Nouvelles données sur le rétablissement des tortues

Tom Herman
Texte paru dans Sauvegarde. Bulletin sur les espèces en péril, no 15, mars 2000 (Service canadien de la faune, Environnement Canada).

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Pendant la saison de travail sur le terrain de 1999, les scientifiques et les bénévoles ont accompli des progrès considérables lors de la mise en place du plan de rétablissement de la population de tortues mouchetées (Emydoidea blandingi) de la Nouvelle-Écosse, désignée comme étant menacée en 1993 par le Comité de la situation des espèces en péril au Canada. À l’exemple des années précédentes, les participants ont soigneusement étudié la ponte des tortues dans le parc national Kejimkujik. En mai, des températures exceptionnellement chaudes ont accéléré les activités liées à la ponte, ce qui a entraîné l’éclosion réussie la plus précoce jamais enregistrée pour cette population.

Dans l’ensemble, les participants ont protégé 18 nids au moyen de grillages. L’été s’est illustré en grande partie par de chaudes températures et de faibles précipitations. Le résultat a été l’éclosion tôt en saison des nouveau-nés et un pourcentage d’œufs éclos relativement élevé. Peu de nouveau-nés présentaient des difformités, et un poids élevé inusité témoignait de leur bonne santé.

Des données très encourageantes ont été recueillies dans des régions hors du parc national Kejimkujik. Les participants ont continué à chercher de nouveaux spécimens au site McGowan, où on a découvert en 1996 la plus grande concentration de tortues mouchetées jamais recensée à l’extérieur du parc. Pour la première fois, on a capturé sur ce site plusieurs jeunes tortues, ce qui amène la population pourvue d’une marque d’identification à 51 (dont 41 tortues adultes et 10 jeunes tortues). Les dures sécheresses ont semblé favoriser la concentration des tortues à ce site. La sécheresse nous a rappelé la nature précaire des habitats disponibles lorsque nous avons retrouvé 11 adultes confinés dans une cuvette isolée de moins de 250 m2.

Une autre faible concentration à l’extérieur du parc a aussi été signalée; cette population montre des signes encourageants, puisque sept des dix tortues qui ont été marquées sont des jeunes tortues.

La compréhension de l’interaction entre ces trois populations s’avère importante pour l’élaboration d’une stratégie de conservation. En dépit d’efforts considérables pour marquer les tortues individuellement (commencés dans le parc en 1969), aucune tortue marquée à un de ces sites n’a été capturée à l’un des deux autres sites. En d’autres termes, il n’y a pas d’indice existant qui permet de savoir s’il y aurait des échanges entre ces groupes.

On ne sait toujours pas si cet isolement est causé par des modifications récentes du paysage produites par l’intervention humaine ou s’il s’agit d’un comportement historique. Les chercheurs se penchent sur cette question en évaluant la différentiation génétique entre les groupes. Étant donné la longévité des tortues mouchetées et le degré d’isolement requis pour que des populations deviennent génétiquement distinctes, toute différence de structure génétique décelable parmi ces populations auraient dû se produire avant la colonisation européenne. Au moyen de l’analyse de l’ADN, les scientifiques ont entrepris un projet pour déterminer si les populations sont génétiquement distinctes et aussi mener un examen à grande échelle de la structure génétique des tortues mouchetées, sur l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce, y compris l'Ontario, le Québec et plusieurs États dans la région des Grands Lacs.

Les chercheurs continuent de mesurer leurs déplacements ainsi que la dynamique spatiale des tortues à l’extérieur du parc national Kejimkujik et de perfectionner un modèle d’habitat anticipé, afin de repérer d’autres populations. La surveillance des nids et leur protection à l’aide d’écrans, afin de décourager la prédation des œufs et des nouveaux-nés, sera encore en vigueur au parc national Kejimkujik.

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