L'Encyclopédie sur la mort


Clarté

Henri Barbusse

Dans La Presse Anarchiste, on trouve un commentaire très éclairant sur l'ouvrage « Clarté », sur le héros et l'héroïsme :

« Ce qu’il y a de terrible quand on cherche la Vérité, c’est qu’on la trouve », a dit Rémy de Gourmont. Il semble que, parfois, elle impose son éblouissement à ceux même qui ne la désiraient pas.
Ainsi, le héros de Clarté descend malgré lui jusqu’au fond du puits et y trouve, dans une sorte de volupté douloureuse, la Vérité.
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http://www.la-presse-anarchiste.net/spip.php?article2471

NOTRE VOIX N°1 (6 AVRIL 1919)
Une oeuvre de vérité : « Clarté » par Henri Barbusse (1873-1935)
mardi 19 janvier 2010, par Genold
Je suis comme ceux qui s’endorment, comme les enfants. Je m’affaiblis, je m’adoucis, je ferme les yeux; je rêve à la maison. Je ne voudrais pas mourir, je me supplie de ne pas mourir, et j’ouvre les yeux et je cherche les brancardiers qui peut-être, justement pensent à moi... Je rêve à la maison.

Là-bas, on se met sans doute à plusieurs pour supporter les soirées, avant de se retirer dans l’immobilité familière des chambres et de s’endormir au milieu des choses qui ne se réveillent jamais.. Marie (1) est là, et d’autres femmes, en train d’apprêter le dîner; la maison devient une odeur de cuisine. J’entends Marie qui parle, debout, puis assise à table. J’entends le bruit du couvert qu’elle remue sur la nappe en s’installant. Ensuite, comme quelqu’un a approché l’allumette de la lampe, en soulevant le verre, Marie se lève pour aller fermer les volets. Elle ouvre la fenêtre. Elle se penche, ses bras s’écartent; mais elle reste un instant plongée dans la nuit nue. Elle a un frisson que j’ai. Au loin, naissante dans l’ombre, elle regarde comme moi. Nos yeux se sont rencontrés. C’est vrai, puisque cette nuit, c’est la sienne aussi bien que la mienne, la même nuit, et la distance n’est pas quelque chose de palpable ni de réel; la distance n’est rien. C’est vrai, ce grand contact étroit.

Où suis-je ? Où est Marie ? Et même qu’est-ce qu’elle est ? Je ne sais pas, je ne sais pas. J’ignore la blessure de ma chair, et est-ce que je sais la blessure de mon coeur ?

Barbusse : Extrait de Clarté, « La mort du soldat », Flammarion, 1919
books.google.ca/books/about/Clarté.html

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Les Amis d'Henri Barbusse (AHB)
courrierahb@free.fr
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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