Essentiel
Promenade de la poétesse
Marie Noël, dans la campagne autour de Blois, en compagnie de son parrain, Raphaël Périé.
« C'était en juin. Un jour, le plus beau jour de l'été, ils m'emmenèrent avec eux dans la forêt d'alentour et quand nous l'eûmes traversée, nous nous trouvâmes dans un pays dont je ne sais plus le nom, où les gens étaient en train défaire les foins. Nous y avons marché toute la journée, rencontrant toutes sortes d'oiseaux, de plantes, de bestioles (même une courtilière), avec qui mon parrain et ma marraine étaient en connaissance et qu'ils interpellaient par leurs noms gentils.
« Et mon parrain prit dans sa main la courtilière qui fut tellement saisie, ou fâchée, qu'elle lâcha dedans, brusquement, son petit oeuf (ou petite crotte) de courtilière.
« Tous les champs et les chemins étaient en fleur. Il y avait par là des prés, des ruisseaux, une jolie maison fermée et silencieuse qui s'appelait « la Bicoquette », et, dans le haut d'une pente, un peu plus loin, une petite église toute seule dans l'herbe.
Puis, en bas, vers le soir, il y eut un village (je crois qu'il s'appelait Molineuf ), avec des maisons au toit baissé, de petites fenêtres, des géraniums, des oieillets, des marguerites..., des fumées. De l'une des maisons qui se tenait à l'écart, sortit une vieille femme fée avec son bâton et son nez crochu, et elle nous donna des graines de ses gueules-de-loup merveilleuses.»
Raymond Escholier, Marie Noël,
La neige qui brûle, Stock, Paris 1968, p140.
Essentiel
Promenade de la poétesse
Marie Noël, dans la campagne autour de Blois, en compagnie de son parrain, Raphaël Périé.
« C'était en juin. Un jour, le plus beau jour de l'été, ils m'emmenèrent avec eux dans la forêt d'alentour et quand nous l'eûmes traversée, nous nous trouvâmes dans un pays dont je ne sais plus le nom, où les gens étaient en train défaire les foins. Nous y avons marché toute la journée, rencontrant toutes sortes d'oiseaux, de plantes, de bestioles (même une courtilière), avec qui mon parrain et ma marraine étaient en connaissance et qu'ils interpellaient par leurs noms gentils.
« Et mon parrain prit dans sa main la courtilière qui fut tellement saisie, ou fâchée, qu'elle lâcha dedans, brusquement, son petit oeuf (ou petite crotte) de courtilière.
« Tous les champs et les chemins étaient en fleur. Il y avait par là des prés, des ruisseaux, une jolie maison fermée et silencieuse qui s'appelait « la Bicoquette », et, dans le haut d'une pente, un peu plus loin, une petite église toute seule dans l'herbe.
Puis, en bas, vers le soir, il y eut un village (je crois qu'il s'appelait Molineuf ), avec des maisons au toit baissé, de petites fenêtres, des géraniums, des oieillets, des marguerites..., des fumées. De l'une des maisons qui se tenait à l'écart, sortit une vieille femme fée avec son bâton et son nez crochu, et elle nous donna des graines de ses gueules-de-loup merveilleuses.»
Raymond Escholier, Marie Noël,
La neige qui brûle, Stock, Paris 1968, p140.