L'Espace René Lévesque, bientôt?

Jacques Dufresne


L’année 2017 marquera le trentième anniversaire de la mort de René Lévesque. C’est l’une des raisons, on devine les autres, d’achever l’Espace René Lévesque, un pavillon et un parc commémoratif donnant sur la mer à New Carlisle, petite municipalité située à 165 kms au sud de Gaspé, où est né l’ex premier ministre du Québec.

On aurait pu construire cet espace à Montréal, près de l’édifice d’Hydro-Québec, à la Manic ou à la Baie James. J’attache pour ma part la plus grande signification au fait qu’on l’aménage dans le lieu des années de formation de l’ex premier ministre. J’explicite dans un autre article le sens que je donne ici au mot formation.

Une reconquête symbolique du territoire s’impose au Québec en ce moment. Est-il permis d’espérer que l’Espace René Lévesque en devienne le phare comme la Manic a été le phare de la reconquête économique? Si l’on me permet ce calque de l’anglais, je dirai que l’Espace René Lévesque est «un projet trop symbolique pour échouer», une marque de reconnaissance trop importante pour être faite à moitié.


Les choses vont bon train depuis que Louis E. Bernard et sa compagne Hélène Leclère, deux médecins de Québec à la retraite à Maria, consacrent tous leurs loisirs à la Fondation de la Maison René-Lévesque. Louis E. Bernard (ne pas confondre avec l’ancien haut fonctionnaire du même nom) en est le président depuis 2009. Le coût du projet est de 2 150 000 $. Pour que l’ouverture ait lieu en 2017, il faut encore recueillir 475 000 $ d’ici mai 2016. J’ajoute deux suggestions à l’appel vibrant d’Hélène et Louis. Parmi les donateurs institutionnels, je ne vois pas de sociétés, des alumineries notamment qui bénéficient de tarifs réduits d’électricité, ni de bureaux d’ingénieurs qui doivent tant aux grands chantiers du Nord. C’est regrettable. Comment les interpeler sur la place publique? Remercions Hydro-Québec de jouer un rôle clé dans l’aventure. Je suis persuadé que 475,000 de ses clients seraient heureux d’ajouter 1$ à leur prochaine facture d’électricité pour remplir un devoir de mémoire envers René Lévesque.

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UN APPEL VIBRANT DE LA BAIE DES CHALEURS


Si tout va bien, le premier Espace de mémoire consacré à Monsieur René Lévesque sera inauguré à New Carlisle en 2017. Trente ans après son décès! Cet Espace René-Lévesque est la réalisation de la Fondation de la Maison René-Lévesque, créée en 2009. Et dédiée à cette mission. En 2016, tout est prêt pour ouvrir le chantier, sauf que le financement n'est pas complété.

L'Espace René-Lévesque sera un site d'interprétation à visée pédagogique, axé sur la découverte de cet homme d'exception. Pour chaque étape de sa vie, des événements et des réalisations significatives illustreront ce qu'était l'homme, ses engagements, ses convictions, ses valeurs et ses principes, ses exigences, ses doutes aussi. En somme, tout ce dont était pétri cet homme qui ne laissa personne indifférent.

Le visiteur, préparé par un court film de mise en contexte, ira à la rencontre de monsieur René Lévesque, tout au long d'une promenade stimulante, instructive, émouvante parfois, dans un site propice à la réflexion. Grâce à des photographies accompagnées d'extraits sonores, la voix de monsieur Lévesque la plupart du temps, le visiteur percevra, comprendra, saisira différentes facettes de cet homme.

Pourquoi cet appel vibrant? Parce qu'il nous manque 475 000 $ de dons privés pour lancer le chantier (coût total du projet: 2 150 000 $). Et que c'est urgent car nous voulons (tellement) lancer le chantier au printemps 2016 pour l'inaugurer en 2017.

De grands contributeurs ont déjà répondu : Entre autres, HydroQuébec, Québécor, Desjardins, Power Corporation, le Cirque du Soleil. Quatre subventions ont été obtenues et deux sont en traitement. En tout, 1280 personnes et entreprises ont contribué. On continue tous azimuts car il faut accélérer la cadence.

Vous aimeriez mettre l'épaule à la roue? Bienvenue.

• Prenez connaissance du projet et nous contactez-nous, si désiré.Le site www.espacerenelevesque.com
courriel info@espacerenelevesque.com

le bon vieux téléphone : 418 759-5814 Hélène ou Louis
courrier : Fondation de la Maison René-Lévesque
CP 67016 Québec CP Orsainville (Québec) G1G 0B2

• Diffusez l'information et parlez-en autour de vous avec passion.
• Surtout, si possible, faites une contribution (déductible d'impôt).

Merci à tous et à chacune,

Louis É. Bernard, Président de la Fondation de la Maison René-Lévesque 4 rue des Pétrels, Maria (Québec), G0C 1Y0 louisbernard(a)globetrotter.net

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Pauvre cher René Lévesque! Notre rapport avec lui est bien ambigu, adulation à certains moments, rejet et oubli à d’autres. Après les dures décisions de 1981, qui transformèrent ses amis de la veille, les syndiqués du secteur public, en ennemis implacables, il est devenu le jean-baptiste bafoué.

Je collaborais régulièrement au Devoir à l’époque. Bien que ne connaissant pas René Lévesque, je me suis imaginé à sa place et j’ai éprouvé pour lui une vive compassion, ce qui m’a incité à écrire un article intitulé «L’État orphelin », où je déplorais le manque d’attachement de la population du Québec, y compris de ses leaders intellectuels, pour cet État moderne qu’elle avait elle-même appelé de ses vœux. On m’a raconté ensuite que René Lévesque a lu et commenté  cet article lors d’un caucus de ses députés. Il devait se sentir bien seul. Le beau risque devait achever d’assombrir ses  jours.

Son sort m’importait d’autant plus que j’avais une dette personnelle à son endroit. Il avait en effet été le premier homme public québécois à faire l’éloge de la revue Critère, une revue interdisciplinaire et internationale que j’avais fondée en 1970 avec l’appui du Cégep Ahunstic. En 1973, si ma mémoire est bonne, René Lévesque avait consacré à notre revue l’une de ses chroniques du Journal de Montréal. Notre ouverture sur le monde doublé de notre enracinement au Québec correspondait parfaitement à l’image que René Lévesque se faisait d’un Québec souverain.
De source bien informée, j’ai appris qu’après sa mort, sa femme, Corinne, qui avait été l’une des personnes les plus recherchées du Québec, a vécu dans la plus grande solitude. On ne l’invitait plus. Nous l’avions rayée de notre histoire.

L’Espace René Lévesque offre une belle occasion de la réhabiliter et de nous réconcilier pleinement avec son mari. La triste histoire de la maison natale de René Lévesque, longtemps à l’abandon, doit être effacée par la glorieuse histoire du nouvel Espace.

Il s’agit, ai-je dit, d’un projet phare dans la nécessaire reconquête symbolique du territoire québécois. Le maire d’Amqui, Gaétan Ruest, (nous nous rapprochons de New Carlisle), a indiqué la voie à suivre en 2015. Je cite le journal local : «Lors d'une récente séance du conseil municipal, les élus ont convenu, à l'unanimité, de modifier le nom promenade de l'Hôtel de Ville afin qu'elle devienne la promenade Marcel-Rioux. Le parc de l'hôtel de Ville sera aussi nommé en son honneur.»

Nous avons signalé cette initiative dans le dossier Amqui de l’Encyclopédie de l’Agora en ajoutant audit dossier un article du sociologue Marcel Fournier sur Marcel Rioux, avec le rêve de pouvoir enrichir de la même manière tous nos dossiers de lieux.
Dans le même esprit, la MRC de Coaticook a produit la vidéo Mémoires vivantes, « un inestimable de recueil de témoignages instructifs et savoureux de 75 aînés. Dans la même MRC la rénovation des cimetières – on en compte 14 dans la seule municipalité de Barnston-Ouest – va bon train et ce ne sont pas les paroisses, la plupart ayant disparu, mais l’ensemble de la communauté qui paie la note!
J’ai choisi l’exemple des cimetières pour donner un aperçu du défi qu’il faudra relever pour conserver ces lieux de mémoire dans l’ensemble du Québec. Les abandonner aux bulldozers, dans un pays où il y a tant d’espace et si peu de souvenirs est une solution barbare dont il faut espérer qu’elle ne se généralisera pas avant d’avoir donné lieu à un grand débat public sur la question. Un tel débat s’inscrirait dans la reconquête symbolique du territoire–.

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