Le deuil est un processus dans lequel le sujet se trouve engagé par suite de la perte d’un objet auquel il attache un prix inestimable et dont l’existence est considérée comme indispensable à sa propre vie. La personne endeuillée traverse une période plus ou moins longue durant laquelle elle parvient à reconnaître progressivement le caractère irrécupérable de la perte et à aménager de nouveaux rapports avec elle-même et le monde extérieur. Si tout évolue relativement bien, elle réussira à établir des rapports d’un autre ordre avec l’objet ou la personne disparue, sous forme de mémoire ou de relation spirituelle. Il y a une multiplicité d’objets du deuil. Le deuil peut survenir à la suite de la perte d’un bien matériel (des documents ou des choses importantes dans un incendie) ou d’un être vivant (animal ou personne) avec lequel on a entretenu des liens privilégiés. Cependant, cet objet estimé peut être une valeur qui se présente sous diverses formes, par exemple, l’intégrité intellectuelle ou physique, menacée par la maladie ou la vieillesse; la profession ou le métier, perdu par le congédiement ou par la mise à pied; la position sociale, minée par une faillite ou par un recul sur l’échelle sociale; la foi en une cause, quand elle a été trahie; l’honneur de son nom ou la réputation de sa famille, gravement atteints par une erreur personnelle ou par la faute d’autrui.
La perte d’un objet aimé ou apprécié n’est pas nécessairement la cause profonde du suicide. C’est souvent un élément déclencheur qui précipite la crise* suicidaire. Une perte, à première vue bénigne, peut secouer une personne jusqu’aux racines de son être, car elle fait jaillir à la surface de l’existence des deuils antérieurs, ensevelis depuis longtemps, mais jamais assumés de façon satisfaisante. Ainsi, un conseiller politique d’âge mûr, renvoyé du cabinet par son ministre, se pend. Il est évident que ce congédiement l’a blessé profondément dans son honneur de fonctionnaire averti. Mais, ce qui est peut-être plus important, c’est qu’une telle mise à pied lui a fait revivre la disgrâce dont il avait été l’objet, durant ses jeunes années, de la part d’un père et d’un professeur intransigeants qui lui répétaient après chaque résultat scolaire ou sportif faible: «Tu n’es qu’un bon à rien.» La perte de la reconnaissance paternelle, renforcée par le rejet de la part d’une autre figure du père, a hanté cet homme, pourtant estimé dans son milieu comme un stratège habile, tout au long de sa carrière et a abouti au geste fatal. Ce fait divers n’est qu’un exemple d’une longue liste de pertes subies, ou ressenties comme telles, qui ont eu pour effet la mort volontaire.
Les travaux sur le lien entre suicide et traumatisme causé par la mort d'un parent dans la petite enfance figurent dans la publication de L. Moss et D. Hamilton, «La psychologie du patient suicidaire», American Journal of Psychiatry, 122 (1956). À propos de cette étude, A. Solomon écrit: «L'incapacité à gérer ce deuil dans l'enfance conduit à une incapacité à gérer le deuil de façon générale. Les enfants qui perdent l'un de leurs parents ont souvent tendance à une incapacité à se le reprocher, hypothéquant ainsi leur estime de soi. Ils peuvent aussi perdre leur sentiment de permanence de l'objet: si le parent sur lequel on compte tant disparaît d'un jour à l'autre, comment se fier à quoi que ce soit?» (Le diable intérieur, p. 280)
L’expérience des personnes en deuil d’un proche décédé par suicide est lourde. La douleur peut être très intense et la période de deuil s’étirer en longueur, surtout si la personne suicidée a occupé une place centrale dans leur existence (M. Séguin, Le suicide, comment prévenir comment intervenir, Montréal, Logiques, «Enfance, jeunesse et famille», 1991). La toute première réaction est celle du déni de la mort ou, plus précisément, du refus de reconnaître que le décès de l’être aimé est un suicide. Au début, surtout si le sujet n’a pas donné de signe de son intention de se supprimer ou si l’on n’a pas pu saisir son message, on a beaucoup de difficulté à croire qu’il se soit enlevé la vie ou qu’il l’ait fait librement et en pleine connaissance de cause. On essaie de se convaincre qu’il s’agit d’un accident ou d’un geste d’égarement causé par la fatigue ou le désarroi: «Cela lui ressemble si peu», «Il n’aurait jamais fait ça, s’il avait été en possession de tous ses moyens». Par la négation de la mort en tant que geste volontaire, on prive le suicidé de son acte et de sa liberté* autant que de sa compétence éthique. Une autre réaction est celle de la honte. Il arrive que la famille fasse passer le suicide pour un accident ou une crise cardiaque, avec la complicité éventuelle d’un témoin, par exemple, d’un professionnel de la santé ou d’une autorité officielle qui partagent la réprobation sociale du suicide. Dans la culture contemporaine en Occident, le tabou du suicide est à peine entamé. Même si le suicide n’est plus considéré comme un crime sanctionné par la loi et qu’une certaine tolérance se manifeste à l’égard du suicidé lui-même, il continue à avoir mauvaise presse dans l’opinion publique. Il n’est pas étonnant que, dans ce contexte social, la famille sente peser sur elle la réprobation de l’entourage. Parfois ce sentiment est injustifié, mais souvent la famille se rend compte du silence et de l’isolement qui s’installent autour d’elle. Les amis, les voisins se font très discrets ou s’éloignent simplement. Par pudeur ou par crainte, ils n’osent pas engager la conversation avec les proches sur le seul sujet qui, pourtant, les intéresse vraiment. Les proches ont d’ailleurs un grand besoin de raconter en détail des événements qui ont précédé, accompagné ou suivi le décès. Ils sentent le besoin d’exprimer leurs émotions de détresse et d’incompréhension. Ils s’interrogent sur les raisons et les mobiles du geste du disparu, sur ses derniers moments et sur sa survie dans l’au-delà. Désireux de communication, ils cherchent une oreille attentive et empathique qui malheureusement fait souvent défaut. Cette solitude est lourde à porter, d’autant plus qu’à l’intérieur du noyau familial la solidarité peut éclater à tout moment. Inconsciemment, on transfère sur les autres membres de la famille ses propres sentiments de culpabilité ou d’hostilité à l’égard du proche suicidé: «Pourquoi nous a-t-il fait cela?», «Pourquoi ne m’a-t-il jamais parlé de ses problèmes ou de ses intentions?», «Pourquoi nous a-t-il abandonnés si cruellement?» Les suicidants prévoient parfois les sentiments d’hostilité que leur départ dramatique risque d’engendrer. Il n’est pas rare de lire dans les lettres d’adieu* laissées par les suicidés des expressions comme celles-ci: «Ne m’en veuillez pas, car c’est pour moi la meilleure chose à faire», «Pardonnez-moi tous», «Je m’excuse pour le geste que je vais poser», «Je sais que je vais te faire de la peine», «J’espère ne pas trop te décevoir». La demande de pardon est un des objectifs premiers que poursuivent ces lettres d’adieu. Cependant, malgré la bonne intention qui les sous-tend, ces missives ne réussissent guère à réconforter ou à réconcilier les proches en deuil. Les membres d e la famille ou les amis tentent de réprimer leur colère ou leur indignation, parce qu’ils estiment que c’est manquer de respect envers la personne suicidée. Ils veulent rester en bons termes avec le disparu, mais, en même temps, ils voient ce départ volontaire comme une trahison ou comme une infidélité. Les personnes en deuil vivent donc dans la confusion des sentiments où la tristesse voisine la colère, l’amour est proche de la haine et l’amertume accompagne la douceur de la mémoire. Les suicidants savent que leur mort volontaire provoquera de la culpabilité chez leurs proches. C’est pourquoi, avant de s’enlever la vie, ils ont l’élégance de les disculper: «Ne vous en faites pas, ce n’est pas votre faute», «Tu n’y es pour rien, c’est moi seul qui l’ai voulu ainsi», «Ne te blâme pas pour l’acte que je vais poser». Effectivement, les proches ont tendance à culpabiliser: «Qu’est-ce que j’aurais pu faire que je n’ai pas fait?», «Qu’est-ce que je n’aurais pas dû faire ou dire et que j’ai fait ou dit?», «Je n’ai pas été assez attentif à sa douleur», «Comment se fait-il que je ne me sois aperçu de rien?», «Je ne lui ai pas montré suffisamment que je l’aimais». Ces sentiments de culpabilité risquent d’être encore beaucoup plus forts lorsque le suicide a lieu très peu de temps après une dispute entre le suicidé et un ou plusieurs membres de la famille ou lorsqu’un malentendu n’a pas pu être réglé avant son départ soudain et irréversible. Il arrive parfois que ceux qui sont en deuil se découvrent des ressemblances avec leur proche suicidé. Lorsqu’ils se trouvent eux-mêmes devant un problème existentiel, un conflit conjugal, une douleur ou un échec scolaire qu’ils ne parviennent pas à résoudre ou à assumer, ils se disent: «Je suis comme mon père, ma mère, mon frère ou ma sœur.» C’est ainsi que, par une sorte d’imitation plus ou moins consciente, les pensées et les intentions suicidaires naissent et se développent dans une terre fertile. Il est donc légitime de considérer les proches d’une personne suicidée comme un groupe vulnérable au suicide (A. Bergeron et E. Volant, Le suicide et le deuil, Montréal, Méridien, 1998). Dans les traditions antiques, en Inde et à Rome, des femmes suivent leur mari, leur amant ou leur frère dans la mort volontaire. Ce suicide institutionnalisé est décrit par Yolande Grisé: «De tous les biens dont la perte peut être une occasion de suicide, c’est la mort ou l’abandon d’un être chéri qui revient le plus souvent dans les textes anciens. On connaît à cet égard maintes figures tragiques d’épouses, de mères ou de filles qui, lors de guerres civiles et des règnes les plus sombres de l’Empire, n’entendirent point survivre à leur mari ou à leurs enfants ou encore à leurs parents, et qui les accompagnèrent dans la mort» (Y. Grisé, Le suicide dans la Rome antique, p. 74).
L’impact de la tragédie de l’École polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989, qui a coûté la vie à quatorze jeunes femmes, assassinées par Marc Lépine*, qui s’est suicidé aussitôt après sur les lieux mêmes de son crime, est encore très vivant plus de quinze ans plus tard. L’article d’Isabelle Hachey dans La Presse du 27 novembre 1999 rapporte des faits très bouleversants qui démontrent jusqu’à quelle profondeur les familles des victimes ont été secouées par ce deuil. «La tragédie a décimé la famille de Sarto Blais, qui terminait ses études à l’École polytechnique lorsqu’il a assisté, impuissant au carnage. Traumatisé, obsédé à l’idée que ses amies avaient été assassinées, le jeune homme s’est pendu dans la salle de bain de son appartement à l’été 1990. Plus tard, les parents de Sarto, complètement démolis par la mort de leur fils, ont tous deux mis fin à leurs jours, dans leur maison de Newport en Gaspésie. Une amie d’enfance ne s’est jamais remise du meurtre d’Anne-Marie Edward. Son histoire est pathétique. “Elle m’a dit récemment qu’elle était morte le 6 décembre 1989”, raconte Suzanne Edward, la mère d’Anne-Marie. […] Après la mort de sa fille Barbara, Pierre Daigneault a perdu goût à la vie. Rien ne pouvait lui rendre le sourire. Il est décédé subitement en 1996. Un arrêt cardiaque. “Il avait dit que son cœur avait arrêté de battre le 6 décembre 1989, et c’était presque la réalité”, raconte sa veuve, Marie-Claire Gagnon. […] Barbara avait choisi la même profession que son père, fondateur du département de génie mécanique à l’École de technologie supérieure. Elle lui ressemblait beaucoup. “Il l’aimait énormément. Ils devaient se rencontrer deux jours plus tard pour finaliser son projet de maîtrise. Tous ses beaux rêves s’envolaient. C’était très dur, très triste.” […] Pendant huit longues années, les parents d’Annie Turcotte n’ont pas touché à la chambre à coucher de leur fille, assassinée. Ses souvenirs, ses livres et ses vêtements, impeccablement classés dans sa commode, étaient prêts pour le retour d’une jeune femme qui ne reviendrait pourtant jamais. […] Depuis deux ans, le couple voit enfin un peu de lumière au bout du tunnel. Peu après le drame, en fouillant dans les travaux scolaires d’Annie, Mme Pépin est tombée sur une rédaction au sujet de la mort, que sa fille avait composée à 17 ans. “Je n’ai pas peur de la mort, j’ai peur des souffrances qui l’entourent. J’espère mourir dans une sorte d’accident, en pleine action”, avait écrit Annie. “Elle est morte comme elle le désirait”, conclut lentement M. Turcotte, en contemplant l’une des nombreuses photos d’Annie qui tapissent les murs de la maison. […] Thérèse Daviau a perdu sa fille Geneviève […]. Le 6 décembre 1989, sa fille avait aperçu Marc Lépine au bout du corridor, son arme à la main. Mais elle ne l’a pas pris au sérieux, croyant avoir affaire à un étudiant qui “faisait le fou”. Geneviève a traversé le corridor pour se rendre sans trop s’inquiéter à la cafétéria. Quelques minutes plus tard, Lépine la tuait à bout portant. Cette histoire a longtemps torturé Mme Daviau. “Je me disais: Peut-être que c’est de ta faute, Thérèse, qu’est-ce qui t’a pris de lui montrer à faire confiance aux gens! Si je lui avais montré à être plus sceptique, peut-être qu’elle aurait pris ses jambes à son cou pour sortir de l’École. […] Jean-François Larivée et Maryse Laganier, secrétaires au service des finances de l’École polytechnique, venaient à peine de se marier et d’acheter une maison à Montréal. […] “Après dix ans, je pense que je ne serai jamais complètement r emis. C’est comme si je m’étais fait broyer une jambe par une moissonneuse-batteuse et que les chirurgiens avaient tenté de la réparer. Je resterai toujours avec des cicatrices et, quand je marche, j’ai mal.”» Ces deuils si tragiques ne sont pas la suite du suicide d’un proche, mais la conséquence d’un crime atroce. En ce qui concerne les proches du suicidé, auteur de ce massacre, sa sœur est morte, six ans plus tard, d’une overdose, et la mère, profondément meurtrie par les événements tragiques causés par son fils, a su trouver dans la religion* la force de vivre son deuil.
Après un silence de 19 ans, la mère de Marc Lépine, Monique Lépine, a décidé de raconter son histoire depuis le drame de la Polytechnique, en décembre 1989. «En tant que mère monoparentale, le fait de perdre mes deux enfants, c'était tout mon univers qui s'écroulait. J'étais moi aussi en train de m'éteindre, de mourir. Puis, en 2001, j'ai fait le choix de vivre, de vivre pour aider les autres qui vivent des épreuves de deuil, de suicide. J'ai été 40 ans infirmière. Je connais bien le processus de deuil pour avoir travaillé dans des unités d'oncologie. Et je sais maintenant pour l'avoir vécu que se débarrasser des blessures émotionnelles, ce n'est pas facile. Cela m'a pris un long travail de lecture, de réflexion pour identifier chacune des émotions qui me blessaient», raconte-t-elle (Vivre : dix-neuf ans après la tragédie de la Polytechnique, Monique Lépine, la mère de Marc Lépine, se révèle / Monique Lépine, [propos rapportés par] Harold Gagné, préface de Dan Bigras, Montréal, Libre Expression, 2008).
Pour ce qui a trait au manque d’attention collective portée aux victimes, il convient de lire le texte d’une communication fort originale de Lukas Sosoe, «Pour une approche éthique du corps meurtri», reproduite dans La Presse du 4 décembre 1999, p. B9. Cependant, l
es personnes en deuil se méfieront des représentants de ce que l’on est convenu d’appeler «industrie du deuil» (grief industry). Cette industrie, très florissante et commercialement très rentable, se déploie plus particulièrement aux États-Unis où les consultants (grief councellors) sont regroupés dans une association, The Association for Death Education and Counselling, qui émet des certificats de compétence. Ces professionnels de la douleur et du deuil servent à leurs clients des modèles culturels et des critères de vie ou de qualité de vie qui mériteraient un examen critique.
Le prologue de Micheline La France à son roman Le don d’Auguste (Montréal, xyz, 2000) exprime de façon significative les sentiments et la prise en main de la personne en deuil d’un ami décédé par suicide: «Comment continuer de vivre après le suicide d’un ami? Traverser la souffrance, la colère aussi, la perte sans retour? Cette douleur-là est indicible. La mort délibérée. Le geste dur qu’on ressent comme une peine, longue, sans après. Ce geste reçu comme une balle au cœur, alors qu’il ne s’adressait, après tout, qu’au néant. J’ai perdu un ami, de cette façon, il y a cinq ans. Il m’a fallu choisir entre vivre, tout court, ou me laisser tomber. […] J’ai choisi. Je vis. Mon signe de vie, ma preuve, est cette histoire écrite au fil des jours, telle qu’elle se présente à moi. […] Longtemps, ma vie consista à rester fâchée contre Antoine, à l’accuser, à le juger, à le détester d’être mort. Je ne voulais pas comprendre son geste. Il aurait fallu me mettre à sa place; j’en avais bien assez d’être à la mienne! Ma vie se figeait là, dans cette révélation singulière et absurde que la mort fait partie de l’enjeu. J’apprenais que moi-même, ce presque rien lancé sur la trace des autres pour recueillir quelques effets d’existence, moi-même, petit Léger, je filais droit vers cela, inéluctable et bête, la fin de ma propre histoire» (p. 10-11).
Le philosophe Paul Ricœur, père d’un fils suicidé, nous laisse un témoignage profondément ressenti: «Peu de jours après notre retour [de l’Écosse], et pendant que je rendais visite à Prague à l’université clandestine […], s’abattit le coup de foudre qui lézarda notre vie entière: le suicide de notre quatrième fils. Un interminable deuil commençait, sous le signe de deux affirmations obstinées: il n’a pas eu l’intention de nous faire du mal, tant sa conscience réduite à sa propre solitude s’était concentrée sur la seule chose à faire — son acte mérite d’être honoré comme un acte volontaire, sans excuse morbide. […] Je me suis permis d’évoquer ici ou là quelques bonheurs privés qui ont eu en quelque sorte débordé sur le cours de mon œuvre. Et maintenant je ne puis pas ne pas évoquer le malheur qui a franchi une ligne de séparation que je ne puis plus tracer sur le papier» (Réflexion faite. Autobiographie intellectuelle, Paris, L’Esprit, 1995, p. 79; nous soulignons). Pascale Morice, mère d’Arnaud, suicidé à vingt-deux ans a publié un livre émouvant où elle fait le récit de la vie de son fils et celui de son deuil. Elle donne la parole à des éducateurs, à des parents et à des professionnels afin de poursuivre sa réflexion sur la douleur de vivre des jeunes, plus particulièrement ceux qui se livrent à des formes de toxicomanie*. Le livre débute par une Lettre à Arnaud dans laquelle on peut lire: «Mon fils tant aimé, depuis trois ans, aucune aube ne ressemble plus à celles que j’ai connues auparavant, chaque jour le soleil se lève autrement. Il y a trois ans, brusquement, le sol s’est ouvert sous mes pieds, tout est désormais différent puisque tu n’es plus là. […] Je sais que tu es là, à mes côtés, invisible mais si présent, pour m’insuffler l’énergie nécessaire, m’inspirer les mots authentiques et justes, afin que ce témoignage puisse atteindre tous ceux qui en auront besoin» (Fatigué de ce monde, p. 14-16).