Chantal Jeanne de

23 janvier 1572-13 décembre 1641

Cette section du présent dossier est un commentaire d"Hélène Laberge sur le livre suivant:
Jeanne de Chantal, Une femme accomplie, par Benoît Lemaire1. Il a été publié en ce 4e centenaire de la fondation de la Visitation (1610-2010)2.

«Épouse, mère de famille, administratrice, moniale et fondatrice! L'existence de cette femme du début du XVIIe siècle nous étonne déjà par l'extrême richesse d'une vie d'exception. Mais l'essentiel est ailleurs! Jeanne de Chantal occupe une place tout à fait unique parmi ceux qui ont marqué spirituellement l'aube de la modernité: pionnière auprès de saint François de Sales, elle est même qualifiée par Vincent de Paul comme « une des plus saintes âmes qu'il ait connues sur terre ».
Extrait de la post face du livre.

Benoît Lemaire présente Jeanne de Chantal (1572-1641) sans céder à la tentation de l'idéaliser comme la canonisation peut inciter certains biographes à le faire. C'est qu'il n'a aucune raison de surenchérir sur la vie de cette merveilleuse femme ; il lui aura suffi de rendre compte de ses divers méandres.

« Il y a quatre cents ans, Jeanne de Chantal et François de Sales fondaient une nouvelle communauté à une époque désolante pour la chrétienté à cause de la faible pratique religieuse, de la guerre des religions, du jansénisme et d'un clergé souvent médiocre, voire scandaleux. » p. 7 (…) On a dit de François de Sales qu'il était le plus humain des saints et le plus saint des humains. (…) Si la vie humble et cachée de Jeanne se déroula à l'ombre de son maître, Henri Bremond, cité par Benoît Lemaire, soutiendra « qu'elle apprendra (à François ) plus de choses qu'il lui en apprendra lui-même. » p. 8.

Cette femme a d'abord connu une vie heureuse avec son mari, comme en font foi sa douleur et le désespoir qui s'ensuivit lorsque son mari, le baron de Chantal, fut tué accidentellement à la chasse. Elle a alors vingt-huit ans et vient de mettre au monde son quatrième enfant. (Soulignons en passant que son fils premier-né, Celse-Bénigne, sera le père de Mme de Sévigné). «Elle rend les derniers honneurs à son cher défunt avec beaucoup d'honneur et de courage, mais avec des déluges de larmes incomparables. » Suivra une période où le poids de ce deuil sera si lourd qu'elle deviendra «maigre comme un squelette», dira son entourage.

Comme tant d'êtres humains, elle connaîtra alors de violentes tentations contre la foi sans pour autant cesser d'orienter son âme vers Dieu par la prière. Et c'est des années plus tard qu'elle aura «le bonheur incomparable» de rencontrer celui qui deviendra son maître spirituel, François de Sales, en qui elle pourra enfin déposer le fardeau de ses doutes et de ses luttes intérieures.

François de Sales lui écrira: «Dieu me force à vous parler en confiance... depuis quelque temps vous me venez toujours autour de l'esprit, non pas pour me distraire, mais pour me plus attacher à Dieu... » p. 14 C'est le début d'une merveilleuse correspondance. (Jeanne de Chantal aura écrit près de 3 000 lettres à diverses personnes). On connaît la suite: avec le soutien spirituel de François de Sales,- qui en approuvera les Constitutions -, Jeanne de Chantal fondera les monastères de la Visitation voués à la vie contemplative. Bien que Jeanne ait désiré que «cet Institut s'étendît du côté de la racine plutôt que du côté des branches», au fil des ans et des siècles, seront créés près de quatre-vingts monastères.

Le livre se lit d'un trait tant il touche avec une aimable rigueur (dont des repères biographiques insérés de façon très pertinente au centre du livre) tous les aspects de la vie spirituelle de Jeanne: comme le montrent ces titres: « Chercher Dieu dans la nuit. Espérer contre toute espérance. Être petit en humilité et grand en espérance. Tout faire par amour et rien par force».

C'est le chemin que parcourent tous les mystiques quelle que soit leur religion ou leur philosophie. Il s'agit, comme l'a fait Jeanne de Chantal, de ne pas abandonner la main invisible de Dieu. «Jeanne de Chantal répond aux besoins de notre époque, écrit Benoît Lemaire dans sa Préface. Ceux et celles qui travaillent à la promotion de la femme trouveront en elle un modèle de réalisation personnelle. Ceux et celles qui rêvent de réformes en Église seront inspirés par le témopignage de celle qui a cru plus à l'efficacité d'une vie sainte qu'à une contestation des structures ecclésiales pour sauver le monde.»

Notes
1.Pour se procurer ce livre: Sr Thérèse Roy Visitandines de Québec, 2655, rue Le Pelletier, Beauport (Québec) G1C 3X7 Canada

2. En août 2010, à Monthelon, au château de Chantal, étaient réunies des centaines de personnes venues prier Jeanne et évoquer le souvenir de «not' bonne dame» en ce quatre-centième anniversaire de la fondation de la Visitation.En réservant «les trésors de sa tendresse aux plus délaissés, elle assistait dans leur détresse les malheureux, les affligés». On trouvera sur le site suivant l'article de Alain Legros, publié dans le Journal de Saône et Loire du 23 août 2010.
http://www.lejsl.com/fr/votre-region/autun/article/3659673,1453/Jeanne-de-Chantal-not-bonne-dame.html

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