Née dans le Massachusetts le 27 octobre 1932 à Jamaica Plain, dans la banlieue de Boston, et décédée le 11 février 1963 à Londres. Sylvia Plath épouse à Londres le poète Ted Hughes dont elle aura deux enfants. Un mois après la parution de son unique roman, The Bell Jar (La cloche de détresse, Paris, Gallimard, 1987), elle s’est donné la mort le 11 février 1963. Ses derniers textes, écrits entre octobre 1962, après le départ de Ted Hughes et le 5 février 1963, ont été publiés à titre posthume par Ted sous le titre Ariel et autres poèmes. Une édition plus complète et plus fidèle est parue en 2004 intitulée The Restored Edition: Ariel avec un avant-propos de Frieda Hughes, la fille de Sylvia et de Ted. (Sylvia Plath, Ariel, poèmes traduits de l'anglais, présentés et annotés par Valérie Rouzeau, Gallimard, «Du monde entier», 2004) Ce sont des poèmes consacrés à Ariel, le cheval que montait la poétesse dans le Devon, en Angleterre. C'est aussi le nom d'un personnage de Shakespeare* dans la pièce La tempête. Dans ce recueil figurent des poèmes à caractère autobiographique comme Daddy et Lady Lazarus.
Au sujet de son premier livre, Sylvia aurait confié à sa mère: «Ce que j’ai fait, c’est ramasser ensemble des événements de ma propre vie, ajouter de la fiction pour donner de la couleur. […] Cela donne une vraie soupe, mais je pense que cela indiquera combien une personne solitaire peut souffrir quand elle fait une dépression nerveuse. J’ai essayé de dépeindre mon univers et les gens qui l’habitent tels qu’ils m’apparaissaient vus au travers du verre déformant d’une cloche de verre» (L.Ames, «Note biographique», dans La cloche de détresse, p. 270). Le lecteur trouvera dans ce récit autobiographique «une description clinique d’une dépression*» qui s’achève par une tentative de suicide*. Il y trouvera aussi «l’histoire d’une longue bataille au jour le jour et à ras de terre — bataille perdue — menée par une fille brillante et pleine de vie contre l’attirance de la mort. Et c’est encore, ce livre, le poème du miroitement de la mort dans les replis fouillés et décapés d’un monde humain sans consistance. Poème heurté, éclaté comme ceux qu’écrivait Sylvia Plath, mais splendidement construit. Comme on le voit par l’introduction, la reprise et l’irrésistible orchestration finale de ses deux thèmes fondamentaux que sont le vide et le suicide» (C. Audry, «Préface» à La cloche de détresse, p. 9).
La figure du père, mort jeune, a joué un rôle important dans la destinée de la vie de la poétesse et romancière, comme nous le fait comprendre Sylvie Doizelet dans sa présentation de deux recueils de poèmes de Sylvie Plath: «La légende naît à la mort d'Otto Plath, son père. Sylvie Plath a huit ans.» Otto est atteint du diabète provoquant une gangrène. Il faut amputer une jambe. Gardé à l'hôpital, Otto refuse de rentrer à la maison. Une embolie viendra mettre fin à ses jours. Sylvia et son petit frère Warren ne verront pas leur père à l'hôpital, tout comme ils n'assisteront pas à l'enterrement. Le dernier souvenir de Sylvia est celui de la chambre de ses parents où repose Otto affaibli:
«Père», dit-elle d'une petite voix implorante, «Père». Mais il n'entendait pas, replié comme il l'était tout au fond de lui-même [...]. Perdue et trahie, elle se détourna lentement et quitta la pièce. («Parmi les bourdons», nouvelles, dans Carnets intimes)
L'enfance, si simplement évoquée dans la nouvelle «Océan 1212W», se termine:
Et voici comment se fige ma vision de cette enfance au bord de la mer. Mon père mourut, nous nous installâmes à l'intérieur des terres, et ces neuf premières années de ma vie se scellèrent comme un navire dans une bouteille. (M. Prescott est mort)
«Fantômes de famille. Fantôme d'Aurélia et d'Otto... Hantise de la mère vivante, mais dont la présence et l'image perturbent Sylvia autant que l'absence du père mort. "Go, ghost of our mother and father." Le poème s'appelle "Les adieux du fantôme", d'après un tableau de Klee. Une fois parti, le fantôme laisse derrière lui un vide, un silence, bien plus insupportables que sa présence. Automne 1962: Sylvia Plath ne se contente pas de demander à Ted Hughes, l'infidèle, de partir. Elle chasse le fantôme d'Otto. Mais Otto était aussi une ombre qui la protégeait, absorbait toutes ses inquiétudes. Une ombre familière, recueillant les doléances, les récriminations, le désespoir. Une fois parti, le fantôme d'Otto la laisse seule, face à une réalité qu'elle ne sait pas comment affronter. «Go, ghost of us», Une fois chassés, les fantômes ne reviennent plus, et c'est en vain que les vivants s'épuisent à les rappeler. Quand la maison n'est plus hantée, reste la solitude. Et dans la solitude, les mots comme le corps ne peuvent vivre longtemps.» («Présentation» de Sylvie Doizelet dans Sylvia Plath, Arbres d'hiver précédé de La Traversée, Paris, Gallimard, 1999, p. 7-28, plus particulièrement p. 7-9 et p. 25-26)
On a rattaché la poésie de Sylvia au courant du Confessionnalisme américain en raison de ses récits qui explorent ses expériences intimes liées notamment à la figure masculine du Père manquant et de l'Amant absent ainsi qu'à ses tendances jugées être associées à la maladie mentale*
Liens:
«Sylvia Plath, Chronique d‘une stigmatisée»
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/plath.html
«Sylvia Plath, Ariel,
Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines
www.fabula.org/actualites/article7908.php
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Photo de Sylvia Plath
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