Devant la dépouille de son amant Antoine, Cléopâtre insuffle du courage à ses compagnes et aux soldats d'Antoine. Elle leur annonce sa volonté d'ensevelir Antoine et puis d'accomplir «en digne Romaine» l'acte aussi bref que noble par lequel elle entrera «dans la secrète demeure de la mort»en invitant ses compagnes à la suivre. Elle considère le courage de mourir et la mort elle-même comme les seuls amis qui lui restent.
Par son geste mortel, elle rejoindra son amant dans la mort. D'où sa hâte de l'accomplir. Le venin de l'aspic manifeste déjà son effet, car, par son baiser, Cléopâtre transmet la mort à sa fidèle compagne qui devient ainsi le témoin de l'art de mourir dans la douceur. Mort noble, mort brave, mort brève, mort douce!
Par son geste mortel, elle rejoindra son amant dans la mort. D'où sa hâte de l'accomplir. Le venin de l'aspic manifeste déjà son effet, car, par son baiser, Cléopâtre transmet la mort à sa fidèle compagne qui devient ainsi le témoin de l'art de mourir dans la douceur. Mort noble, mort brave, mort brève, mort douce!
Acte IV, Scène XIII
CLÉOPÂTRE.—Non, je ne suis plus qu'une femme, et assujettie aux mêmes passions que la servante qui trait les vaches et exécute les plus obscurs travaux. Il m'appartiendrait de jeter mon sceptre aux dieux barbares, et de leur dire que cet univers fut égal à leur Olympe jusqu'au jour où ils m'ont enlevé mon trésor.—Tout n'est plus que néant. La patience est une sotte et l'impatience est devenue un chien enragé... Est-ce donc un crime de se précipiter dans la secrète demeure de la mort, avant que la mort ose venir à nous ? Comment êtes-vous, mes femmes ? Allons, allons, bon courage ! Allons, voyons, Charmiane ! Mes chères filles !... Ah ! femmes, femmes, voyez, notre flambeau est éteint. (Aux soldats d'Antoine.)—Bons amis, prenez courage, nous l'ensevelirons ; ensuite, ce qui est brave, ce qui est noble, accomplissons-le en digne Romaine, et que la mort soit fière de nous prendre. Sortons : l'enveloppe qui renfermait cette grande âme est glacée. O mes femmes, mes femmes ! suivez-moi, nous n'avons plus d'amis, que notre courage et la mort la plus courte.
(Elles sortent ; on emporte le corps d'Antoine.)
Acte V, Scène II
CLÉOPÂTRE.—Donne-moi ma robe, mets-moi ma couronne. Je sens en moi des désirs impatients d'immortalité : c'en est fait ; le jus de la grappe d'Égypte n'humectera plus ces lèvres. Vite, vite, bonne Iras, vite ; il me semble que j'entends Antoine qui m'appelle : je le vois se lever pour louer mon acte de courage, je l'entends se moquer de la fortune de César, Les dieux commencent par donner le bonheur aux hommes, pour excuser le courroux à venir.—Mon époux, je viens !—Que mon courage prouve mes droits à ce titre. Je suis d'air et de feu, et je rends à la terre grossière mes autres éléments.—Bon, avez-vous fini ?—Venez donc, et recueillez la dernière chaleur de mes lèvres. Adieu, tendre Charmiane. Iras, adieu pour jamais. (Elle les embrasse. Iras tombe et meurt.) Mes lèvres ont-elles donc le venin de l'aspic ? Quoi, tu tombes ? As-tu pu quitter la vie aussi doucement, le trait de la mort n'est donc pas plus redoutable que le pinçon d'un amant, qui blesse et qu'on désire encore. Es-tu tranquille ! En disparaissant aussi rapidement du monde, tu lui dis qu'il ne vaut pas la peine de lui faire nos adieux.
Source: Antoine et Cléopâtre http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre3082
CLÉOPÂTRE.—Non, je ne suis plus qu'une femme, et assujettie aux mêmes passions que la servante qui trait les vaches et exécute les plus obscurs travaux. Il m'appartiendrait de jeter mon sceptre aux dieux barbares, et de leur dire que cet univers fut égal à leur Olympe jusqu'au jour où ils m'ont enlevé mon trésor.—Tout n'est plus que néant. La patience est une sotte et l'impatience est devenue un chien enragé... Est-ce donc un crime de se précipiter dans la secrète demeure de la mort, avant que la mort ose venir à nous ? Comment êtes-vous, mes femmes ? Allons, allons, bon courage ! Allons, voyons, Charmiane ! Mes chères filles !... Ah ! femmes, femmes, voyez, notre flambeau est éteint. (Aux soldats d'Antoine.)—Bons amis, prenez courage, nous l'ensevelirons ; ensuite, ce qui est brave, ce qui est noble, accomplissons-le en digne Romaine, et que la mort soit fière de nous prendre. Sortons : l'enveloppe qui renfermait cette grande âme est glacée. O mes femmes, mes femmes ! suivez-moi, nous n'avons plus d'amis, que notre courage et la mort la plus courte.
(Elles sortent ; on emporte le corps d'Antoine.)
Acte V, Scène II
CLÉOPÂTRE.—Donne-moi ma robe, mets-moi ma couronne. Je sens en moi des désirs impatients d'immortalité : c'en est fait ; le jus de la grappe d'Égypte n'humectera plus ces lèvres. Vite, vite, bonne Iras, vite ; il me semble que j'entends Antoine qui m'appelle : je le vois se lever pour louer mon acte de courage, je l'entends se moquer de la fortune de César, Les dieux commencent par donner le bonheur aux hommes, pour excuser le courroux à venir.—Mon époux, je viens !—Que mon courage prouve mes droits à ce titre. Je suis d'air et de feu, et je rends à la terre grossière mes autres éléments.—Bon, avez-vous fini ?—Venez donc, et recueillez la dernière chaleur de mes lèvres. Adieu, tendre Charmiane. Iras, adieu pour jamais. (Elle les embrasse. Iras tombe et meurt.) Mes lèvres ont-elles donc le venin de l'aspic ? Quoi, tu tombes ? As-tu pu quitter la vie aussi doucement, le trait de la mort n'est donc pas plus redoutable que le pinçon d'un amant, qui blesse et qu'on désire encore. Es-tu tranquille ! En disparaissant aussi rapidement du monde, tu lui dis qu'il ne vaut pas la peine de lui faire nos adieux.
Source: Antoine et Cléopâtre http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre3082