Malvoyance
Ce livre auquel ils ont travaillé pendant des années avec l'aide d'amis malvoyants, de parents d'enfants atteints de ce handicap et des principaux organismes spécialisés en malvoyance en France, est une mine d'explications, de renseignements, d'anecdotes souvent humoristiques, mais de cet humour qui est la signature du courage. C'est en ouvrant les yeux de Monique sur la malvoyance qu'Hervé le malvoyant ouvre les nôtres. Ouvrir les yeux implique de voir, donc de regarder le malvoyant et de ne pas se détourner de lui.
Or l'éternel problème dans nos rapports avec les personnes handicapées, c'est qu'à moins d'avoir été sensibilisés à telle forme ou telle forme de handicap par un proche qui en est atteint, nous éprouvons devant elles une peur animale, la peur de connaître un sort analogue. Et plus nous nous détournons, plus nous nous enfonçons dans l'ignorance de l'aide que nous pouvons lui apporter. Plus nous nous éloignons de notre humanité. Ce que Monique (aux yeux bien ouverts par Hervé) nous demande au nom de tous les malvoyants, ce n'est ni la fausse pitié, ni la compassion, ni le maternage, c'est de savoir les regarder d'un regard humain. Et les ayant regardés, d'apprendre à communiquer avec eux par la parole et le toucher. La parole en particulier doit suppléer à la mimique, au sourire, au hochement de tête, au clin d'oeil, à toutes les façons silencieuses par lesquelles nous entrons en contact avec les voyants. Il s'agit de faire agir nos autres sens comme le malvoyant lui-même. Devenir soi-même malvoyant par réflexion. Un peu d'imagination, quelques exercices de cécité volontaire dans l'obscurité, suggère Monique, et nous voilà devenus un peu plus sensibles au sort du malvoyant. Si nous aidons un porteur de canne à traverser une rue, c'est par la parole que nous le guiderons ou par le geste à condition de l'en prévenir. Des mots et des gestes tout simples: Je vous prends le bras si vous le désirez. Où allez-vous? Puis-je vous être de quelque secours? etc.
Le livre regorge de situations vécues où tous les aspects de la relation entre voyants et malvoyants sont touchés, les maladresses, les quiproquos, de part et d'autre. Comme le dit si bien Claude Foucher, vice-président de RETINA FRANCE qui signe la préface: « Surtout, ne prenez pas cet ouvrage pour un livre sur le handicap! C'est un carnet de voyage (...) C'est un ouvrage impressionniste, bien plus efficace qu'un livre scientifique pour faire admirablement comprendre non seulement ce qu'est la malvoyance, mais surtout, la différence.» Ajoutons que c'est aussi un ouvrage éducatif au sens le plus plein du mot, toujours avec bonne grâce, sans prêchi-prêcha, nous montrant à travers les diverses situations de la vie quotidienne comment nous pouvons voir les malvoyants et entrer en relation avec eux. «Vous ne rencontrez pas de malvoyants, dit Monique. Méfiez-vous ! Ils passent souvent incognito. Ils forment 2-3% de la population mais une minorité seulement utilise la canne. Je n'ai remarqué ma voisine malvoyante qu'après 15 ans et à cause de mon projet... qui m'a ouvert les yeux !»
Ajoutons que les lecteurs français trouveront une foule de renseignements sur les multiples ressources disponibles, depuis les services publics, hôpitaux, associations , commerces jusqu'aux écoles de chiens-guides.
H.L.
Au Québec, deux adresses:
Institut Nazareth et Louis Braille
1111 rue Saint-Charles ouest
Montréal, J4K 5G4
Tél. 450 463-1710 ou 800 361-7063
INCA (Institut National Canadien pour les Aveugles)
2155 rue Guy, 7e étage, bureau 750
Montréal, H3H 2R9
Tél.: 514 934-4622 ou 800 465-4622.
Voir les sites dans R.S.D.