Une légende sur les origines du pavot

Georges Thibout
Parmi les peuplades établies aux rives de l’Amour, règne une gracieuse légende sur les origines du pavot à opium (1).

Le fils d’un pêcheur avait aperçu à la fenêtre du palais du gouverneur une jolie princesse dont il était tombé amoureux : après plusieurs tentatives infructueuses, il parvint, au moyen de subterfuges et de dons en argent, à l’entraîner chez lui. Mais, obligé au bout de quelque temps, de retourner au pays de son père, il se maria sans oublier sa jolie princesse.

Or, une nuit, il eut un songe: la princesse était devenue mère, et, comme elle était déshonorée, on l’avait brûlé elle et sa maison. Mais, lui faisait savoir le songe, il trouverait sur les ruines de cette maison une petite pierre intacte: c’était le cœur pétrifié de la morte; qu’il prît ce cœur, et toutes les nuits il reverrait la princesse.

Une fois réveillé, il se mit en route, trouva la pierre et le songe se réalisa; toutes les nuits, la princesse venait lui tenir compagnie. Mais un jour, sa femme légitime trouva la petite pierre et, sans y prendre garde, la jeta dans la cour où elle se brisa en mille éclats qui rejaillirent de tous côtés, donnant naissance à de hautes tiges fleuries de corolles blanches et mauves, comme on n’en avait encore jamais vu.

La nuit suivante, la princesse apparut pour la dernière fois; elle conseilla au jeune homme de recueillir le suc de cette nouvelle plante et de le fumer après l’avoir épuré par le feu : il trouverait ainsi l’oubli de la douleur et le souverain remède.

Note
(1) Cf. R. Millant, La drogue, p. 179-183.

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