Les neurones perdent le monopole de la communication cérébrale
Pour étudier l’impact de l’environnement glial sur la transmission synaptique, les chercheurs ont utilisé une particularité anatomique liée à l’allaitement chez le rat. Au cours de cette période, la région de l’hypothalamus impliquée dans l’éjection de lait subit des remaniements anatomiques qui se caractérisent par une rétraction des cellules gliales enserrant les neurones.
Résultats : chez les animaux allaitants, cette rétractation entraîne une diminution du taux de D-sérine libéré dans la fente synaptique et une réduction du nombre de récepteurs NMDA activables lors de l’arrivée de l’influx nerveux.
Cette régulation de l’activité des récepteurs NMDA a des conséquences sur la transmission synaptique courante mais aussi sur la plasticité synaptique à long terme. Ainsi le nombre de récepteurs NMDA sollicités permet d’améliorer ou de freiner le passage de l’information entre deux neurones. En résumé, les cellules gliales libérant la D-sérine influencent à la hausse le nombre de récepteurs NMDA activables, et par conséquent favorisent ainsi la mise en place de modifications persistantes de la communication neuronale.
Une véritable avancée pour la recherche
Les chercheurs estiment que les cellules gliales participent activement aux processus de « mémoire synaptique » à la base de l’apprentissage et de la mémorisation dans le cerveau des mammifères. Ces travaux contribuent à l’émergence d’un nouveau concept : celui de la « synapse tripartie ». En effet, dans le schéma classique, on représente toujours une synapse avec l’élément présynaptique, d’où provient l’information, et l’élément postsynaptique, qui reçoit cette information. Aujourd’hui il faut ajouter un 3e élément, la cellule gliale, qui détecte et intègre le signal synaptique mais peut y répondre en libérant des substances actives que l’on appelle des « gliotransmetteurs » comme la D-sérine.
A l’avenir, l’équipe de Stéphane Oliet tentera de démontrer que ce processus s’applique à toutes les régions du cerveau comme les centres classiques de la mémoire : l’hippocampe, le cervelet ou le cortex cérébral. Si tel est le cas, notre vision actuelle de la communication cérébrale et de la mémoire serait complètement modifiée. Si la régulation par les cellules gliales est démontrée à plus grande échelle, de nouvelles perspectives sont envisageables. On sait en effet que le dysfonctionnement des récepteurs NMDA est impliqué dans de nombreuses maladies neuronales, comme la schizophrénie ou la maladie d’Alzheimer.
Inserm. Les neurones perdent le monopole de la communication cérébrale. Communiqué de presse du 18 mai 2006 (format PDF).