Daté du 19 novembre 1962, le poème «Mary's Song» «fait allusion au célèbre poème pour enfants («Mary had a little lamb/His fleet was white as snow...» «Marie avait un petit agneau/À la toison blanche comme neige»). L'allusion sarcastique à ce poème puéril [...], rend la violence des images plus insupportables (l'agneau de Marie, c'est le Christ, mais aussi l'agneau de la Pâque et le rôti du dimanche qui grésille, évoquant le grésillement de la chair brûlée et par là l'Holocauste). On ne peut oublier que, quelques semaines après avoir écrit ce texte, Sylvia Plath devait se suicider en plaçant sa tête dans le four de la cuisinière; «Mary's Song», comme tous les poèmes sur l'Holocauste, est un écho du long poème «Daddy», écrit le 12 octobre 1962. Commentant cette lettre de haine au père (mais aussi au père de ses enfants, Ted Hughes), Sylva indique «qu'il s'agit d'un poème dit par une fille souffrant d'un complexe d'Électre. Son père est mort alors qu'elle le prenait pour un Dieu. Son cas se complique encore du fait que son père était aussi un nazi et que sa mère avait peut-être du sang juif. En elle, les deux courants se mêlent et se paralysent l'un l'autre... (F. M.)
The Sunday lamb cracks in its fat.
The fat
Sacrifices its opacity...
A window, holy gold.
The fire makes it precious.
The same fire
Melting the tallow heretics,
Ousting the Jews.
Thir tick palls float
Over the cicatrix of Poland, burn-out
Germany.
They do not die.
Grey birds obsess my hearth,
Mouth-âsh, ash of eye.
They settle. On the high
Precipice
That emptied one man into space
The ovens glowed like heavens, incandescent.
It is a heart,
This holocaut I walk in,
O golden child the world will kill and eat.
L'agneau pascal frit dans sa graisse,
La graisse
Sacrifie son opacité...
La vitre est d'or sacré.
Le feu la rend précieuse,
Le même feu toujours
Fondant le suif des hérétiques
En débusquant les Juifs.
Leurs draps de fumée noire ondoient
Sur les stigmates de la Pologne
Et l'Allemagne incendiée.
Ils ne meurent pas.
Des oiseaux gris hantent mon coeur,
Bouche en cendre, oeil cendreux,
Ils se posent. Sur l'immense
Précipice
Qui a vidé un homme dans l'espace
Les fours flambaient en cieux, incandescents.
Et, c'est un coeur,
L'holocauste où j'entre,
Ô bel enfant d'or que monde tue et mange.
Source: Sylvia Plath, Arbres d'hiver, précédé de La Traversée. Présentation de Sylvie Doizelet. Traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau, Paris, Gallimard, «Poésie», 1999, p. 242-244.
Traduction française de «Daddy»: «Papa»
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/plath.html#partie1
The fat
Sacrifices its opacity...
A window, holy gold.
The fire makes it precious.
The same fire
Melting the tallow heretics,
Ousting the Jews.
Thir tick palls float
Over the cicatrix of Poland, burn-out
Germany.
They do not die.
Grey birds obsess my hearth,
Mouth-âsh, ash of eye.
They settle. On the high
Precipice
That emptied one man into space
The ovens glowed like heavens, incandescent.
It is a heart,
This holocaut I walk in,
O golden child the world will kill and eat.
L'agneau pascal frit dans sa graisse,
La graisse
Sacrifie son opacité...
La vitre est d'or sacré.
Le feu la rend précieuse,
Le même feu toujours
Fondant le suif des hérétiques
En débusquant les Juifs.
Leurs draps de fumée noire ondoient
Sur les stigmates de la Pologne
Et l'Allemagne incendiée.
Ils ne meurent pas.
Des oiseaux gris hantent mon coeur,
Bouche en cendre, oeil cendreux,
Ils se posent. Sur l'immense
Précipice
Qui a vidé un homme dans l'espace
Les fours flambaient en cieux, incandescents.
Et, c'est un coeur,
L'holocauste où j'entre,
Ô bel enfant d'or que monde tue et mange.
Source: Sylvia Plath, Arbres d'hiver, précédé de La Traversée. Présentation de Sylvie Doizelet. Traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau, Paris, Gallimard, «Poésie», 1999, p. 242-244.
Traduction française de «Daddy»: «Papa»
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/plath.html#partie1