Espace public

Alain Létourneau résume le livre dans lequel Habermas introduit en 1962 la notion d'espace public:
«L'espace public, c'est un ensemble de personnes privées rassemblées pour discuter des questions d'intérêt commun. Cette idée prend naissance dans l'Europe moderne, dans la constitution des espaces publics bourgeois qui interviennent comme contrepoids des pouvoirs absolutistes. Ces espaces ont pour but de médiatiser la société et l'État, en tenant l'État responsable devant la société par la publicité, la Öffentlichkeit dont parlait Kant. La publicité critique suppose d'obtenir l'information requise sur le fonctionnement de l'État, afin que celui-ci puisse être examiné et critiqué sous l'oeil de l'opinion publique.» («Remarques sur le journalisme et la presse au regard de la discussion dans l'espace public», dans Patrick J. Brunet, L'éthique dans la société de l'information, Québec et Paris, Presses de l'Université Laval et L'Harmattan, 2001, p. 49.)

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Essentiel

Comme le rappelle Alain Létourneau, «l'espace public renvoie à un idéal non restreint de discussion rationnelle des affaires publiques. La discussion est alors vue comme devant être ouverte à tous. Le résultat d'une telle discussion serait l'opinion publique en tant que consensus sur le bien commun. [...] Selon Habermas, le plein potentiel utopique de l'espace public n'a jamais été réalisé en pratique, pas plus que l'exigence d'ouverture universelle.» («Remarques sur le journalisme et la presse au regard de la discussion dans l'espace public», op. cit., p. 49-50.)

Enjeux

Dans une entrevue à Reset, un journal italien, Habermas soutenait que «l'Union Européenne ne devrait plus s'appuyer sur une série de traités. Elle a besoin d'une nouvelle fondation politique qui soit endossée par les citoyens dans un référendum sur la constitution européenne. Cette constitution déterminerait les responsabilités respectives de Bruxelles, des États nations et des régions. Les leviers du pouvoir devraient se situer à un niveau transnational, renforçant le parti européen, la société civile et l'opinion publique.»
Avons-nous vraiment besoin d'une Europe néo-libérale qui tolère les inégalités et l'exploitation, demande Habermas? L'Europe ne se réduit pas à une forme d'économie, l'économie néo-libérale, nous avons une forme de vie à défendre, poursuit le philosophe de Francfort. Le premier pas vers la formation d'une union publique européenne n'est pas la fondation d'un média européen mais il est d'encourager une plus grande ouverture dans les médias nationaux existants. Les articles sur le Sommet de Nice que l'on pouvait lire dans La Republica, Le Monde, FAZ et El Pais sont un exemple. Quand les citoyens de différents États discutent en même temps sur les mêmes thèmes, c'est alors qu'on est en train de construire graduellement un espace public européen.
Jan Werner Müller, Portrait: Jürgen Habermas

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