Cinq ans après la publication par Audubon de Birds of America, le jeune naturaliste anglais Edward Lear se lançait dans la publication d'un ouvrage également ambitieux: Illustrations of the Family of Psittacidae, or Parrots. La poétesse Maria Popova, éditrice du blogue The Marginalian lui consacre un bel hommage. "Sur le plan commercial, le livre fut un échec cuisant. Sur le plan créatif, il changea le cours de l'illustration naturaliste et ouvrit la voie à l'avenir de l'art du livre ; il changea le cours de la vie de Lear — le jeune homme inconnu se retrouva bientôt à donner des cours de peinture à la jeune reine Victoria et à travailler pour l'éminent taxidermiste devenu écrivain ornithologue John Gould, dont la talentueuse épouse Elizabeth suivit également une formation auprès de Lear pour devenir elle-même l'une des plus grandes artistes ornithologues au monde."
Toute joie est un abandon à quelque chose de plus grand que soi
« Les perroquets n'étaient pas seulement une passion esthétique pour Lear. " Une profonde mélancolie noire et amère me détruit ", écrivait-il dans son journal. Tout comme Marianne North a transformé la solitude et la perte en émerveillement grâce à ses peintures pionnières de plantes exotiques et Ernst Haeckel a transformé le chagrin le plus profond en enchantement grâce à ses dessins époustouflants de méduses, Lear a peint ce qu'il voyait afin de continuer à regarder vers l'extérieur. Toute mélancolie est un étau qui nous enferme en nous-même. Toute joie est un abandon à quelque chose de plus grand que soi. À travers la contemplation de la nature, Lear s'est libéré de son ego, au point de s'exclamer dans son journal après une journée de marche dans la forêt et de croquis : " N'est-il pas merveilleux d'être en vie ? " ».
« Si l’Iran ne dispose (ou ne disposait) que « presque » de la bombe, elle possède, sans contestation possible, un des plus beaux et surtout un des plus riches musées d’art contemporain du monde. Tout comme le centre Pompidou, le Téhéran Museum of Contempory Art a été inauguré en 1977. Avec, pour le TMoCA, un look nettement moins " avant-gardiste " que l’usine à gaz parisienne. Karam Diba, architecte du projet et cousin de la reine Farah Pavlani Chahbanou, s’est plutôt ingénié à contemporiser des éléments architecturaux traditionnels. Des espaces intérieurs d’exposition savamment pensés, un atrium spacieux avec un bassin rectangulaire inspiré des howz de l’architecture persane, des jardins organisés pour accueillir des sculptures contemporaines, le projet était sans conteste de faire jouer l’Iran dans la cour des grands. Avec un écrin à la hauteur de l’ambition.»
Le rêve de la Chahbanou est de courte durée. Deux ans après son ouverture, les islamistes prennent le pouvoir. Mais, "Téhéran n’est pas Bâmiyân, ayatollah n’est pas taliban", le musée et sa collection survivent. En 2022, le « TMoCa organise l'exposition " Minimalisme et art conceptuel " où sont présentés cent trente-deux œuvres (d’avant 1979 ) de trente-quatre artistes " contemporains " : Marcel Duchamp, Sol LeWitt, Donald Judd, Christo et Jeanne-Claude, Michelangelo Pistoletto, Robert Smithson, Dan Flavin.. »
Un texte de Yvonne Guégan à lire dans Causeur. On lira également cet article sur le TMoCa dans la revue d'architecture ArchEyes, ainsi que ce texte dans Dazed MENA (Middle-East and North Africa) sur la génèse de la collection.
Sam Van Aken, artiste contemporain, combine des techniques artistiques traditionnelles et innovantes pour explorer des thèmes comme l’agriculture, la botanique, la climatologie et la communication. Ses interventions dans les milieux naturels et publics ont même donné lieu à des recherches scientifiques. L’un de ses objectifs est de réintroduire des variétés anciennes de fruits, aujourd’hui absentes des circuits commerciaux, et de les rendre accessibles dans des espaces publics, comme c’est le cas avec le projet Open Orchard près de New York.
Dans une vidéo de cinq minutes disponible sur la chaîne YouTube de TEDx, Van Aken explique comment il a conçu et développé cet arbre aux 40 fruits.
Enfin, dans L’art de la greffe sur un milieu vivant, Jacques Dufresne souligne que les principes de la greffe s’appliquent aussi à l’humain : ils nous éclairent sur la manière de nous réenraciner dans un nouvel environnement.