La légende des siècles

Victor Hugo
Vous m'offrez de ramper, ver de terre savant
Hé bien, non. J'aime mieux l'ignorance étoilée
de Platon, de Pindare, âme et clarté d'Elée
(...)

Ainsi lorsqu'à cette heure un Allemand
proclame Zéro pour but final et me dit: - Ô néant,
Salut! - j'en fais ici l'aveu, je suis béant.
Et quand un grave Anglais, correct, bienmis, beau linge,
Me dit: - Dieu t'a fait homme et moi je te fais singe
Rends-toi digne à présent d'une telle faveur,
Cette promotion me laisse un peu rêveur.

Ce n'est point vers la nuit que je crie en avant,
Mourir n'est pas finir, c'est le matinsuprême (...)
Mon coeur, s'il n'a ce jour divin, se sent banni,
Et, pour avoir le temps d'aimer, veut l'infini;
Car la vie est passée avant qu'on ait pu vivre.
C'est l'azur qui me plait, c'est l'azure qui m'enivre,
L'azur sans nuit, sans mort, sans noirceur,sans défaut
C'est l'empyrée immense et profond qu'il me faut,
La terre n'offrant rien de ce que je réclame,
L'heure humaine étant courte et sombre, et,pour une âme
Qui vous aime, parents, enfants, toi ma beauté,
Le ciel ayant à peine assez d'éternité!

Autres articles associés à ce dossier

À lire également du même auteur

Choses écrites à Créteil
Sachez qu' hier, de ma lucarne,J' ai vu, j' ai couvert de clins d' yeuxUne fille qui dans la MarneLavait des torchons radieux.Près d' un vieux pont, dans les saulées,Elle lavait, allait, venait ;L' aube et la brise étaient mêléesÀ la grâce de son bonnet.Je la voyais de loin. Sa

Le bonheur de l'homme à pied
Rien n'est charmant, à mon sens, comme cette façon de voyager. - À pied! - On s'appartient, on est libre, on est joyeux, on est tout entier et sans partage aux incidents de la route, à la forme où l'on déjeune, à l'arbre où l'on s'abrite, à l'église où l'on se repose

Le Chess-Hill — Effet de neige
La tempête n’était pas moins intense sur terre que sur mer.Le même déchaînement farouche s’était fait autour de l’enfant abandonné. Le faible et l’innocent deviennent ce qu’ils peuvent dans la dépense de colère inconsciente que font les forces aveu

Tristesse d'Olympio
« Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes ;Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornesSur la terre étendu,L'air était plein d'encens et les prés de verduresQuand il revit ces lieux où par tant de blessuresSon coeur s'est répandu.L'automne souriait

Rêve et vérité
[..] l'homme, ignorant auguste, Doit vivre de façon qu'à son rêve plus tard La vérité s'ajuste.

Rêve et vérité
[..] l'homme, ignorant auguste, Doit vivre de façon qu'à son rêve plus tard La vérité s'ajuste.




L'Agora - Textes récents