Thucydide
Samedi le 24 mars 2001
Dans ce siècle d'or d'Athènes, tant de génies ont atteint en même temps l'excellence dans tant de domaines différents, qu'on ose à peine, de peur d'exagérer, donner à chacun le crédit qu'il mérite. Il est pourtant naturel que toutes les éclosions aient eu lieu au cours du même printemps.
Pour un historien comme Thucydide, qui aspirait à introduire de la rigueur dans sa discipline, pouvait-il y avoir un meilleur climat intellectuel que celui où Anaxagore s'attaquait aux superstitions pendant que les auteurs tragiques mettaient la contradiction à nu et que les géomètres faisaient apparaître les liens nécessaires entre les grandeurs et les figures?
On reconnaît généralement Thucydide comme le fondateur de la méthode en histoire, comme le précurseur des historiens modernes. Il semblait lui-même conscient de son originalité en la matière, du moins si l'on en juge par la façon dont il précise sa méthode au début de son oeuvre maîtresse, La guerre du Péloponnèse. «Quant aux événements de la guerre, je n'ai pas jugé bon de les rapporter sur la foi du premier venu, ni d'après mon opinion; je n'ai écrit que ce dont j'avais été témoin, ou pour le reste, ce que je savais par des informations aussi exactes que possible. Cette recherche n'allait pas sans peine, parce que ceux qui ont assisté aux événements ne les rapportaient pas de la même manière et parlaient selon les intérêts de leur parti ou selon leurs souvenirs variables. L'absence de merveilleux dans mes récits les rendra peut-être moins agréables à entendre. Il me suffira que ceux qui veulent voir clair dans les faits passés et, par conséquent, aussi dans les faits analogues que l'avenir, selon la loi des choses humaines, ne peut manquer de ramener, jugent utile mon histoire. C'est une oeuvre d'un profit solide plutôt qu'un morceau d'apparat composé pour une satisfaction d'un instant».
Pour un historien comme Thucydide, qui aspirait à introduire de la rigueur dans sa discipline, pouvait-il y avoir un meilleur climat intellectuel que celui où Anaxagore s'attaquait aux superstitions pendant que les auteurs tragiques mettaient la contradiction à nu et que les géomètres faisaient apparaître les liens nécessaires entre les grandeurs et les figures?
On reconnaît généralement Thucydide comme le fondateur de la méthode en histoire, comme le précurseur des historiens modernes. Il semblait lui-même conscient de son originalité en la matière, du moins si l'on en juge par la façon dont il précise sa méthode au début de son oeuvre maîtresse, La guerre du Péloponnèse. «Quant aux événements de la guerre, je n'ai pas jugé bon de les rapporter sur la foi du premier venu, ni d'après mon opinion; je n'ai écrit que ce dont j'avais été témoin, ou pour le reste, ce que je savais par des informations aussi exactes que possible. Cette recherche n'allait pas sans peine, parce que ceux qui ont assisté aux événements ne les rapportaient pas de la même manière et parlaient selon les intérêts de leur parti ou selon leurs souvenirs variables. L'absence de merveilleux dans mes récits les rendra peut-être moins agréables à entendre. Il me suffira que ceux qui veulent voir clair dans les faits passés et, par conséquent, aussi dans les faits analogues que l'avenir, selon la loi des choses humaines, ne peut manquer de ramener, jugent utile mon histoire. C'est une oeuvre d'un profit solide plutôt qu'un morceau d'apparat composé pour une satisfaction d'un instant».