L'Encyclopédie de L'Agora : une vision organique du monde
Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité.
Voir le site Appartenance-Belonging.
Comment renouer avec la vie sous ses diverses formes : élémentaire, psychologique, spirituelle, intellectuelle aussi. Elles sont indissociables. On a tendance aujourd’hui à exclure la dimension intellectuelle de la sphère de la vie, l’éducation étant d’abord conçue, non comme une quête de nourriture pour l’esprit mais comme un moyen d’acquérir une méthode pour réussir dans une carrière de technicien. Klages dirait que du désir de créer une œuvre (Werk) qui est une fleur de la vie, on est passé à celui de poser un acte (Tat) consistant à résoudre un problème. Si bien que nous en sommes réduits à rêver d’échapper à nos maux par la conquête de la planète Mars.
Puisque nous naissons avec les gènes et sans doute aussi avec l’inconscient enchanté de nos ancêtres, la réinsertion dans le flux de la vie demeure possible, mais à certaines conditions. Tout a été dit sur ces conditions dans les grandes traditions spirituelles et philosophiques. Avec raison, plusieurs reviennent en ce moment aux enseignements de Lao Tseu et de Maître Eckhart sur le détachement de soi en vue du rattachement à mieux que soi. Le contexte nouveau nous oblige toutefois à une mise à jour de ces invariants. Dans un retour au réel aujourd’hui, le jeûne médiatique pourrait bien être la première chose qui s’impose.
« L'homme, exilé sur la terre, est maintenant exilé de la terre ».G.T.
En 1998, je publiais Après l'homme le cyborg? C'était un cri d'indignation accompagné de considérations métaphysiques sur le glissement – qui m'apparaissait irréversible – vers la posthumanité. On voyait déjà apparaître à l'horizon cet être hybride, mi-chair mi-métal, ultime réussite de l'évolution, qu'on appellera cyborg, androïde, posthumain ou transhumain. J’avais le sentiment d'appartenir à une génération qui tomberait de l'arbre de la vie avant d'avoir mûri. Je ne me résignais pas à être un exilé de la terre, après avoir été exilé sur elle.
Spontanée dans la nature sauvage, la résilience exige de délicates interventions quand l'habitat humain est en cause. Jean Giono, le poète de la résilience, a évoqué ces interventions dans deux récits complémentaires.
Dans le premier, L'homme qui plantait des arbres, porté au cinéma par Frédéric Back, la renaissance commence par la périphérie, par l'environnement lointain. Pour que les êtres humains reviennent dans le village, il faut d'abord que les sources y coulent de nouveau. Dans le second récit intitulé Regain, la renaissance commence par le centre. Le dernier habitant d'un village abandonné, un homme jeune et vigoureux rencontre un femme qui accepte de partager son sort. Cette femme redonne vie à la maison: résilience domestique. Et l'homme, vivant de la vie de sa maison, redonne leur fertilité aux champs.
Ce lien étroit entre les phénomènes sociaux (humains) et les phénomènes écologiques (biophysiques) est devenu sous le nom de SES (Système économico social) l'unité de base dans la recherche scientifique sur le développement durable
De plus en plus utilisé dans les sciences, le concept de résilience occupe une place importante dans la recherche sur le développement durable. Il est l'un des concepts avec ceux, voisins, de vulnérabilité et de capacité d'adaptation, qui caractérise le SES. Retenons ici que les phénomènes sociaux (humains) et les phénomènes écologiques (biophysiques) sont en interaction mutuelle à l'intérieur d'un même ensemble.
L'Île de Surtzsey, le Krakatoa, le Roseau et tardigrade.
Oh! Si j'étais une île
Les 26 et 27 novembre 1883, le plus grand bruit jamais entendu mit la planète terre en état de choc: à 600 kilomètres de distance, le bruit produit par l’éruption du Krakatoa, près de Java, rappelait un coup de canon. Dans l’océan indien, 4,500 kilomètres plus loin, on entendit des grondements. 20 kilomètres cubes de roches furent projetés dans l’atmosphère. Une colonne de fumée s’éleva jusqu’à 26 kilomètres d’altitude.
Trois îles, dont les restes de l’île hôte du Krakatoa, furent totalement recouvertes de lave. On n’y décela plus la moindre trace de vie, pas même un brin d’herbe. Neuf mois plus tard, une expédition française découvrit un seul et unique signe de vie: une araignée qui avait atteint l’île sur un ballon de soie.
Cette araignée annonçait l’avenir. Cent ans plus tard, les trois îles mortes étaient recouvertes d’une forêt tropicale et abritaient 400 espèces de plantes, des milliers d’espèces d’arthropodes dont 54 espèces de papillons, 30 espèces d’oiseaux, 17 espèces de chauvessouris et 9 de reptiles. Et tous ces êtres vivants durent franchir une barrière de 44 kilomètres d’eau de mer pour atteindre leur destination. Sur quels radeaux improvisés par la nature certains d’entre eux ontils dû voyager?
Mon propos est de voir dans quelle mesure la métaphore prometteuse de la résilience peut nous aider à échapper aux pièges du réductionnisme et à préciser les conditions dans lesquelles, en faisant des transpositions d'un champ d'application à un autre, du vivant au conscient, ou inversement, par exemple, on peut enrichir la pensée et l'action relative à chacun de ces champs. Peut-elle nous éclairer sur les ressorts propres à la philia ou faudra-t-il nous rabattre sur le fol espoir de la sauvegarder par transgénie?
Brouillard ou arc-en-ciel de sens?
À l'origine, en métallurgie, la résilience désigne une qualité des matériaux qui tient à la fois de l'élasticité et de la fragilité, et qui se manifeste par leur capacité à retrouver leur état initial à la suite d'un choc ou d'une pression continue. Le Robert ne retient qu'une de ces deux idées, celle de la résistance au choc, et définit la résilience comme le rapport, exprimé en joules par cm2, de l'énergie cinétique absorbée qui est nécessaire pour provoquer la rupture d'un métal à la surface de la section brisée.
Le terme anglais resiliency évoque l’idée de tolérance aux failles et aux anomalies ainsi que celle d’insensibilité aux défaillances. Transposé en éthique, le concept n’est pas sans affinité avec l’apathie ou l’ataraxie des stoïciens*. En psychologie morale*, il désigne l’aptitude à résister à la souffrance et à faire face à la vie, à rebondir après une détresse et à lutter pour sa survie. L’acquisition ou le développement de cette aptitude pourrait donc être utile sous certaines réserves. Le concept de «résilience» a été élaboré dans plusieurs domaines (dossier «Résilience» dans l’Encyclopédie de l’Agora, encyclopédie virtuelle,
En psychologie, Fritz Redl introduit le concept d’ego resilience en 1969 et décrit le phénomène des enfants invulnérables (invulnerable children). Dès 1980, plusieurs ouvrages sont consacrés à la réussite fulgurante d’individus ayant connu une enfance catastrophique de maltraitance. En France, Boris Cyrulnik est un promoteur fort médiatisé de la résilience:
Les communautés, comme tout système vivant, ont leur spontanéité et sont capables de résilience. Plutôt que de tenter de les réanimer ou de les reconstruire (building communities) par des moyens mécaniques puissants, n'est-il pas plus sage de se limiter à une action négative consistant à éliminer les obstacles à leur développement spontané? L'auteur appelle cette approche hippocratisme social. Il a précisé sa pensée sur le sujet dans un article subséquent intitulé Le roseau et le tardigrade.
...
L'hippocratisme social
Hippocrate avait compris que ce n'est pas la médecine qui guérit la nature, que c'est cette dernière qui se guérit elle-même, aidée parfois par la médecine. De même pour les communautés: elles se constituent ou se reconstituent d'elles-mêmes, aidées parfois par des intervenants dont le premier devoir est de ne pas nuire. Si bien que les quatre principes fondamentaux d'Hippocrate devraient devenir ceux de l'action sociale:
Premièrement, ne pas nuire
Deuxièmement, combattre le mal par son contraire
Troisièmement, mesure et modération
Quatrièmement, chaque chose en son temps
Peut-on lire la Renaissance comme un phénomène de résilience culturelle? Il s'agit pour l'auteur d'apporter un élément de preuve à la thèse suivant laquelle l'indice de résilience des sociétés grecques est directement lié au niveau d'humanisme que ces sociétés avaient réussi en partie à atteindre.
En 529, l'empereur Justinien ferme l'École d'Athènes et les néoplatoniciens émigrent en Iran. Un millénaire plus tard ou presque, avant la prise de Constantinople par les Turcs, des platoniciens immigrés à Florence transfèrent l'héritage de l'Antiquité et fondent, en 1440, l'Académie platonicienne, qui sera le creuset de la Renaissance. Cette vivacité millénaire de la philosophie platonitienne est un cas historiquement observable, parmi tant d'autres, d'un corps de doctrine ayant résisté à la censure et aux dérives de la transmission, par-delà les siècles et les continents.
La résilience, c’est la capacité de retomber sur ses pieds, de garder le cap, d’assurer la pérennité d’un organisme ou d’une société, le maintien d’une certaine permanence dans un environnement turbulent.
La notion de résilience est toutefois polyvalente. Dans une socio-économie résiliente, ce qui est permanent n’est pas nécessairement toujours défini de la même manière. Il y a toute la différence du monde entre une résilience qui assure la conservation intégrale d’un certain état de l’économie (dans une socio-économie stationnaire) et une résilience qui assure un certain régime de renouvellement (dans une socio-économie dynamique). Pour bien jauger le degré de résilience d’une socio-économie, il faut donc l’analyser selon diverses longueurs d’ondes, car dans chacune d’elles la résilience prend un sens différent.
Nous allons d’abord nous donner un vocabulaire et mettre en place un cadre d’analyse simple. Ensuite, nous procéderons à l’examen de la résilience dans l’économie à quatre paliers.Puis nous allons montrer comment, malgré la transformation fondamentale de l’économie en apparence, certains éléments de l’économie traditionnelle comme la confiance sont en train de refaire surface comme piliers fondamentaux de la socio-économie moderne. En conclusion, nous montrerons que la résilience joue un rôle fondamental mais ambigu en économie.
«L'Enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.»
SIMONE WEIL, L'enracinement
On a tendance aujourd’hui, du moins en Europe et en Amérique, à préférer la diversité à l’identité, même lorsque la diversité prend la forme d’un multiculturalisme pur. Nietzsche avait aperçu ce danger: «Tous les temps et tous les peuples jettent pêle-mêle un regard à travers vos voiles; toutes les coutumes et toutes les croyances parlent pêle-mêle à travers vos gestes.
Toutes les époques déblatèrent les unes contre les autres dans vos esprits; et les rêves et les bavardages de toutes les époques étaient plus réels encore que vos veilles!
De tous les ensembles entourant les individus dans le monde moderne, l'État-nation semble bien être celui qui a le mieux résisté à l'érosion générale. S'il y eut médiatisation de la famille plutôt que domestication des médias, c'est l'inverse qui semble s'être passé dans le cas de l'État-nation. La nationalisation des médias a été une réussite au moins partielle. L'usage que les nazis firent de la radio indiquerait même que les nouveaux médias étaient d'abord destinés à renforcer le sentiment national. C'est l'une des thèses de McLuhan.
Le patriotisme de compassion. Trois noms sont associés dans mon esprit à cette idée qui pourrait bien enfermer l’inspiration dont le Québec, la France et bien d’autres pays occidentaux ont besoin en ce moment : celui de Simone Weil, l’auteur de l’Enracinement, celui d’Albert Camus qui a publié l’Enracinement dans sa collection Espoir chez Gallimard et celui d’Alain Finkielkraut qui, en ce moment, défend le patriotisme de compassion avec une éloquence qui dépasse l’éloquence.
[…]
Le patriotisme de compassion, nous dit Simone Weil, appartient à la même sphère du sacré : il consiste à aimer sa patrie non en tant que sienne, mais en tant que chose fragile et précieuse, qui réunit en un point du temps et de l’espace, les conditions de l’accomplissement d’êtres humains.
Au 20e siècle, le rêve de tout peuple voulant s'affranchir d'une “domination” étrangère réside dans la conquête d'un illusoire contrôle absolu sur le territoire “national” et l'appartenance à l'Organisation des Nations-Unies, ultime consécration de l'existence juridique d'un État. L’État moderne peut se définir comme un État-nation. L'histoire moderne s'inscrit donc sous le signe des nationalités: phénomène ancien pour les uns, phénomène lié aux développements socio-politiques depuis la Renaissance pour les autres.
L'Encyclopédie de l’Agora n’est pas une somme des connaissances établie par une myriade de spécialistes sans grandes affinités entre eux. Elle est une œuvre, celle d’un auteur principal entouré d’amis ayant des affinités intellectuelles avec lui et ébauchant séparément leur propre synthèse. [En savoir davantage]
Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité.
À l’heure où les astrophysiciens décrivent la farandole des galaxies et la valse des étoiles, la conception dominante de l’univers se réduit au mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invitent à lui préférer, métaphore pour métaphore, celle de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence ayant un sens, comme celle de l'éclosion?
«Seule la vie peut donner la vie. L’intelligence peut façonner, mais étant morte, elle ne peut donner une âme. De la vie seulement peut jaillir le vivant.» Goethe, Zahme Xenien
«Est dit éternel ce qui par soi ne peut changer ni vieillir ni périr. Une sublime amitié est éternelle en ce sens qu'elle ne peut être atteinte qu'obliquement et par des événements qui lui sont tout à fait étrangers. L'amour prétend être éternel. Les pensées les plus assurées, comme d'arithmétique et de géométrie, sont éternelles aussi. La durée, au contraire, est essentielle à tout ce qui change et vieillit par soi. L'idée de rassembler tout l'éternel en Dieu est raisonnable, quoique sans preuve à la rigueur, comme au reste tout éternel, amitié, amour, arithmétique.» (Alain, Les dieux et les arts)
«On va à Dieu par des commencements sans fin», écrit un Père de L’Église. Cette page est notre premier commencement… Une parfaite définition de Dieu par le plus grand des théologiens serait moins à sa place ici que nos balbutiements. Étant les auteurs d’une oeuvre qui comporte déjà mille allusions à Dieu, c’est à nous, cohérence oblige, qu’il appartient d’évoquer le foyer vers lequel convergent ces allusions.
L’humanisme est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident. Ainsi défini, l’humanisme est le produit d’une révolution copernicienne inversée: l’homme, auparavant satellite de Dieu, devient l’astre central.
La plante est immobile et choyée. Sa nourriture lui est donnée. Il lui suffit pour l’accueillir de laisser croître ses racines dans la terre et dans le ciel. L’animal doit chercher sa nourriture, et pour cela, il est libre dans ses déplacements. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on l’a associé étroitement à l’homme, mais ainsi amputé de sa dimension plante, ce dernier n’allait-il pas s’éloigner de ce qui deviendrait un jour un idéal pour les jeunes et pour les vieux une nécessité i : contempler et à cette fin rester immobile.
Tout dans l’univers, et l’univers lui-même, tend vers le froid uniforme, et un désordre qui n’est rien d’autre que la rupture des liens unissant les éléments constitutifs du vaste ensemble. Dans ce monde qui se défait, les êtres vivants sont des points d’ordre qui contredisent la loi générale. En eux l’énergie, qui se dégrade tout autour, se concentre pour former tantôt une plante qui grimpe, tantôt un animal qui vole, tantôt un animal qui pense... qui aime, qui aime ô merveille! au-delà de ce que l’espèce exige de lui pour assurer sa propre reproduction.
Qu’est-ce que la vérité ? Pourquoi nous donnons-nous tant de mal pour la trouver, la défendre et la répandre ? Tentons d’abord de répondre par le recours le plus simple et le plus spontané à la raison. La vérité c’est la vie, ce qui assure sa persistance et sa croissance : distinguer la plante toxique de la plante nourricière, la vraie beauté, celle qui élève par opposition à celle qui dégrade. La preuve est dans le résultat, dans le degré d’accomplissement des êtres en cause.
En bas de cette échelle, l’élan impétueux de l’animal sauvage bondissant hors de sa cage-piège; en haut un sage ébloui par ses principes, un mystique ravi par son Dieu. Impulsion dans le premier cas, contemplation dans le second. Point de choix en ces extrêmes. «Les instincts des animaux survivent dans l’homme à l’état d’ébauche.» (K.Lorenz). À leur place, un grand vide angoissant. Ce vide est le lieu de naissance de la liberté.
Le mal dont le bien doit triompher en nous pour nous rendre meilleur n’est pas une simple carie dentaire qu’on peut obturer en quelques secondes, mais une infection centrale résistant aux antibiotiques. La vie de celui qui désire vraiment en guérir ressemblera à un chenin de croix ou à la marche d’un Bouddha à recherche de la voie du milieu.
« C'est à coups de tonnerre et de feux d'artifice célestes qu'il faut parler aux sens flasques et endormis. Mais la voix de la beauté parle bas: elle ne s'insinue que dans les âmes les plus éveillées. Doucement mon bouclier a vibré et a ri aujourd'hui : c'était le frisson et le rire sacré de la beauté! » Nietzsche
«Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la justice; mais, même en les supposant justes, ils auraient encore besoin de l'amitié.» ARISTOTE, Éthique à Nicomaque
Proche du scepticisme sur le plan intellectuel, la neutralité est aussi proche de l'indifférence sur le plan affectif et de l'indifférentiation sur le plan physiologique.
D’abord la justice et bien commun! Il sera souvent question de la démocratie dans cette synthèse. Trop peut-être, car en ce moment, dans les démocraties occidentales du moins, dont certaines sont en voie de désintégration, on a recours au concept de démocratie lui-même comme critère pour juger de la situation concrète dans les démocraties en cause. Funeste tautologie contre laquelle Aristote nous avait mis en garde.
C'est dans l'indignation devant l'injustice qu'il faut d'abord chercher la voie de la justice. Il faut toutefois au préalable pouvoir distinguer le sentiment authentique et universel d'injustice de l'insatisfaction personnelle qui est à l'origine des revendications.
Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?
Sapere : goûter et savoir. Associer ces deux expériences pour mieux comprendre l’une et l’autre et s’habituer ainsi à distinguer la vraie culture, nourricière, de la fausse, réduite au divertissement. Deux sujets vastes.
La perspective historique la plus longue possible est la voie royale pour préciser le diagnostic et trouver les meilleurs remèdes au mal qui frappe l’éducation.
La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison.
Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]
Plus un sport est naturel, plus il y a de chances qu'on puisse le pratiquer longtemps, parce qu'on en aura toujours le goût et les moyens. Quel que soit le sport choisi, il ne restera durable que si on le pratique avec mesure, dans le respect de l'ensemble de l'organisme et de chacun des organes et des muscles sollicités, avec en outre le souci de rendre toujours plus harmonieux les rapports de l'âme et du corps.
«C'est par le truchement de l'expression artistique que les valeurs les plus hautes acquièrent une signification éternelle et une force capables d'émouvoir l'humanité. L'art possède la faculté illimitée de transformer l'âme humaine — faculté que les Grecs appelaient psychagogia. Seul, en effet, il dispose des deux éléments essentiels à l'influence éducative: une signification universelle et un appel immédiat. Parce qu'il combine ces deux moyens susceptibles de faire autorité sur l'esprit, il surpasse à la fois la réflexion philosophique et la vie réelle.» Werner Jaeger, Paideia: la formation de l'homme grec
Faire acte de science c’est échapper à la contrainte sous toute ses formes : préjugés personnels, conformisme, tradition, pression sociale, financière, opinion majoritaire, y compris celle des pairs. Serait-ce la raison pour laquelle la science a fleuri dans la Grèce antique puis dans l’Europe moderne. Et n’est-ce pas en raison de l’oubli de cette règle qu’elle tombée en disgrâce dans la Russie stalinienne et les États-Unis de Donald Trump ?
L'attente active, celle qui consiste à soumettre à la critique les réponses imparfaites, Socrate l'appelait philosophie, mot qui signifie amour (philein ) de la sagesse (sophia). Cet amour s’accomplit à deux conditions : la rigueur dans la pensée et le souci de la purification dans la vie personnelle.
Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?
Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]
Selon Marguerite Yourcenar, Marc Aurèle,le sage Marc-Aurèle, le divin Marc, est le Romain de l’antiquité dont il subsiste le plus de sculptures. Preuve qu’il a été le plus admiré, aimé. S’il est vrai que la qualité d’un amour se mesure à la beauté, à la variété et au nombre des œuvres d’art qu’il a inspirées, le christianisme est une prodigieuse histoire d’amour.
Ce catholicisme qui nous a faits ! Plusieurs sont d’avis qu'il nous a défaits à la fois politiquement et psychologiquement. Depuis 1960, ils ont eu toutes les tribunes dont ils pouvaient rêver pour exposer leurs regrets et leurs doléances. Dans cette synthèse, nous voulons donner la parole à ceux qui, sans avoir renoncé à leur esprit critique, veulent bien reconnaître que le catholicisme nous a aussi faits… un peu, a contribué à notre épanouissement et à notre accomplissement, en tant que peuple comme en tant qu’individus. Même si elle ne devait être qu’un dernier adieu reconnaissant, cette synthèse est nécessaire [...]
Le Québec est un microcosme. Se trouve-t-il un seul groupe humain sur la planète auquel il ne ressemble pas par quelque côté?
On y parle les deux langues qui ont le plus contribué à faire le monde tel qu'il est aujourd'hui: le français et l'anglais. La société de ce Québec était traditionnelle, médiévale même, il y a à peine cinquante ans; elle devance aujourd'hui la Californie dans certaines expérimentations.