Saguenay - Lac-Saint-Jean

Lorsque Jacques Cartier, lors de son deuxième voyage en 1535, découvre le fjord du Saguenay qui se déverse dans le fleuve Saint-Laurent, le territoire est occupé par les Montagnais. L’explorateur originaire de Saint-Malo, nomme ce coin de pays «Royaume du Saguenay», d'après le mot huron Sagné qui signifie, selon l'interprétation généralement retenue, «par où l’eau sort».

L'embouchure du fjord à la hauteur de Tadoussac, constitue un milieu marin unique, riche en plancton, qui attire bancs de poisson et mammifères marins. Dès 1550, morutiers et baleiniers européens s’installent dans cette région. Un siècle plus tard on assiste à l'essor de la traite des fourrures. Tadoussac deviendra le principal poste de traite pour l'immense territoire aujourd'hui englobé par les régions de Saguenay et celle de la Côte-Nord. Vers le début du XIXe siècle, on assiste au développement d'industries basées sur l’exploitation forestière. En 1837, vingt-et-un censitaires de La Malbaie, à l’instigation de Alexis «Picoté» Tremblay, se regroupe pour former la Société des Vingt-et-Un. Cette société pratique la coupe de bois sur le «Domaine du Roy» et construit plusieurs moulins. Elle connaît toutefois d’importantes difficultés et est finalement rachetée par William Price, un commerçant anglais.

En 1870, la région est victime d'une catastrophe aux conséquences désastreuses. Des cultivateurs perdent le contrôle d’un feu d’abattis qui s’attaque rapidement à la forêt environnante. En quelques heures, le feu ravage des centaines de km2 de forêt, détruisant maisons, moulins et ponts sur son passage. La population n’a d’autre choix que de se réfugier dans les caveaux ou de se jeter dans les lacs et rivières. On ne compte heureusement que cinq morts, mais 5 000 personnes, un chiffre considérable compte tenu de la population à l'époque, ont tout perdu dans l'incendie. Maigre consolation, on découvre que le bleuet, petite baie indigène de couleur bleuâtre, apparentée à la myrtille européenne, prospère sur les terres brûlées. Le bleuet que l'on récolte au mois d'août constitue un supplément alimentaire très apprécié dans une région où le colon doit arracher à grand peine à la forêt et à un relief montagneux, des espaces cultivables. On en viendra éventuellement à accoler le sobriquet de «bleuet» aux Saguenéens.

Avec l’arrivée du chemin de fer en 1888, et suite aux programmes de colonisation mis en place par le gouvernement et le clergé pour coloniser les terres intérieures — la plus grande partie de la population étant massée sur les rives du Saint-Laurent — le peuplement s’intensifie et Roberval, où se termine la ligne de chemin de fer, devient la capitale régionale. Au cours d'une première phase d’industrialisation au début du XXe siècle, s’installent dans la région, papetières, alumineries et barrages hydroélectriques qui tirent profits des importantes ressources naturelles et d'un réseau hydrographique favorable au transport des marchandises.

À l'instar du déclin vécu dans la plupart des pays occidentaux depuis les années 1970, l’industrie lourde est dans une phase de ressac. Les Saguenéens, dont on vante souvent le dynamisme, l'hospitalité ainsi que leur nature joviale, ont déployé beaucoup d’efforts pour diversifier l’économie, particulièrement dans le secteur du tourisme qui, ces dernières années, a pris la forme d’éco-tourisme et de tourisme d’aventure. La Baie de Tadoussac, qui fait partie de l'association des plus belles baies du monde, attire un fort contingent de touristes internationaux venus admirer l'extraordinaire faune marine qui abonde à l'embouchure du Saguenay. Des spécimens de 8 des 13 espèces de cétacés à fanon (mysticètes), ainsi que 13 variétés de cétacés à dents (odontocètes) ont été observés dans ce secteur.

Le territoire du Saguenay – Lac-Saint-Jean s'étend 98 579 km2 de terre ferme faisant partie du Bouclier canadien. Seulement 11% de ce territoire est municipalisé. La région habitée, une zone dépressionnaire située surtout autour du Lac Saint-Jean et le long de la rivière Saguenay et de son fjord, bénéficie d’un microclimat, la plaine étant protégée par le massif montagneux l’entourant. On y retrouve des terres fertiles propices à l’agriculture, alors que sur la plus grande partie du reste du territoire, la forêt boréale domine. Les 281 675 habitants du Saguenay – Lac-Saint-Jean ont un niveau de scolarité plus élevé que la moyenne provinciale: 35% ont entrepris des études post-secondaires, comparativement 29,5% pour l’ensemble du Québec. Largement francophone et de souche française, une grande portion de la population, soit 72%, occupe des emplois dans le secteur tertiaire, alors que le secteur secondaire regroupe 21% des emplois et le secteur primaire 6%.

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Données statistiques de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Institut de la statistique du Québec

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Chronique de la restauration d'un milieu riverain au Saguenay Lac-Saint-Jean (Québec) entre 1996 et 1999.