L'Encyclopédie sur la mort


Réflexion sur l'euthanasie

Marcel Boisvert

Dr Marcel Boisvert a travaillé pendant de nombreuses années comme responsable de l'unité de soins palliatifs à l'hôpital Royal Victoria à Montréal, Québec, Canada. Son discours est empreint d'expérience et de sagesse.
«Réflexion sur l’euthanasie»
par Marcel Boisvert, M.D.

On a écrit à profusion sur le «caractère sacré» de la vie. Mais que signifie sacré ? Sacré par qui ? Sacré pour qui ? Y a-t-il une « vie » sans une «personne» ? Si la « vie » et la « personne » sont indissociables, pourquoi la vie serait-elle sacrée et non la personne qui «est» cette vie ? Pourquoi la « dernière volonté » d’une personne concernant la mise en scène de sa fin de vie, en accord avec ses valeurs les plus profondes, ne serait-elle pas sacrée ?

Conscient des limites de la meilleure palliation, il devient plus facile de rejoindre «sur son terrain» le malade qui demande qu’on mette fin à l’ultime cause de sa souffrance : sa vie. On rejoint ainsi la pensée du célèbre philosophe et théologien Paul Tillich (1886-1965), qui écrit dans Le courage d’être (1998) : «Elles sont plus nombreuses qu’on pense les personnes stoïques pour qui la notion de suicide ne s’adresse pas à ceux que la vie a vaincus mais à ceux qui ont triomphé de la vie, qui sont tout à la fois capables de vivre et de mourir et qui peuvent librement choisir entre les deux. »

Texte intégral: http://www.aqdmd.qc.ca/
Source: Marcel Boisvert, «Réflexion sur l'euthanasie», Frontières, vol. 20, numéro 1, automne 2007, 100-102.


«À la recherche de la dignité»
par Marcel Boisvert, M.D.

Plus récemment, philosophes et théologiens ont retrouvé les mots du sens commun, reconnaissant que l’exception confirme la règle, que tout interdit peut être violé, que des souffrances exceptionnelles méritent qu’on les abrège.

En effet, le sens commun nous dit que lorsque le bien qu’est la vie n’est plus un bien, mais qu’un futile et insupportable fardeau, il n’est que raisonnable de vouloir le déposer... ou de demander de l’aide quand la faiblesse est trop grande et expose à trop de risque pour le faire soi-même.

Texte intégral: http://www.aqdmd.qc.ca/

Dans Être ou ne plus être. Débat sur l'euthanasie, Montréal, Les éditions voix parallèles, «Philosophie, religion et spiritualité», 2010, Dr Marcel Boisvert répond à son ami médecin Serge Daneault:

«Je ne sous-estime pas ta compassion*, Serge, mais selon l'éthique*, «la bienveillance du médecin, fut-elle la plus noble, ne saurait l'emporter sur la liberté*du patient». Tu mets plus d'énergie à accomplir ton noble parcours qu'à défendre celui du malade. Quel sens donnes-tu aux mots de la Dre Saunders quand elle dit qu'«il faut rejoindre le malade sur son terrain et non sur celui des soignants?» Tu accordes préséance à la vue sur la personne jusqu'au dernier souffle.

La misérable vie du malade qui demande à mourir t'apporte donc plus à toi qu'à lui-même. S'il se résigne à une sédation terminale (dans un coma) parce qu'il n'a plus d'autre choix, sa vie inconsciente maintient pour toi seul une «valeur infinie», alors que pour lui (inconscient) et sa famille, il n'y a que souffrance. Tu veux donner une valeur à la vie restante», alors qu'il rejette cette vie restante parce qu'invivable. Était-ce cela que demandait ton patient... ou bien voulait-il qu'on abrège sa vie futile et allège le fardeau de sa famille? Le vieux Sénèque* stoïque* reconnaissait que la vie est un bien tant qu'elle ne devient pas un mal. Même le théologien Hans Kung en convient.» (p. 107-108)
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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