L'Encyclopédie sur la mort


Recours collectif contre Loto-Québec : une lettre d'adieu déposée en preuve

Guy Benjamin

L'intérêt de ce texte réside plus particulièrement dans le statut juridique qu'un juge de cour du Québec a attribué à la lettre d'adieu* dont il a autorisé le dépôt en preuve d'un recours collectif. Le deuxième intérêt pour l'étude de la mort volontaire consiste dans le lien à établir entre jeu*, alcool*, toxicomanie*, dépression* et suicide. Ce lien doit encore être prouvé, malgré certaines indices qui vont dans ce sens. Aussi peut-on se demander si le point de départ des conduites extrêmes et suicidaires de la personne dont la lettre fait l'objet de ce texte n'est précisément pas son penchant vers la dépression. L'accident mortel qu'il a causé en état d'ébriété ne montre-il pas que son inclination pour l'alcool était déjà un signe probable d'un état dépressif déjà existant préalablement?
Nous publions ci-dessous quelques extraits d'un article de Guy Benjamin, paru le 29 septembre 2008 dans Le Soleil, journal de Québec intitulé, «Recours collectif contre Loto-Québec : une lettre d'adieu déposée en preuve»:

Le juge Gratien Duchesne, qui entend le recours collectif des joueurs pathologiques contre Loto-Québec, permet le dépôt en preuve de la lettre d'adieu d'un homme qui s'est enlevé la vie en juin 2004.

«Les vidéopokers au Québec ont été ma mort. Je demande au ministre Séguin de réagir à ces nombreux suicides et au mien.» Ce paragraphe de la lettre de six pages a fait pencher le magistrat en faveur de l'acceptation du document comme preuve pertinente. Au moment du geste fatal posé par le joueur, Yves Séguin était ministre des Finances et ministre responsable de Loto-Québec.

S'il a permis que la lettre soit versée au dossier, le magistrat a tout de même limité le témoignage de la veuve de l'auteur de la lettre. [...] Le juge Duchesne a refusé le dépôt du rapport d'enquête du coroner sur la mort du joueur. Il ne voyait pas en quoi les causes du décès l'aideraient à répondre aux questions qui lui sont posées dans ce recours. [...]

Le contre-interrogatoire de la femme a permis d'apprendre que son mari avait tenté à deux reprises de s'enlever la vie. Il montrait des signes d'état dépressif dès 1989, 15 ans avant de poser le geste fatal. [...]

Au début des années 80, il a été impliqué dans un accident mortel alors que ses capacités étaient affaiblies par l'alcool. «Ça l'a poursuivi toute sa vie. C'est l'une des raisons pour laquelle il s'est lancé dans le jeu», d'admettre le témoin.

Après l'accident, il a cessé de boire pendant 18 ans, de préciser la veuve. Mais dans les dernières années de sa vie, il a mêlé alcool, drogue douce et jeu, jusqu'au moment où il s'est retrouvé avec une dette de 48 000 $ et où il mit fin à ses jours.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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