«Le périple intellectuel de Jean Pic de la Mirandole» : notes sur l’élaboration d’un ouvrage
Dans une lettre adressée (3 août 1993) à Joanne Lortie, directrice intérimaire du Programme d’aide à l’édition de la Fédération des sciences humaines du Canada, Louis Valcke explicite le rapport entre ses articles récents concernant Pic de la Mirandole et le projet de livre qu’il prépare à ce moment. Celui-ci sera publié l’année suivante, sous le titre : Le périple intellectuel de Jean Pic de la Mirandole, suivi du Discours de la dignité de l'homme et du traité L’être et l’Un (Presses de l’Université Laval - Centre d’Études de la Renaissance de l’Université de Sherbrooke).
Rentrant de voyage, je trouve votre lettre du 21 juillet dernier, par laquelle vous me demandez de préciser le rapport entre mes articles concernant Jean Pic, et le manuscrit soumis.
Il m’est assez difficile de répondre exactement à cette question. D’une part, il est évident qu’entre certains de ces articles et certains passages du manuscrit il y ait recoupement ou parallélisme, lorsque les uns et les autres traitent d’une même question. Je signale les sections « Pavie et les ‘calculateurs’» (pp.48-51), « La correspondance avec Ermolao Barbare ...» (pp. 51-55), « Intellectualísme plotiníen et dionysisme » (pp.118-122), correspondant respectivement et en partie aux articles « I 'Calculatores', Ermolao Barbaro e Giovanni Pico della Mirandola » paru dans L’educazione e la formazione intellettuale nell’età dell’Umanesimo, Milan, Guerini, 1992, pp. 275-284; « Humanisme et scolastique: Le "conflit des deux cultures" chez Jean Pic de la Mirandole» dans Recherches de Théologie ancienne et médiévale, vol. LVI, Louvain, 1989; « Le dionysisme apollinien de Jean Pic de la Mirandole », The Canadian Journal of Italian Studies, vol. XV, Hamilton (Ont.), 1992, pp. 1-11.
D’autre part, même lorsque le point de vue exprimé dans un article est celui que j’exprime encore dans le manuscrit (ce qui n’est pas toujours le cas, car les articles s’échelonnent sur une dizaine d’années), je ne vois qu’un passage qui ait été repris presque textuellement de l’un à l’autre, soit les pp. 81-82 de l’article « Jean Pic de la Mirandole lu par Thomas More », paru dans Miscellanea Moreana, Binghampton, N. Y., 1989, que l’on retrouve, avec quelques modifications, aux pp. 191-193 du manuscrit.
Quant aux autres textes qui expriment une idée semblable, ils ont été, à quelques rares phrases ou citations près, totalement remaniés, fortement abrégés et parfaitement intégrés au texte final, au point qu’il me serait moi-même difficile de les désigner.
Je pense donc pouvoir affirmer que la totalité des transcriptions textuelles représente certainement moins de 5% du manuscrit.
Je voudrais ajouter que notre ouvrage veut faire ressortir l’importance et la signification de l’évolution de la pensée de Jean Pic, évolution marquée par les deux textes charnières que sont l’Oratio et le De ente et uno, donnés en traduction dans la seconde section de notre ouvrage. Or -- c’est là l’originalité de cet ouvrage --, cette évolution a, jusqu’à maintenant été soit niée, soit méconnue, soit encore minimisée, alors que nous y voyons, au contraire, l’intérêt majeur que la pensée de Jean Pic présente dans l’histoire des idées. Cette interprétation est née progressivement, au fur et à mesure que je découvrais, au fil de ces dix dernières années, les différents aspects de la pensée de Pic, et c’est cette interprétation qui donne son unité à notre ouvrage, unité qui peut intégrer différents aspects de mes articles antérieurs, sans qu’aucun de ces textes, considérés isolément, ne l’exprime.