait le croire sincèrement, mais on n'était pas obligé de faire semblant.


Une vérité imposée?

Une des affirmations clé de la dernière encyclique, c'est la suivante: "Le Magistère ne fournit pas à la conscience chrétienne des vérités qui lui seraient étrangères, mais il montre au contraire les vérités qu'elle devrait déjà posséder en les déployant à partir de l'acte premier de la foi(64)." "L'acte humain dépend de son objet, c'est-à-dire de la possibilité ou non d'ordonner celui-ci à Dieu qui seul est le Bon(78)." Prenons un exemple facile: l'obligation de pardonner est une prescription très claire, l'une des plus claires de l'Évangile. Le devoir de pardonner ne fait pas de doute. Mais il ne faut pas confondre, ici, la difficulté que j'appellerais psychologique, avec la possibilité très réelle de pardonner si l'on est placé concrètement devant l'occasion de le faire. Par exemple, devant une demande de pardon de la part de son offenseur.

On entend dire: "Le pape impose la vérité." Personne ne peut imposer la vérité. La vérité est à chercher, à connaître et à faire. Point. Aurait-on idée d'imposer la conclusion d'un théorème? On rétorquera: "La morale n'est pas la géométrie." En effet! Aussi bien, le pape se contente de dire que la vérité est; que le bien et le mal sont, et qu'il y a une distinction entre les deux. Que la terre soit ronde ou carrée, au fond, je m'en fous, car cela ne m'oblige à rien de particulier. Cela est, sans moi, en dehors de moi. Mais que mon corps, mon propre corps, ne soit pas un "donné brut(78)" que je peux manipuler à mon gré, cela commence à me toucher. Et cela s'applique au corps de l'autre. Le pape parle du sens sponsal du corps humain (15). L'expression peut paraître romantique, poétique même, et elle l'est. Mais elle est d'abord en référence directe avec la Genèse. "Os de mes os; chair de ma chair", fait-on dire à un Adam ébloui(2, 23). Mais surtout, cette expression fait écho à la parole de Jésus à propos de l'indissolubilité du mariage. C'est devant ce rappel que l'on commence à tourner autour de la question: languens circa quaestiones.

L'Église ne demande pas aux États de lui prêter leur bras séculier. Et si des États se sentent poussés à légiférer en conformité avec l'enseignement de l'encyclique (par exemple, à propos de l'avortement), ils le font pour des raisons politiques; non pour des raisons religieuses. Quand le gouvernement fédéral a décriminalisé l'homosexualité, il a fait son travail d'État et j'étais d'accord. La séparation du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel est un acquis de civilisation.
Mais si l'État veut décriminaliser l'euthanasie, je suis touché. Comme citoyen, je peux combattre ce projet avec tous les moyens dont dispose un citoyen dans une démocratie. Ces moyens, soit dit en passant, sont assez limités. Le salut de l'homme ne passe pas par la démocratie. Il ne passe pas non plus par le totalitarisme. Mais il passe par la morale. "Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire(101)."

Même si l'Église est contre l'euthanasie, je peux la réclamer comme individu, car je ne suis pas obligé d'être catholique. Mais si l'État décriminalise ou même prône l'euthanasie, je n'ai plus aucune protection, car je ne peux pas me décitoyenniser. Ici, il faut absolument citer Junger: "La seule existence de l'Église a fait que les atrocités [du nazisme] ont été reconnues comme telles. Aussi importait-il de les tenir secrètes, et ne pouvait-on pas les célébrer, comme dans le cirque romain ou le Mexique ancien. [...] L'attaque contre l'Église précède nécessairement les grands massacres: on éteint la lumière pour faire le mal sans juge.


"Splendeur de la vérité!"
De multiples atteintes à la dignité humaine

Il était couru que l'opposition à l'encyclique, de quelque côté qu'elle vînt, porterait sur les points de doctrine concernant la morale sexuelle. Le pape s'en doutait bien, lui aussi. Il écrit en effet: "Il ne manque pas d'esprits pour estimer que [ce processus de maturation] se verrait contrarié par la position trop catégorique que prend, sur bien des questions morales, le Magistère de l'Église, dont les interventions feraient naître, chez les fidèles, d'inutiles conflits de conscience(55)."
Or, la doctrine morale catholique ne porte pas uniquement sur la condition sexuée de l'homme. Elle porte aussi sur l'homicide, le génocide, l'euthanasie, le suicide, la torture physique ou morale, les conditions de vie sous-humaines, les déportations, la prostitution, les conditions de travail dégradantes (80), la fraude dans le commerce, la hausse des prix spéculant sur l'ignorance ou la détresse d'autrui, les travaux mal faits, la fraude fiscale, les dépenses excessives, le gaspillage, etc. (100). Toutes ces atteintes à la dignité de la personne sont dénoncées, et au nom des mêmes principes, dans la même encyclique. Il faut croire qu'aucune de ces autres questions ne cause "d'inutiles conflits de conscience" à qui que ce soit. Tout le monde est pour le bien et contre le mal, aussi longtemps que personne ne se mêle de tirer un trait net entre l'un et l'autre.
Un acte est bon ou mauvais selon qu'il est conforme ou non à la dignité de la personne humaine. Dans chaque cas, et pour chaque personne en particulier, c'est la conscience qui juge, en regard de la loi naturelle. Cette loi est naturelle en ceci qu'elle a été reconnue, non pas toujours et partout par tous les hommes, mais en ceci qu'elle n'a jamais cessé de luire. Avant la révélation de Jésus, les hommes portaient les uns sur les autres des jugements de réprobation ou d'approbation, comme dit saint Paul (Ro 2, 15). Juvénal, poète latin contemporain de saint Paul, écrivait: "Considère comme le plus grand des crimes de préférer sa propre vie à l'honneur et, pour l'amour de la vie physique, de perdre ses raisons de vivre: et propter vitam vivendi perdere causas." Nier l'existence d'une loi naturelle, c'est nier la nature humaine. Durant le XXé siècle, on a nié la nature humaine à des millions d'êtres pour se donner le droit de les supprimer.


Contre le subjectivisme: la vraie liberté

En premier lieu, le pape déclare que "certains courants de la pensée moderne [en sont arrivés] à exalter la liberté au point d'en faire un absolu qui serait la source des valeurs (32)". Cette position conduit à une "conception radicalement subjectiviste du jugement moral." En termes familiers, cela donne le dialogue bien connu: "Tu penses ceci; je pense cela; à chacun son opinion, et mon opinion vaut la tienne. Toutes les opinions se valent." Dieu sait qu'on entend souvent cette réplique, à propos de tout et de n'importe quoi.

On rapporte souvent l'affirmation de Thomas d'Aquin à l'effet que la conscience est le juge ultime des actes moraux et que même la conscience erronée oblige. Saint Thomas dit en effet que si quelqu'un juge en conscience que la foi au Christ est mauvaise, il a le devoir de la combattre. (I-II, q.19, art.5). De cet exemple audacieux, on glisse facilement à l'autarcie absolue de la conscience, notamment en ce qui a trait à l'enseignement du Magistère touchant la morale sexuelle.

On pourrait très bien appliquer cette remarque à certains théologiens: si votre conscience vous ordonne de rejeter l'enseignement du pape, vous êtes tenus de le rejeter et de le faire savoir. Mais alors, commencez par vous désister de votre chaire ou de votre cathédrale. Depuis le dernier concile, nous aurons connu, à une extrémité du spectre, des positions dites intégristes ou fondamentalistes. Pensez au cas de Mgr Marcel Lefebvre. À l'autre extrémité, le cas de bon nombre d'évêques ou de théologiens qui récusent carrément l'un ou l'autre point de doctrine. Mgr Lefebvre a eu le mérite de refuser le concile clairement et il a connu le châtiment suprême: l'excommunication.

D'autres, pendant ce temps, faisaient carrière en tirant le concile du bon bord, le leur. Il est remarquable, notons-le en passant, que ceux qui en prennent à leur aise avec l'autorité du pape ne sont pas les derniers à défendre sévèrement leur propre aire d'influence. Essayez donc de faire un doctorat contre la contraception avec, comme directeur de thèse, un des soixante signataires de la lettre ouverte aux évêques québécois!

À l'inverse, et paradoxalement, "la culture moderne remet radicalement en question cette même liberté (33)." On nie pratiquement toute liberté personnelle au nom des conditionnements physiques, psychologiques et sociaux. Il n'y a plus de responsabilité; la faute est aux parents, à l'hérédité, à l'éducation, bref, au système. On multiplie les droits à l'infini, mais on refuse toute obligation concrète. On a droit à l'éducation, par exemple, mais on n'a pas l'obligation de travailler pour apprendre. À la limite, on reconnaît des erreurs, mais on ne se reconnaît pas de faute. Quant à moi, je préfère une situation où le péché existe, à une situation où il n'y aurait que des erreurs, car un péché est toujours pardonnable, mais il y a des erreurs irréparables.
Pécher, c'est porter atteinte à la dignité de la personne humaine. Que, dans l'immédiat, cette blessure ne soit ni vue ni même ressentie; qu'elle soit même vécue comme un épanouissement ou, en tout cas, un soulagement, ne change rien à l'affaire. Nous avons tous fait l'expérience de ces comportements, de ces jugements, de ces attitudes qui nous ont, sur le coup, gratifiés ou soulagés, mais qui, parfois longtemps après, se révèlent pour ce qu'ils étaient: des blessures; blessures personnelles et, indivisiblement, blessures à autrui. Sans doute faut-il un certain âge, une certaine expérience de sa propre misère, de son propre péché, pour reconnaître qu'il n'y a pas d'épanouissement humain qui ne soit en conformité avec la morale. Bien plus encore, en deçà de la sainteté, c'est l'expérience du péché qui nous fait entrevoir que le joug du Seigneur est doux et son fardeau, léger. Splendeur de la Vérité qui seule rend libre.

À ce sujet, le pape rappelle la parabole du pharisien et du publicain: "Le publicain pouvait peut-être avoir quelque justification aux péchés qu'il avait commis de manière à diminuer sa responsabilité. Mais il dit: Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis. Le pharisien, au contraire, s'est justifié par lui-même. [...] Nous sommes ainsi confrontés à deux attitudes différentes de la conscience morale de l'homme de tous les temps. [...] Le pharisien nous présente une conscience satisfaite d'elle-même, qui est dans l'illusion de pouvoir observer la loi sans l'aide de la grâce et a la conviction de ne pas avoir besoin de la miséricorde (104)."

L'exaltation de la liberté rejette la dépendance fondamentale de la liberté vis-à-vis de la vérité (34). La souveraineté totale de la raison signifie que celle-ci est créatrice des valeurs et des normes morales. Il s'agit là, dit le pape, de la négation de la loi naturelle. Il y a longtemps qu'on n'avait pas lu ou entendu cette expression! La négation de la loi naturelle, c'est le refus de distinguer entre le bien et le mal; entre ce qui est bon et ce qui est mauvais; entre ce qui est conforme ou non conforme à la dignité de la personne, toujours, partout, pour tous.
C'est ici qu'intervient la conscience. "Le lien qui existe entre la liberté de l'homme et la Loi de Dieu se noue dans le coeur de la personne, c'est-à-dire dans sa conscience morale (54)." L'exaltation idolâtrique de la liberté conduit à une "interprétation créative" de la conscience morale, "le sanctuaire de l'homme, le lieu où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre." Au contraire, la conscience "créative de normes" devient le lieu où l'homme décide du bien et du mal, au lieu de porter un jugement en regard d'une loi extérieure à lui (55) . "En conséquence, les comportements concrets seraient à évaluer comme justes ou erronés, sans pour autant qu'il soit possible de qualifier comme moralement bonne ou mauvaise la volonté de la personne qui les choisit (75)."

Sans remonter plus loin que la fin du XIXe siècle et le début du XXe, je rappelle que l'Église a connu ce qu'on a appelé la crise moderniste. Au-delà des énormes craquements sociaux et politiques qui sont déjà à l'oeuvre, j'ai le sentiment que l'Èglise catholique, la doctrine catholique est présentement l'objet de remises en question auprès desquelles ce qu'on a appelé la crise moderniste paraîtra mineure. Et je ne suis pas loin de penser avec Marcel Légaut que "nous sommes dans des conditions sociologiques assez semblables à celles qui ont permis la première naissance du christianisme." (Patience et passion d'un croyant, Centurion, 1977)

Dans Le Devoir du 6 octobre dernier, un théologien montréalais notait que l'encyclique est liée à la néo-scolastique "c'est-à-dire à un système philosophico-théologique plus ou moins bien inspiré de Thomas d'Aquin et d'Aristote. Les concepts de nature humaine, de loi naturelle, de loi éternelle, de bonté ou de malice intrinsèque des actes sont empruntés à ce système."
Il y a dans des remarques de ce genre une datation des idées ou des concepts qui me fait penser aux étiquettes apposées aux produits alimentaires dans les supermarchés: Meilleur avant telle date. Il me semble qu'une idée est juste ou fausse, indépendamment de la date de sa formulation. Les concepts ne sont quand même pas de même nature que la tête fromagée. En particulier, je me demande par quoi on pourrait remplacer le concept de nature humaine.


La grande confrontation

Le pape s'adresse à ses frères dans l'épiscopat "dans l'intention de préciser certains aspects doctrinaux qui paraissent déterminants pour faire face à ce qui est sans aucun doute une véritable crise, tant les difficultés entraînées sont graves pour la vie morale des fidèles, pour la communion dans l'Église et aussi pour une vie sociale juste et solidaire (5)." En effet, dit-il, "une nouvelle situation est apparue dans la communauté chrétienne elle-même; une discordance entre la réponse traditionnelle de l'Église et certaines positions théologiques répandues même dans des séminaires et des facultés de théologie." Plus loin, le pape parle de la "confrontation de la position de l'Église avec la situation sociale et culturelle actuelle (84)." Distinguer: contestation, qui implique une communion dans la problématique, de confrontation, qui signifie une opposition front à front.

Pour décrire cette crise et cette confrontation, le pape passe en revue les positions philosophiques et théologiques qu'il considère incompatibles (le mot revient à plusieurs reprises) avec la doctrine et l'enseignement traditionnels de l'Église. "Je désire rappeler les éléments de l'enseignement moral de l'Église qui semblent aujourd'hui particulièrement exposés à l'erreur, à l'ambiguïté ou à l'oubli. Ce sont d'ailleurs les éléments dont dépend la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui hier comme aujourd'hui, troublent profondément le coeur humain: qu'est-ce que l'homme? Quel est le sens et le but de la vie?(30)..." J'entends ici Domenach: "Quoi qu'en disent les progressistes, il est devenu plus difficile de prouver l'existence de l'homme que de prouver l'existence de Dieu". (Ce que je crois, Seuil, 1978).
On accuse le pape d'être fermé aux courants de pensée contemporains. Le document qu'il vient de signer montre, au contraire, qu'il en est très bien informé. Qu'il les dénonce, c'est une autre affaire.

On reproche au pape de manquer à la collégialité. Depuis le début de son règne, le pape a présidé plusieurs synodes. Les épiscopats du monde entier y étaient représentés. Faudrait-il conclure que ces assemblées étaient paquetées, pour parler cavalièrement? Ou bien que les évêques sont tous des béni-oui-oui? Le fardeau de la preuve n'est pas du côté du pape.
Affirmer qu'il y a des actes intrinsèquement mauvais, ce n'est pas juger des personnes. Le pape ne condamne personne. Il dit simplement qu'il y a le bien et le mal, et une distinction entre les deux. S'il n'y a plus ni mal, ni bien, mais seulement ce que chacun en décide pour lui-même, il n'y a plus d'avenir. Soljénitsyne: "Si la gestion d'un État, d'un parti, d'une politique ne reposait sur aucune base morale, il serait inutile de parler d'un avenir de l'humanité." »


* Pravda, en russe, veut dire: vérité.

Note: Dans le présent texte, les chiffres entre parenthèses renvoient à la numérotation des Éditions Paulines, Montréal, 1993.

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