Diogène le cynique

413 av. J.-C.-327 av. J.-C.
Diogène, un Socrate forcené

La comparaison entre Socrate, l'ironique et Diogène le cynique va de soi. Le premier refuse de s'incliner devant l'opinion majoritaire, le second refuse de se laisser impressionner par les grands de ce monde, comme le prouve l'accueil qu'il a réservé à Alexandre; le premier fut pauvre, le second sera mendiant. Mais si l'ironie socratique a le mérite d'épurer les vérités, de clarifier les définitions, quelles sont donc les vertus du cynisme? Voici la réponse de Jankélévitch à cette questions: «Après l'ironie socratique, l'insolence cyni-que ; après Socrate, Diogène qui est, pour ainsi dire, un Socrate forcené, une espèce de chèvre-pied échappé de quelque cortège bachique. Le cynisme est souvent, un moralisme déçu et une extrême ironie : Frédéric Schlegel ne passe-t-il pas continuellement de celle-ci à celui-là? Le cynisme n'est autre chose, sous ce rapport, qu'une ironie frénétique et qui s'amuse à choquer les philistins pour le plaisir ; c'est le dilettantisme du paradoxe et du scandale. »
Vladimir Jankélévitch, L'ironie, Flammarion, Pairs, 1964, p.15


Rencontre de Diogène et d'Alexandre

Le récit de Plutarque dans sa Vie d'Alexandre.
«Les Grecs assemblés dans l'isthme ayant arrêté par un décret qu'ils se joindraient à Alexandre pour faire la guerre aux Perses, il fut nommé chef de cette expédition et reçut la visite d'un grand nombre d'hommes d'état et de philosophes, qui vinrent le féliciter de cette élection. Il se flatta que Diogène, qui était alors à Corinthe, lui rendrait aussi sa visite; mais, voyant que ce philosophe faisait peu de cas de lui et qu'il se tenait tranquillement dans son faubourg, il alla lui-même le voir. Diogène était couché au soleil ; et lorsqu'il vit venir à lui une foule si nombreuse, il se souleva un peu, et fixa ses regards sur Alexandre. Ce prince, après l'avoir salué, lui demanda s'il avait besoin de quelque chose : « Oui , lui répondit Diogène; ôte-toi un peu de mon soleil. » Alexandre, frappé de cette réponse et du mépris que Diogène lui témoignait, admira sa grandeur d'âme; et, comme ses officiers, en s'en retournant, se moquaient de Diogène : «Pour moi, leur dit ce prince, si je n'étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène. »

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