La ballade en moyen néerlandais «Het waren twee koningskinderen» ou «Er waren eens twee koningskinderen» (Il était deux enfants de roi) a connu une très grande popularité. Elle aurait été composée au XIV° siècle et trouverait son origine en Inde dans la saga Hîr en Rânjha. Elle a des affinités avec les récits de Héro et Léandre* et de Tristan et Iseut*. On rencontre ce récit poétique dans toutes les langues germaniques.
Il était deux enfants de roi
s'aimant plus que personne au monde.
«pourquoi demeurer loin de moi?»
L'eau de la rivière est profonde.
Qu'alluma-t-elle? Trois grands cierges,
à l'heure où le jour tombe, trois.
«Nagez, mon coeur, jusqu'à la berge.»
Ainsi fait-il, le fils du roi.
Il était jeune. Une sorcière
jalouse, et de mauvais aloi,
s'en vint souffler sur la lumière.
Lors se noya le fils du roi.
-O ma mère, ma tendre mère,
ma tête me fait tant souffrir.
Laissez-moi, près de la rivière
marcher un peu, pour me guérir.
[...]
La mère se rend à l'église.
La fille, elle s'en va tout droit,
si loin que ses pas la conduisent,
où pêche le pêcheur du roi.
- Pêcheur, lui dit-elle, qui pêches,
pêcheur de mon père, veux-tu
pêcher pour moi? Qui t'en empêche?
Tu recevras plus que ton dû.
Il jette sa nasse dans l'onde,
si fort qu'elle frappe le lit
et de la rivière profonde
sort le prince jeune, pâli.
De son doigt que retira-t-elle?
Un anneau d'or rouge qui luit.
[...]
Prend son bien-aimé puis le baise
sur les lèvres, serrant son corps.
[...]
Le prend dans ses bras et puis saute
avec lui dans le trou béant.
[...]
Adieu, vous, mon père, ma mère,
tous mes compagnons de jadis.
Adieu, vous ma soeur et mon frère.
Je vogue vers le Paradis.
IMAGE
Frontispice du livre
Norbert De Paepe, Davidsfond, Leuven
s'aimant plus que personne au monde.
«pourquoi demeurer loin de moi?»
L'eau de la rivière est profonde.
Qu'alluma-t-elle? Trois grands cierges,
à l'heure où le jour tombe, trois.
«Nagez, mon coeur, jusqu'à la berge.»
Ainsi fait-il, le fils du roi.
Il était jeune. Une sorcière
jalouse, et de mauvais aloi,
s'en vint souffler sur la lumière.
Lors se noya le fils du roi.
-O ma mère, ma tendre mère,
ma tête me fait tant souffrir.
Laissez-moi, près de la rivière
marcher un peu, pour me guérir.
[...]
La mère se rend à l'église.
La fille, elle s'en va tout droit,
si loin que ses pas la conduisent,
où pêche le pêcheur du roi.
- Pêcheur, lui dit-elle, qui pêches,
pêcheur de mon père, veux-tu
pêcher pour moi? Qui t'en empêche?
Tu recevras plus que ton dû.
Il jette sa nasse dans l'onde,
si fort qu'elle frappe le lit
et de la rivière profonde
sort le prince jeune, pâli.
De son doigt que retira-t-elle?
Un anneau d'or rouge qui luit.
[...]
Prend son bien-aimé puis le baise
sur les lèvres, serrant son corps.
[...]
Le prend dans ses bras et puis saute
avec lui dans le trou béant.
[...]
Adieu, vous, mon père, ma mère,
tous mes compagnons de jadis.
Adieu, vous ma soeur et mon frère.
Je vogue vers le Paradis.
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Frontispice du livre
Norbert De Paepe, Davidsfond, Leuven