L'Encyclopédie sur la mort


«Dans ma tombe, j'attends ma vengeance»

Don Giovanni est un opéra en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en italien de l'abbé Lorenzo da Ponte. La Première est donnée à Prague le 29 octobre 1787. Casanova, le Don Juan vénitien, assiste à la représentation. Ses conversations avec Da Ponte et sa participation à l'élaboration du livret ont certainement dû nourrir sa réflexion lors de la rédaction de l'Histoire de ma Vie. La scène finale dans laquelle Don Giovanni refuse de se repentir a été et demeure un sujet philosophique et artistique, captivant pour un grand nombre d'écrivains, et maintes fois revisité dans les différentes versions littéraires de .
Pour les uns, il s'agit de l'expression de la liberté souveraine de l'individu, c'est-à-dire de l'homme capable de dire «non». Pour les autres. Don Giovanni représente l'idéal politique et social du siècle des Lumières: «Vive la libertà» est chanté ensemble par Giovanni, Leporello, Don Ottavio, Donna Anna et Donna Elvira. Pour les autres, l'héroïsme* de Don Giovanni («Mon courage ne faillira pas, malgré que les puissances de l'enfer m'assaillent» - «personne ne m'appellera un lâche») est subversif, car il incarne la rupture des structures sociales. En effet, Don Giovanni séduit une dame noble, une domestique et une paysanne, représentatives des trois classes sociales. (T. Tucker, «Don Giovanni: Rebel Hero or Threat to Society, 25 avril, 2009 < http://www.thecultureclub.net/2009/04/25/don-giovanni-rebel-hero-or-threat-to-society/>

Dans ce contexte, comment comprendre l'inscription à la base du monument que Don Giovanni fait lire à Leperello: «Dans ma tombe, j'attends ma vengeance»? Nous sommes dans l'Acte II : Ottavio voit dans les événements qui s'accumulent, la preuve que Don Giovanni est bien l’assassin du Commandeur et il promet de le venger (Air : « Il mio tesoro intanto »). Restée seule, Elvira admet qu’elle aime encore Don Giovanni et renonce à la vengeance (Air : « In quali eccessi »).

Au cimetière dans la nuit, une voix provenant d’une statue lui demande de laisser les morts en paix. Sur ordre de Don Giovanni, Leporello lit l’inscription à la base de la statue : « Dans ma tombe, j’attends ma vengeance ». Le valet tremble de peur, mais son maître le force à inviter la statue à dîner (Duo : « O statua gentillissima »). La statue hoche la tête et répond «Oui ».

Dans la salle à manger, Don Giovanni commence son repas, pendant que les musiciens interprètent des airs d’opéra (Finale : « Già la mensa »). Elvira entre, et essaie de convaincre Don Giovanni de se repentir (Air: « L’ultima prova »). Mais ce dernier se rit d’elle (« Vivan le femmine »). En partant, Elvira pousse un cri de terreur. Leporello hurle à son tour, car il a vu la statue du Commandeur s’approcher et frapper à la porte. Comme son valet refuse d’ouvrir, Don Giovanni s’en charge. Le Commandeur entre (Air: « Don Giovanni, a cenar teco »), mais refuse de s’asseoir à table. Il invite Don Giovanni à dîner, et ce dernier accepte et lui serre la main. La statue lui demande alors de se repentir, mais Don Giovanni refuse. Le Commandeur se retire et Don Giovanni est englouti par les flammes.

Le commandeur attend dans sa tombe d’être vengé du gredin qui l'a assassiné. Don Giovanni, toujours lucide, en est bien conscient, il refuse la réconciliation avec sa victime*, renonce à l'amour d'Elvira et va librement vers sa mort.

Au sujet du mythe de Don Juan et son interprétation, consulter:
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Don_Juan
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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