La communauté LGBTQ a fait de nombreux gains au cours des dernières années. Mais, loin de se contenter de ces victoires, le mouvement s'est radicalisé comme le déplore Andrew Sullivan, un militant gay de la première heure, auteur de ce texte d'opinion très nuancé publié dans le New York Times.
2S.L.G.B.T.Q.I.A.+
« Les mots " gay " et " lesbienne " ont pratiquement disparu. L.G.B.T. est devenu L.G.B.T.Q., puis L.G.B.T.Q.+, et d'autres lettres et caractères ont été ajoutés : L.G.B.T.Q.I.A.+ ou 2S.L.G.B.T.Q.I.A.+ (pour inclure les personnes intersexuées, asexuées et les autochtones bispirituels). Le signe + fait référence à un nombre apparemment infini de nouvelles identités de niche et, selon certains, à plus de 70 nouveaux " genres ". L'idée est qu'il s'agit d'une seule et même communauté révolutionnaire et intersectionnelle de personnes différentes sur le plan du genre, et qu'elle est liée à d'autres causes de gauche, de Black Lives Matter à Queers for Palestine. »
État d'urgence
« En 2023, la Human Rights Campaign, le plus grand groupe de défense des droits civils des gays, des lesbiennes et d ses transsexuels du pays, a déclaré un " état d'urgence " pour la première fois dans l'existence de l'organisation. Elle ne l'avait pas fait lorsque des homosexuels étaient emprisonnés pour avoir eu des relations sexuelles en privé ou lorsque l'épidémie de SIDA a décimé des centaines de milliers d'homosexuels [...]. En fait, cette « urgence » est avant tout une réponse aux nouveaux projets de loi de l'État proposant des restrictions sur le traitement médical des mineurs souffrant de dysphorie de genre, des interdictions dans les salles de bain et les vestiaires, et des questions relatives aux transgenres dans les programmes scolaires et les sports. »
Le diagnostic d'un ex-professeur de l'Université York (Toronto) sur ce qui ne fonctionne plus dans les universités canadiennes. Un texte qui date de 2002 mais résonne encore aujourd'hui avec la même intensité :
« En réalité, mon mécontentement avait des racines plus profondes que les conflits sociaux, certes extrêmes, de York. Depuis des années, je me sentais de plus en plus étranger à l'industrie universitaire. Certains aspects routiniers de la vie universitaire, comme l'embauche de nouveaux professeurs, peuvent faire ressortir ce qu'il y a de pire en chacun. Des causes parfaitement légitimes, telles que l'égalité des sexes et des races, peuvent devenir vindicatives et déclencher des chaînes de récriminations apparemment sans fin. La vie étudiante semble, de l'extérieur du moins, de plus en plus difficile et sans joie. Et la recherche, ultime autojustification de l'entreprise universitaire, récompense les arcanes, le trivial et les formes de connaissance hermétiquement fermées à la société dans son ensemble.
Lire des revues universitaires ou assister à des conférences universitaires, c'est tomber dans des mondes qui sont de plus en plus autoréférentiels, avec peu d'échos dans le monde réel. »
Un texte de Reg Whitaker à lire sur le site de la Literary Review of Canada.