L'Encyclopédie sur la mort


«Artémis»

Gérard de Nerval

«Artémis» est un sonnet centré autour du personnage d’Artémis, déesse grecque de la chasse, fille de Zeus et de Léto, et déesse souvent associée à la lune. Artémis* (Diane) se présente comme une divinité marginale et ambiguë située dans les zones où les frontières sont floues, entre monde sauvage et monde civilisé. Elle une déesse vierge qui s’abstient de tout commerce sexuel avec des hommes et punit sévèrement ceux qui tentent de la séduire. Artémis donne son titre au poème mais n’est jamais mentionné. Sa présence n’est évoquée que par l’association constante de l’amour et de la mort: « Aimez qui vous aima du berceau dans la bière »; «C’est la mort — ou la morte... Ô délice ! ô tourment !». Nerval* préfère, aux roses blanches incolores, la «Rose trémière ... au coeur violet» comme il préfère, aux «fantômes blancs» (figures lunaires), «la sainte de l'abîme», «la sainte napolitaine» qu'il identifie à sainte Rosalie de Palerme. La sainte napolitaine est bien une espèce de sœur de sainte Gudule. Leur emblème est la lumière : rose-feu ou rose-flamme. Sainte Gudule est originaire du Brabant, de la région de Bruxelles où Nerval avait vu Jenny Colon/Aurélie pour la dernière fois (en 1840). On se rend compte que ce poème n'est pas un texte «clos», car aucun commentateur n'a pu l'élucider complètement, Comme il en a l'habitude, Nerval condense dans un seul nom plusieurs figures, en l'occurrence celles qui viennent de l'hagiographie et de l'autobiographie. Consulter: Hans Peter Lund, «La statue mythologique Diane chez Nerval et Heine*», Revue Romane, Bind 22, 1987)
La Treizième revient... C'est encor la première ;
Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment :
Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?
Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j'aimai seul m'aime encor tendrement :
C'est la Mort - ou la Morte... Ô délice ! ô tourment !
La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière.

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au coeur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux ?

Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle :
- La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux !


Gérard de NERVAL (1808-1855) Les chimères, 1853
http://www.devoir-de-francais.com/commentaire-gerard-nerval-recueil-chimeres-artemis-16552-5559.html
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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