Savard Pierre

10 / 06 / 1936-04 / 10 / 1998
«De Québec à Ottawa : un historien du Canada français ouvert sur le monde

Personnage pittoresque, coloré, et qui adorait se laisser aller au récit, à l’anecdote, Pierre Savard a raconté les souvenirs de ses premières années, jusqu’à sa formation universitaire, dans toute une série de textes relativement cachés publiés depuis 1985 (la cinquantaine rend nostalgique...). Sa première formation lui vient des Servantes du Saint-Coeur de Marie, au couvent de Limoilou, qu’il fréquente de 1942 à 1949, dans ce qui s’appelait le pré-classique. Il passe de là au Séminaire de Québec (1949-1957) : c’est là qu’il fait ses «humanités» et qu’il acquiert les bases de cette culture si vaste mais légèrement passéiste que viendront accentuer ses études supérieures sur le XIXe siècle1.

Après une licence à Laval (1957-1960) ponctuée de deux voyages en Europe, le jeune Savard fait son D.E.S. (maîtrise, aujourd’hui) à Lyon, attiré là par le professeur André Latreille qu’il avait connu à Laval et qui l’a beaucoup marqué2. De retour à l’Université Laval qui l’engage comme professeur en 1961, il entreprend aussitôt son doctorat sur Jules-Paul Tardivel, qu’il termine quatre ans plus tard. Il se lançait ainsi dans l’histoire des idées et il a expliqué plus tard ce qui l’avait conduit à ce sujet : il a «été fasciné par le conflit entre les forces dites libérales réfugiées dans une faction de l’intelligentsia et celles du conservatisme3». Mais nous voici déjà dans l’oeuvre majeure de Savard.

À Québec (1961-1972)
Quand on pense à l’oeuvre scientifique de Savard, on associe aussitôt son nom à celui de Tardivel et de son ultramontanisme, et non sans raison. Cette thèse est son opus magnum, rédigé sous la direction de son maître Philippe Sylvain, qui l’accompagna dans ces recherches sur le libéralisme et l’ultramontanisme au XIXe siècle, un des thèmes majeurs de l’historiographie québécoise des années 19604. Mais Savard n’a pas produit une biographie de son héros, il ne s’est pas borné non plus à étudier son journal La Vérité, un hebdomadaire qu’il a dépouillé sur 25 ans, mais, recourant largement à la correspondance, il a voulu éclairer les relations de Tardivel avec la France et les États-Unis. Déjà s’annonçait l’ouverture de Savard au monde, qui sera un des traits fondamentaux de ses recherches et de ses préoccupations.

Ce sont les relations France-Québec qu’il privilégiera, par des recherches qui aboutiront à la publication de son étude sur Le consulat général de France à Québec et à Montréal de 1859 à 1914 (Presses de l'université Laval, 1970, 133 p.). Les travaux sur l’ultramontanisme entraînent tout naturellement notre auteur à des recherches sur le catholicisme québécois au XIXe siècle. C’est sur ce thème qu’il présente une communication au Congrès international des sciences historiques de Moscou en 1970, et son article sur «La vie du clergé québécois au XIXe siècle» (Recherches sociographiques, 1967) a fait date. Huit de ces travaux sur le catholicisme et l’ultramontanisme furent repris dans un ouvrage commode : Aspects du catholicisme canadien-français au XIXe siècle (Fides, 1980, 197 p.).

Quiconque s’occupe de catholicisme à la fin du XIXe siècle et de relations France-Québec croise inévitablement la question sociale. Au début de sa carrière le découvreur d’articles rares et oubliés publiera deux monographies préparées selon la méthode de Le Play par Gauldrée-Boilleau, le premier consul français à Québec, et Stanislas Lortie, jeune prêtre de Québec préoccupé de questions sociales5. On ne s’étonnera donc pas qu’on se soit adressé à Pierre Savard en 1991 pour traiter de l’influence de Rerum novarum au Canada français6.

Tenant à coeur son métier de professeur, notre collègue s’est tout naturellement intéressé à l’histoire de l’enseignement. De 1962 à 1965, il est le président fondateur de la Société des professeurs d’histoire du Québec (SPHQ). En 1968, il publie sa thèse de licence sur Les débuts de l’enseignement de l’histoire et de la géographie au Petit Séminaire de Québec dans un ouvrage collectif7.

En 1972, Pierre Savard quittait l’Université Laval, devenu déjà, à 36 ans, un professeur et un chercheur accomplis. Il passera le reste de sa vie à l’Université d’Ottawa.

À Ottawa (1972-1998)
En guise de cadeau d’adieu, si l’on peut dire, à Québec, il signe dans un numéro de Recherches sociographiques consacré à L’historiographie un bilan d’«Un quart de siècle d’historiographie québécoise, 1947-1972» (RS, 15, 1974, p. 77-96), où il étudie la «grande transformation des études historiques au Québec» durant cette période, avec ces jugements directs mais nuancés qu’on lui connaît. Il insiste beaucoup sur la sortie de l’histoire du «vase clos» ou du «circuit fermé».

Il prêchera dès lors par l’exemple, multipliant les initiatives et les engagements. Il devient en 1973 et demeure jusqu’en 1985 directeur du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF), succédant à Paul Wyczynski qui l’avait fondé en 1958. C’est là sans doute qu’il connut le plus grand rayonnement, s’ouvrant à tout le Canada français, particulièrement aux Franco-Ontariens8, et à toutes les disciplines des sciences humaines, notamment à la littérature, à laquelle il put apporter une contribution significative9. Il se lancera avec Wyczynski dans le projet Garneau, un projet d’édition critique des oeuvres de l’auteur de l’Histoire du Canada. Mais, sans que j’en sache vraiment la cause, il me confiait durant l’été 1998 que ce projet était bloqué10.

Les relations France-Québec restent son sujet de prédilection. Il en fait l’objet de son discours de réception à la Société royale du Canada en 1975 et multiplie les études, originales, sur ce thème aux multiples facettes11. C’est sans doute sa période d’activité la plus intense. Il dirige le Bulletin du Centre CRCCF, qui mue en 1984 pour devenir Cultures du Canada français. Il est le directeur de la Revue de l’Université d’Ottawa de 1976 à 1985. Que de colloques, de conférences, n’a-t-il pas organisés, pour favoriser des rencontres, provoquer des débats, faire progresser la recherche12. Faut-il citer tous les «Mélanges» qu’il a suscités ou auxquels il a participé, d’une manière ou d’une autre13.

L’un de ces articles de Mélanges, qui me paraît peut-être le meilleur, ouvre un nouveau champ de recherche de Savard, qui montre le mieux sa curiosité impénitente, son ouverture au monde et à l’Autre et son goût du voyage. Il s’agit de sa contribution aux Mélanges Wyczynski, «Voyageurs, pèlerins et récits de voyages canadiens-français en Europe de 1850 à 196014». Après sa présidence de la Société historique du Canada (1980-1981), il se plongera avec délices dans les pérégrinations de ces voyageurs, passant de l’Irlande à l’Italie, de Rome à la Sicile - qu’il sait encore nommer Trinacrie, pour mieux stigmatiser notre ignorance -, de l’Allemagne à l’Europe de l’Est15. Ces recherches, notre nouvel Ulysse va les présenter à toutes les associations - italienne, allemande, française - d’études canadiennes, qu’il encourage volontiers16.

Un autre de ses champs de prédilection, qui correspond avec une poussée générale de l’historiographie dans cette direction, est l’étude des mouvements de jeunes. Déjà, l’histoire du mouvement scout, auquel il avait lui-même participé, avait fait l’objet de ses premiers travaux dans les deux sociétés qui l’avaient élu, la Société royale du Canada en 1975 et la Société des Dix en 197917. Il y reviendra les années suivantes, et le dernier texte qu’il produisit, à l’été 1998, portait encore sur le scoutisme18. Mais sa contribution principale à cet égard est un article programme publié dans Les Cahiers d'histoire du Québec au XXe siècle en 1994, «Pour l’histoire des jeunes» (numéro 2, 1994, p. 119-131). C’était en même temps un retour sur sa propre expérience, comme en fait foi la dernière phrase de l’article : «Car personne n’a échappé à sa jeunesse, aventure personnelle et collective à la fois» (p. 128).

Voilà donc les principaux chantiers qu’a bûchés Pierre Savard. Le rencontrant plusieurs fois lors de mon séjour de recherche à Ottawa à l’été 1997, je lui suggérais vivement de délaisser ses picorages à gauche et à droite pour se concentrer sur ce qui pourrait devenir un beau livre, dans la veine de ses premiers, par exemple sur les voyageurs canadiens-français à l’étranger. Il m’avait montré dans son sous-sol tout un rayon de documentation rassemblée sur ce sujet. Mais je sentais bien que c’était un genre qu’il avait abandonné, incapable de se limiter à un seul objet alors que tant d’autres le sollicitaient.

Ce qui contribua beaucoup à cet éparpillement, c’est sa participation active à la Société des Dix. Vieille institution qui lui permettait de retourner régulièrement dans sa bonne ville natale de Québec, la vénérable société, dont le type de sociabilité lui convenait parfaitement et à laquelle il était très attaché, a repris du poil de la bête à partir de 1989, après être venue bien près de rendre l’âme19. On imagine sans mal ce que la production d’un article par année peut exiger. Savard n’y a pas manqué, et en parcourant les Cahiers de 1989 à 1996 (et bientôt 1999), on peut retrouver la plupart de ses grands chantiers de recherche20.

Oui, Pierre Savard aura laissé sa marque parmi nous. Ce «nous» n’inclut pas que les historiens professionnels; Savard avait aussi le souci de la diffusion de l’histoire et la voulait accessible au plus grand nombre. Relisons à cet effet quelques lignes de son discours présidentiel de 1981 à la Société historique du Canada, qui nous serviront de conclusion : «Nous devons nous redire sans cesse que nous travaillons pour l’honnête homme de notre temps, et non seulement pour les rares collègues qui liront notre prose dans quelque revue spécialisée. [...] Être historien, c’est accepter de ne pas espérer changer le monde à court terme. Cependant, il faut espérer changer quelque chose, sinon notre métier serait bien vain21.»»

Guy Laperrière
professeur d'histoire
Université de Sherbrooke

Notes
1. «Un garçon chez les soeurs», AREQ (Association des religieuses enseignantes du Québec), vol. 30, n° 4, juin 1991, p. 12-15; «Étudier au Séminaire [de Québec] dans les années cinquante : réminiscences d’un externe», Cap-aux-Diamants, vol. 4, n° 1, print. 1988, p. 33-35. On pourra avoir une idée de ce que cette culture a donné comme fruits en lisant «L’Antiquité dans la culture du Canada français», Cultures du Canada français, no 2, automne 1985, p. 5-12. .
2. «Un grand professeur, un maître-historien et un ami des Canadiens : André Latreille (1901-1984)», Solitude rompue; textes réunis par Cécile Cloutier-Wojciechowska et Réjean Robidoux en hommage à David M. Hayne, Éd. de l’Université d’Ottawa, 1986, p. 332-339. Savard a décrit son année d’étude en France (1960-1961) et l’ensemble de ses séjours dans ce pays qu’il chérissait tant dans «Un Québécois en France», Les cahiers d’histoire du Québec au XXe siècle, n° 7, printemps 1997, p. 133-145.
3. «À la recherche de Tardivel ou quatre lustres chez les ultramontains», L’essai et la prose d’idées au Québec, Fides, 1985, p. 313-318 (citation p. 313; pour les incultes de mon espèce, précisons qu’un lustre, expression typique de la culture fleurie de Savard, désigne une période de cinq ans). Notre thésard définit bien son approche : «il s’agissait moins de blâmer ou de louer que de contribuer à l’intelligence d’un système de pensée, d’une vision du monde» (p. 314).»
4. Jules-Paul Tardivel, la France et les États-Unis, 1851-1905, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1967, xxxvii-499 p. Parmi les produits dérivés, on peut inscrire un «Classiques canadiens» (n° 38), Jules-Paul Tardivel, Montréal, Fides, 1969, 95 p. et l’article «Tardivel, Jules-Paul» du Dictionnaire biographique du Canada, vol. XIII, 1994, p. 1097-1101.
Sur son maître Sylvain, voir «Philippe Sylvain et nous», Les Cahiers des Dix, n° 49, 1994, p. 9-19; pour ce que Sylvain pensait de son disciple, lire «Présentation de M. Pierre Savard par M. Philippe Sylvain», dans Société royale du Canada, Présentation, 1975-76, p. 57-66.
5. Paysans et ouvriers québécois d’autrefois : Paysan de Saint-Irénée de Charlevoix en 1861 et 1862, par Charles-Henri-Philippe Gauldrée-Boilleau et Compositeur typographe de Québec en 1903, par Stanislas-Alfred Lortie, reproduits de la série Les Ouvriers des Deux Mondes, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1968, 153 p. Savard a aussi rédigé la biographie de Lortie pour le Dictionnaire biographique du Canada, vol. XIV, 1998, p. 720-722.
6. Au Colloque international de l’École française de Rome en avril 1991 (publié en 1997) et à celui de l’Université Laval en mai 1991 (publié en 1993).
7. Marc Lebel, Pierre Savard, Raymond Vézina, Aspects de l’enseignement au Petit Séminaire de Québec (1765-1945), Québec, Société historique de Québec, 1968, p. 79-143. Cette thèse de licence ès lettres avait d’abord été publiée dans la Revue d’histoire de l’Amérique française, chacun des trois chapitres faisant l’objet d’un article (RHAF, vol. XV-XVI, mars, juin, sept. 1962).
8. Pour un bonne synthèse, couvrant la période 1867-1987, voir «Relations avec le Québec», dans Cornelius J. Jaenen (dir.), Les Franco-Ontariens, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1993, p. 231-263. Pour une présentation synthétique des activités du Centre, voir, par exemple, «Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (C.R.C.C.F.) de l’Université d’Ottawa», dans René Dionne (dir.), Quatre siècles d’identité canadienne, Montréal, Bellarmin, 1983, p. 97-112.
9. Il participe notamment à l’entreprise de Jeanne d’Arc Lortie poursuivie par Yolande Grisé de l’édition intégrale des Textes poétiques du Canada français, 1606-1867 en cours chez Fides depuis 1987 et qui en est au vol. 10 (1863-1864) en 1998.
10. Ce qui ne l’a pas empêché de publier sur Garneau et ses descendants, notamment dans la Revue d’histoire littéraire du Québec et du Canada français (no 2, 1980 et no 7, 1984), ainsi que dans la RHAF (vol. 28, no 4, 1975). Voir aussi sa biographie de Garneau dans le Dictionnaire biographique du Canada, vol. IX, 1977, p. 327-336, écrite en collaboration avec Paul Wyczynski.
11. «[Les rapports franco-canadiens de 1763 à 1960]», dans Société royale du Canada, Académie des Lettres et des Sciences humaines, Présentation, 1975-76, p. 67-76. Parmi ses autres articles sur les relations France-Québec de cette époque, citons : «L’ambassade de Francisque Gay au Canada en 1948-49», Revue de l’Université d’Ottawa, vol. 44, 1974, p. 5-31; «Montalembert au Canada français : un aspect des relations culturelles des Deux Mondes (1830-1930)», Canadian Literature, n° 83, 1979, p. 32-49; ainsi qu’un bilan : «Les Canadiens français et la France de la «Cession» à la Révolution tranquille», dans Paul Painchaud (dir.), Le Canada et le Québec sur la scène internationale, Québec, Centre québécois de relations internationales, 1977, p. 471-495.
12. Signalons-en deux : «Lamennais», Revue de l’Université d’Ottawa, vol. 57, n° 3, juillet-septembre 1987, 113 p., et «La morale prescrite et vécue au Canada français de l’après-guerre, 1945-1960», Cultures du Canada français, no 8, 1991, p. 7-100?
13. Sans prétendre être exhaustif, mais pour donner une idée de ses relations intellectuelles, citons, par ordre chronologique, les mélanges suivants : André Latreille (1972), Paul Wyczynski (1977), Marcel Trudel (1978), Luc Lacourcière (1978), Guy Frégault (1981), Jean-Charles Falardeau (1982), Philippe Sylvain (1985), David M. Hayne (1986), Louis-Albert Vachon (1989), Réjean Robidoux (1992).
14. Dans Mélanges de civilisation canadienne-française offerts au professeur Paul Wyczynski, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1977, p. 241-265.»
15. «Lettres québécoises et canadiennes-françaises en Trinacrie», Revue d’histoire littéraire du Québec et du Canada français, no 5, 1983, p. 287-289; «Voyageurs canadiens-français dans l’Allemagne de Bismarck et de Guillaume II», Zeitschrift der Gesellschaft für Kanada-Studien, n° 1, 1983, p. 55-64; «L’Italie dans la culture canadienne-française au XIXe siècle», dans Nive Voisine et Jean Hamelin (dir.), Les ultramontains canadiens-français, Montréal, Boréal Express, 1985, p. 255-266 et 340-342; «Deux voyageurs canadiens-français [A.-B. Routhier et J.-P. Tardivel] dans l’Irlande d’il y a cent ans», Les Cahiers des Dix, n° 44, 1989, p. 183-198; «La Rome de Pie IX jugée par un prêtre québécois [l’abbé P.-T. Sax, en 1850-51]», Centre académique canadien en Italie, Annali accademici canadesi, vol. VI, 1990, p. 5-31; «Minorités et paix internationale: Jean Bruchési en Europe de l’Est en 1929», Les Cahiers des Dix, n° 50, 1995, p. 235-254.
16. Et il ne se lasse pas de revenir sur différents aspects des relations France-Québec : «Sur le mythe normand au Canada français», Études canadiennes / Canadian Studies, vol. 12, n° 21, 1986, p. 47-57; «Du lac Saint-Jean au Texas : Claudio Jannet à la recherche de l’Amérique idéale», Revue française d’histoire d’outre-mer, tome 77, n° 288, 1990, p. 3-19; «Une belle amitié transatlantique : Adolphe-Basile Routhier et Claudio Jannet, 1874-1894», Les Cahiers des Dix, n° 46, 1991, p. 183-206.
17. «Affrontements de nationalismes aux origines du scoutisme canadien-français», Mémoires de la Société royale du Canada, 4e série, tome XVII, 1979, p. 41-56; «L’implantation du scoutisme au Canada français», Les Cahiers des Dix, n° 43, 1983, p. 207-262.
18. «Pax Romana, 1935-1962 : une fenêtre étudiante sur le monde», Les Cahiers des Dix, n° 47, 1992, p. 279-323; «Quels types de chrétiens a formés le scoutisme? L’exemple du Canada», dans G. Cholvy et M.-T. Chéroutre (dir.), Le scoutisme. Quel type d’homme? Quel type de femme?, Quel type de chrétien? Paris, Cerf, 1994, p. 225-235; «Ô Canada! 1955», Journal of Canadian Studies / Revue d’études canadiennes, vol. 32, n° 1, 1997, p. 153-162, qui traite du 8e jamboree scout mondial de Niagara-on-the-Lake en août 1955. Le dernier article qu’il nous a montré à l’été 1998 portait sur le scoutisme et était sans doute destiné au n° 53, 1999, des Cahiers des Dix.
19. À l’été 1998, Savard n’était pas peu fier de m’annoncer qu’elle avait enfin élu une femme parmi ses membres.
20. Ne signalons ici que son étude sur la fortune de Péguy au Canada français, «Notre Péguy», Les Cahiers des Dix, n° 45, 1990, p. 193-216.
21. «Splendeurs et misères de Clio», [Société historique du Canada], Communications historiques, 1981, p. 1-7, citation p. 6.

Une version légèrement modifiée de ce texte a paru dans le numéro 10 des Cahiers d'histoire du Québec au XXe siècle


À la fin de la route

Nous avons vivement apprécié les aimables témoignages de sympathie que nous avons reçus lors du décès de mon mari. Son départ a été si soudain et si inattendu que de nombreux amis m'ont demandé d'expliquer ce qui s'était passé. En bref, il est mort des suites d'une hémorragie interne, attribuable à un accident médical tragique et atroce. Contrairement à ce qui a été rapporté dans un journal local, il n'est pas mort d'un cancer.

Nous avons reçu plus de trois cent lettres de condoléances et d'hommages à Pierre. Quelque neuf cent personnes nous ont accompagnés au salon funéraire, à ses obsèques, ou à la messe célébrée à sa mémoire à Québec. Des hommages publics lui ont été rendus ici et à l'étranger; une bibliothèque et deux bourses ont été établies à son nom, perpétuant ainsi sa mémoire.

Ces gestes généreux, ainsi que tant d'autres, nous ont profondément touchés. Je regrette de ne pas être en mesure d'exprimer ma gratitude de façon plus personnelle. Je m'excuse aussi de ne pas avoir pu vous remercier plus tôt. Je suis accablée par la douleur.

Pourtant, je dois trouver du réconfort à la pensée de la grande sérénité de Pierre devant la mort. Deux jours avant de tomber dans un sommeil profond dont il ne s'est jamais réveillé, il a demandé qu'on lise deux passages des Saintes Écritures lors de ses funérailles. Le premier (Luc 3: 1-20) décrit l'oeuvre de Jean-Baptiste; le deuxième relate comment le Seigneur a accompagné deux de ses disciples sur la route d'Emmaus (Luc 24: 13-35). Je crois que mon bien-aimé a atteint son «Emmaus» à lui, même si la «route» de sa vie a été abrégée de façon si brutale. C'était toujours pour moi un honneur et un privilège indicibles que d'être à ses côtés.

Susan Savard, épouse de Pierre


Voir aussi:

Articles


Le gentleman de l'histoire

Benoît Lacroix



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