Hadler Nortin M.

par Hélène Laberge

«Quand un médecin se double d'un sage, il est l'égal d'un dieu!» (Platon)

 Tous, nous sommes assaillis à toute heure par une masse d'informations médicales, thérapeutiques, pharmaceutiques sur les maladies qui nous menacent ou qui nous atteignent. Nous courons à l'urgence aux premiers symptômes ou nous trépignons d'une impatience angoissée lorsqu'une consultation  s'avère impossible ou trop tardive.

 À titre préventif ou curatif, les publications du docteur Nortin Hadler sont des points de repère sûrs et rassurants. Ce médecin a réussi au cours d'une carrière de plusieurs décennies une synthèse rare dans la pratique médicale : jumeler un sens clinique enraciné dans une grande culture à une parfaite connaissance des recherches scientifiques les plus récentes et les plus rigoureuses. Grâce au docteur Fernand Turcotte1 qui en a assuré la traduction, quatre livres de Nortin Hadler ont été publiés aux Presses de l'Université Laval. Les parcourront avec un intérêt soutenu tous ceux qui souhaitent préserver leur autonomie face au système de santé et, en cas de maladie, sont à la recherche du meilleur point de vue sur le traitement à subir ou à éviter. Nous présentons succinctement ces quatre livres :

 1- Le dernier des bien portants avec ce sous-titre étonnant : Comment mettre son bien-être à l'abri des services de santé. Les Presses de l'Université Laval, 2008. Titre anglais : The last well person : how to stay well in spite of the health-care system. McGill-Queen's University Press. 2004.

 Et tout aussi étonnants les thèmes traités car ils vont à l'encontre à la fois des diktats véhiculés par les médias et des croyances populaires:

 1 La chirurgie cardiaque des pontages : est une perte de temps, d'énergie et d'argent.

2 Le traitement du cancer de la prostate fait plus de tort que de bien.

3 Le dépistage du cancer du sein : n'est pas toujours efficace

4 La douleur chronique : mieux vaut consulter le thérapeute que le pharmacien.  :  

«Dans ce tour de force provocant, le docteur Norton Hadler met en doute les dogmes médicaux à la mode. Un livre de base pour tous ceux qui aspirent à une vie heureuse à l'abri des excès des services de santé.» (Clifton Meador, directeur général, Meharry Vanderbilt Alliance).

 Avant que les fanatiques d'un certain modèle médical ne crient au charlatanisme, précisons qui est le docteur Hadler! Il est actuellement professeur de médecine et d'immunologie à l'University of North Carolina à Chapel Hill et consultant en rhumatologie des hôpitaux liés à cette prestigieuse université. Diplômé de Yale et de Harvard, médecin et professeur renommé, il a enseigné en Amérique et à l'étranger puis témoigné au Congrès et devant la régie de la sécurité sociale des États-Unis. Il est consultant et commentateur aux nouvelles du réseau ABC et a fait l'objet de reportages dans le New York Times, Discover Magazine et Business Week. Il est l'auteur de 13 volumes et de plus de 200 articles publiés dans des revues médicales.

 

2- Malades d'inquiétude? Diagnostic : la surmédicalisation! Les Presses de l'Université Laval, 2010. Traduction de Fernand Turcotte

Titre anglais : Worried Sick. A Prescription for Health in an Overtreated America. The University of North Carolina Press, 2008.

 «On ne peut qu'approuver Nortin Hadler lorsqu'il écrit que, dans le bruit de fond médiatique qui nous entoure, il faut distinguer les faits qui sont scientifiquement prouvés. (…) Les médecins en exercice y trouveront matière à réflexion pour appliquer un principe essentiel en médecine : avant tout ne pas nuire.» p. IX et XII. (Préface de Charles Joël Menkès).

 Ne pas nuire! Les femmes auront particulièrement profit à lire le chapitre sur la prévention du cancer du sein. «L'iatrogénèse, écrit Hadler, est le terme qu'on utilise pour désigner toute intervention médicale qui fait du tort. Il est devenu indiscutable que l'épopée du cancer du sein soit plus mémorable pour l'iatrogénèse qu'elle a provoquée que pour les bienfaits qu'elle aurait procurés.»p. 105 À lire absolument l'étude du dépistage par mammographie des femmes de Malmö (Suède), une étude entreprise en 1976 et poursuivie pendant plusieurs années. «Tant pour les femmes ayant un cancer non envahissant que pour celles chez qui l'on a trouvé un cancer qui ne les aurait pas ennuyées de leur vivant, ainsi que celles qu'on a traitées pour un cancer envahissant mais qui décéderont d'une autre maladie, le dépistage devient une entreprise menant au sur-diagnostic et au sur-traitement.»p. 107

 3- Poignardé dans le dos. Affronter le mal de dos dans une société surmédicalisée. Les Presses de l'Université Laval, 2010. www.pulaval.com Traduction de Fernand Turcotte.

Titre anglais : Stabbed in the back : confronting back pain in an overtreated Society. The University of North Carolina Press, 2009.

 «En bousculant nos certitudes, ce livre aura l'immense avantage de faire réfléchir médecins et chirurgiens sur leurs pratiques et contribuera sans doute à réduire les peurs et les croyances nuisibles des lombalgiques. (...) Il rappelle clairement que toute douleur résulte certes d'une lésion locale, mais que sa persistance au-delà de quelques semaines fait intervenir de multiples facteurs de chronicité, psychologiques, comportementaux, sociaux, voire historiques et politiques» (Michel Revel, professeur de médecine et réadaptation, Université de Paris, Hôpital Cochin).

 «Nortin Hadler fait découvrir le surtraitement d'une maladie parfois artificielle à l'aide d'une enquête scientifique qui s'avère irrésistible» (Mehmet Oz M.D. New York Presbiterian Hospital, College of Physicians and Surgeons, Columbia University, professeur associé à titre étranger Hôpital Cochin, Université Paris V).

 4- Repenser le vieillissement, Vieillir et bien vivre dans une société surmédicalisée, Les Presses de l'Université Laval, 2013.www.pulaval.com Traduction de Fernand Turcotte.

Titre anglais : Rethinking Aging. Growing old and Living Well in an Overtreated Society. The University of North Carolina Press, 2011.

 Le docteur Hadler a grandi dans une famille d'origine ukrainienne émigrée aux États-Unis. Son père fut admis à la faculté de médecine de Harvard et obtint son diplôme en 1929. C'était l'époque ou les médecins traitaient les malades à domicile et le jeune Nortin accompagna son père dès l'école primaire.«J'observais le regard de mon père et sa démarche alors qu'il vaquait au traitement des maladies affligeant ses patients fragiles et décrépits. J'ai toujours ce regard à l'esprit quand je me trouve au chevet de quelqu'un de nos jours.» Une vocation médicale transmise de façon si humaine du père au fils...

 «Avec ce guide éclairant, Hadler recommande avec insistance de meilleures options de soins de fin de vie qu'un dernier séjour solitaire et traumatique à l'hôpital.» (Publishers Weekly).

 «Faut-il transformer en maladies le ''grisonnement'' de nos tissus? Notre peau, nos vaisseaux, nos muscles et nos tendons, notre cartilage articulaire, nos testicules et nos ovaires, nos yeux, notre cerveau, tous nos organes sont soumis comme nos cheveux à un ''grisonnement'' programmé qui peut être modulé par les avatars de la vie. (…) Ce livre est un appel au bon sens des médecins mais aussi des malades, C'est aussi un pamphlet contre tous les messages alarmistes concernant le vieillissement , une vigoureuse mise en garde contre la prolifération des suggestions diététiques ou des traitements dits ''préventifs'' des maladies ou des simples misères de l'âge, tout cela complété par l'usage des tests destinés au diagnostic mais détournés comme tests de dépistage» p. XIII. (Bernard Amor, professeur émérite, Université René Descartes, Paris V).

 De son père, Nortin Hadler a aussi reçu l'amour de la poésie et il termine l'Avant-propos de son livre par un sonnet de William Shakespeare :

 

Contemple en moi cette époque de l'année

Oú des feuilles jaunies, aucune, quelques-unes pendent,

À ces branches tremblant contre le froid,

Chapelles en ruine oú naguère chantèrent doucement des oiseaux.

En moi tu vois le crépuscule de certain jour

Qui après le couchant s'éteint à l'occident

Qu'insensiblement la nuit noire fait disparaître

La servante de la mort enfermant toute chose au repos.

En moi tu vois la lueur de certain feu

Couché sur les cendres de sa jeunesse,

Comme sur le lit de mort oú il va expirer,

Consumé par ce qui l'avait nourri.

Tu comprends tout cela qui fait ton amour plus fort,

Pour aimer ce que tu devras bientôt quitter.

(Quarante sonnets de Shakespeare traduits par Jean-François Peyret pour servir à la scène, Actes Sud, 1990).

 

Notes

1.                  Fernand Turcotte a été professeur au Département de médecine sociale et préventive, dont il est un des co-fondateurs et médecin au Centre hospitalier universitaire de Québec, pavillon CHUL. Outre les livres ci-haut cités, il a également traduit deux ouvrages de H. Gilbert Welch Dois-je me faire tester pour le cancer? Peut-être pas et voici pourquoi et Le surdiagnostic. Rendre les gens malades par la poursuite de la santé.

 

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