Arme biologique
Note
(1) Michael Mates, rapport pour la commission des sciences et des technologies de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, 1999.
Pierre Lelloche, Guy-Michel Chauveau et Aloyse Warhouver, La prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Assemblée nationale française, Commission de la Défense nationale et des Forces armées, rapport d'information no 2788, 7 décembre 2000
Bref historique des armes biologiques
"1. On peut considérer que les armes biologiques sont aussi anciennes que l’existence d’organismes vivants sur la planète. Dans les guerres de l’Antiquité et jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’usage d’agents biologiques est présent à de multiples reprises. On peut signaler par exemple l’usage par les Tartares de cadavres de pestiférés comme munitions contre une ville assiégée à Caffa, en Crimée, en 1346. Un autre cas très connu et avéré est le déclenchement d’une épidémie de variole parmi des tribus indiennes alliées des Français dans la guerre qui opposa ceux-ci au Royaume-Uni à propos des territoires du Canada.
2. Pendant la Première Guerre mondiale, des projets et des essais ont été conçus pour l’usage d’agents biologiques contre des populations civiles, des cheptels et les ressources agricoles des pays en conflit. Par exemple, des agents secrets allemands ont inoculé des maladies aux chevaux et au bétail à destination du front en France.
3. En 1925, le Protocole de Genève a interdit l’utilisation d’armes bactériologiques, même si, à l’époque, leur utilisation était relativement moins importante que celle des armes chimiques parce que plus aléatoire.
4. Dans l’entre-deux-guerres, les recherches dans ce domaine se sont poursuivies, notamment au Royaume-Uni avec l’anthrax. Mais c’est le Japon qui a mené des travaux très avancés dans ce domaine en Chine où, de 1937 à 1945, «l’unité 731» commandée par le général Shiro Ishii, médecin, avait pour mission de créer des armes bactériologiques nouvelles. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les résultats de ce projet ont été transmis aux Américains en échange d’une amnistie.
5. La guerre froide a favorisé la réalisation de programmes de recherche et de production d’armes biologiques à grande échelle, notamment aux États-Unis et en URSS, qui ont abouti à des avancées importantes en ce qui concerne le renforcement des capacités et le développement de nouveaux agents biologiques, et leur utilisation en tant qu’armes.
6. À partir des années 1970, cette tendance s’est inversée, avec la recherche d’un accord entre les grandes puissances pour contrôler et éliminer la menace des armes biologiques. Ce progrès a été annoncé en fait par la déclaration unilatérale des Etats-Unis, en 1969, de renoncer au développement et à la production d’armes biologiques. Le 10 avril 1972, la «Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques ou à toxines» était ouverte à signature, et elle est entrée en vigueur le 26 mars 1975. A ce jour, 144 Etats y ont adhéré.
7. Néanmoins, on a établi à plusieurs reprises des cas d’usage d’agents biologiques toxiques, ou d’accidents provoqués par l’usage de tels agents, comme celui de Sverdlovsk en URSS en 1979, où de nombreux cas mortels dus à une diffusion dans l’atmosphère de spores d’anthrax ont été avérés. Entre 1975 et 1983, des cas d’intoxication causés par ce que l’on a nommé la «pluie jaune» ont aussi été constatés en Asie du sud-est, au Laos et au Cambodge.
8. En dépit de la Convention, la prolifération de programmes d’armes biologiques, comme le projet «Coast» en Afrique du Sud ou le projet irakien mis au jour après la guerre du Golfe, constitue toujours un sujet de préoccupation majeur, surtout si l’on y associe la menace terroriste. Cette question n’a pas trouvé de réponse satisfaisante à ce jour, car il n’existe pas de mécanisme crédible de contrôle et de vérification des armes biologiques et des programmes offensifs dans ce domaine."
Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale, Commission de la défense, La maîtrise des armements chimiques et biologiques – nouveaux défis (rapport). Rapporteur: M. Schloten (document A/1758, 5 décembre 2001)