L'Encyclopédie sur la mort


Pour la libération de mon fils Julien

Marjolaine Caron

Josée en deuil* de son fils Julien, décédé par suicide à l'aube de ses vingt ans et souffrant de toxicomanie*, livre un message «d'amour et d'espoir». Ayant pardonné à son fils, elle doit apprendre à accepter que maintenant «le cheminement de son fils est ailleurs». Les considérations de Josée s'appuient sur la foi dans une vie posthume qui permet la poursuite de la relation réciproque mère-fils au-delà de la mort dans la perspective d'un cheminement vers la Lumière.
Maintenant, il peut sentir tout l'amour que j'ai eu et que j'ai encore pour lui. Malheureusement, son geste est irrévocable. Le suicide n'est sûrement pas le chemin le plus doux vers la Lumière. Mais je suis convaincue que celle-ci se trouve souvent au plus profond des ténèbres et qu'elle accueille toutes les âmes.

[...]

Je vis son absence avec une grande tristesse et, à la fois, je me sens libérée de son mal à l'âme. Le lourd fardeau de mes inquiétudes est tombé. Il me reste maintenant à apprendre à l'aimer dans une autre dimension et, tout comme on apprivoise la naissance d'un enfant, on doit apprivoiser sa mort.

J'ai reçu de nombreux témoignages et plusieurs m'ont demandé si j'avais de la colère et si je pardonnais. Je ne ressens pas de colère. J'ai vu mon fils vivre aux prises avec cette maladie et je sais qu'il a fait ce qu'il a pu pour s'en sortir. Il me reste à accepter que maintenant, son cheminement est ailleurs. Quant au pardon, je crois sincèrement que dans une relation d'amour entre une mère et son fils, le pardon est à l'image de cet amour: il est inconditionnel.

Nous avons franchi Julien et moi, et ce, un peu avant sa mort, l'étape de la culpabilité* et des regrets. Nous avions plutôt réussi à concentrer nos énergies à regarder ensemble dans tous les autres morceaux de notre vie: ces souvenirs joyeux où nous avons rigolé, voyagé, discuté des grands débats de la société avec conviction et passion. Ces moments-là, vers la fin de sa vie, étaient de plus en plus nombreux, ce qui m'avait fait miroiter l'espoir que la bataille était gagnée. Mais le destin en a décidé autrement.

Il me manque terriblement: sa chaleur, son sourire, sa voix, ses manies, ses demandes, ses surprises, ses colères, ses réflexions et encore et encore... J'ai peine à imaginer que je ne le verrai pas vieillir. J'ai peine à imaginer que nous ne pourrons plus bénéficier de tous ses commentaires sur l'évolution de l'humanité... parce que cette humanité continuera à grandir, elle, avec nous ici, alors que lui grandira dans l'au-delà.

Source:

M. Caron, Ma vie après ta mort, Éditions Marjolaine Caron, 2005, p. 89-90 (extraits).

Éditions Marjolaine Caron
www.marjolainecaron.com

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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