L'Encyclopédie sur la mort


Le vaisseau d'or

Émile Nelligan

Né à Montréal le 24 décembre 1879, Émile Nelligan se livre à l'oeuvre poétique alors qu'il est encore écolier. Après avoir interrompu ses études, il mène une vie de bohème. Il publie une vingtaine de poèmes dans plusieurs journaux et revues entre 1896 et 1899, années au cours desquelles il compose l'essentiel de son œuvre, qui paraîtra en 1904 grâce au critique Louis Dantin. Atteint de maladie mentale, il est d'abord hospitalisé à la retraite Saint-Benoît-Joseph-Labre en 1899, il y restera jusqu'en 1925, alors qu'il est interné à Saint-Jean-de-Dieu où il meurt le 18 novembre 1941.
Objet de nombreuses études jusqu'à nos jours, la poésie de Nelligan rallie l'opinion des critiques, qui lui reconnaissent une sensibilité extrême et un talent exceptionnel. Sur le mode romantique et symboliste, Nelligan aborde les thèmes de l'enfance, de la musique, de l'amour et de la mort. Son destin tragique, son œuvre lourde de promesses et empêchée, ses exigences esthétiques ont fait de lui une figure mythique de la poésie québécoise.
Source : Éditions Fides

Dans «le Vaisseau d'Or», le naufragé touche aux profondeurs de l'abîme. Il descend au gouffre noir de la mélancolie comme dans un cercueil.



Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.

Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève?
Qu'est devenu mon coeur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve!








Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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