Renoncule à feuilles chevelues

Fleur sauvage du Québec. Indigène.
(Voir le Sentier des fleurs sauvages)

Plante vivace aquatique, entièrement submergée à l'exception des fleurs. Celles-ci flottent à la surface de l'eau, révélant l'emplacement de tapis circulaires qui peuvent atteindre 3 m de diamètre dans l'eau tranquille.

Tige divisée et souple; feuilles petites (long. 25 à 50 mm), flasques et suivant les mouvements de l'eau, divisées en de nombreus segments capillaires; fleurs blanches à centre jaune de forme très semblable au bouton d'or: cinq pétales satinés et nombreuses étamines, le tout flottant au bout de long pédicelles (ramifications de la tige).

Fleurit en été dans les lacs, les rivières et les ruisseaux.


Les feuilles linéaires et souples ont inspiré le nom de la plante. Chez certaines variétés, les pétales sont plus étroits et nettements distants à la base.


Les talles de renoncules capillaires risquent d'être submergées à la moindre pluie.

La fleur s'ouvre au matin et se ferme le soir. Elle peut vivre 3 ou 4 jours.


Usage médical et culinaire:

Plante toxique, comme toutes les renoncules.

Territoire:

Pousse dans tout le Canada tempéré et au nord des États-Unis. Plus rare mais présente en Europe (nord).

Essentiel


«Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux»
Arthur Rimbaud, Ophélie

* * *


«Dans les climats d'où vient la myrrhe,
Loin des rivages, sur les flots,
Il naît une fleur qu'on admire,
Et dont l'odeur, quand on l'aspire,
Donne l'extase aux matelots.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il meurt sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Fleur tout prodige et tout mystère,
L'abîme amer est son berceau ;
Nul fil ne l'attache à la terre,
Nulle main ne la désaltère,
Nulle ancre ne la tient sous l'eau.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non!

Elle est pâle comme une joue
Dont l'amour a bu les couleurs ;
Et, quand la vague la secoue,
De son bouton qui se dénoue
Il pleut une sève de pleurs.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non!

Les cygnes noirs nagent en troupe,
Pour voir de près fleurir ses yeux ;
Le pêcheur, penché sur sa poupe,
Croit qu'une étoile du saint groupe
Est tombée, en dormant, des cieux.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non!

Elle ondoie avec la surface
Du courant qui croit l'entraîner ;
Mais le jour ou le flot qui passe
La retrouve à la même place
Où notre oeil semble l'enchaîner.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Le marin dit " Comment prend-elle
Sa douce vie au flot amer ?
Plante unique et surnaturelle,
Pour puiser sa sève immortelle,
Plonge-t-elle au fond de la mer ? "

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non !

Le secret de la fleur marine,
Je le sais par une autre fleur ;
Plante sans tige et sans racine,
Chacun cherche et nul ne devine
Que sa sève sort d'un seul cœur.

Savez-vous son nom ?
Le flot le soupire,
Il fuit sans le dire.
Savez-vous son nom ?
Oh non ! »

Alphonse de Lamartine

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