Livre premier - 2e partie

Marco Polo
XVII

De la ville de Taurisium.

Il y a aussi en Arménie la célèbre ville de Taurisium (Tauris), fort renommée par toutes sortes de marchandises, entre autres de belles perles, des étoffes d'or et de soie et d'autres choses précieuses. Et parce que la ville est dans une situation avantageuse, il y vient des marchands de toutes les parties du monde, à savoir des Indes, de Baldach, de Mosul et de Cremesor. Il en vient aussi des pays occidentaux, parce qu'il y a beaucoup à gagner et que les marchands s'y enrichissent. Les habitants sont mahométans, quoiqu'il y en ait aussi de jacobins et de nestoriens. Il y a autour de cette ville de très beaux jardins et fort agréables, qui rapportent d'excellents fruits, et en abondance.
VIII

De quelle manière une certaine montagne fut transportée hors de sa place.

Il y a une montagne en ce pays-là, non loin de Taurisium, qui fut transportée hors de sa place par la puissance de Dieu à l'occasion que je vais dire 18. En jour les Saracéniens, voulant mépriser l'Évangile de Jésus-Christ et tourner sa doctrine en ridicule: «Vous savez, disaient-ils, qu'il est dit dans l'Évangile: Si vous aviez de la foi grande comme un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne: transporte-toi là, et cela arriverait, et il n'y aurait rien d'impossible pour vous. A présent donc, si vous avez une vraie foi, transportez cette montagne hors de sa place.» Et comme les chrétiens étaient sous leur puissance, ils se trouvaient dans la nécessité ou de transporter la montagne ou d'embrasser la loi de Mahomet; ou, s'ils ne voulaient faire ni l'un ni l'autre, ils étaient en danger de mort. Alors un fidèle serviteur de Jésus-Christ, exhortant ses camarades à avoir confiance en Dieu, et après avoir fait son oraison avec ferveur, commanda à la montagne de se transporter ailleurs. Ce qui arriva, au grand étonnement de ces infidèles, qui, à la vue d'un si grand miracle, se convertirent, et plusieurs Saracéniens embrassèrent la foi ale Jésus-Christ.
XIX

Du pays des Perses.

La Perse est une province très grande et très étendue; elle a été autrefois fort célèbre et fort renommée; mais à présent que les Tartares l'ont en leur disposition, elle a beaucoup perdu de son lustre 19. Elle est cependant considérable entre les provinces voisines, car elle contient huit royaumes. Il y a en ce pays-là de beaux et grands chevaux, qui se vendent quelquefois jusqu'à deux cents livres tournois la pièce. Les marchands les amènent aux villes de Chisi et de Curmosa (Kormus), qui sont sur le bord de la mer, d'où ils les transportent aux Indes. Il y a aussi de très beaux ânes, qui se vendent jusqu'à trente marcs d'argent; mais les hommes de ce pays sont très méchants; ils sont querelleurs, voleurs, homicides, et professent la religion de Mahomet. Les marchands sont par-ci par-là tués par ces voleurs, s'ils ne voyagent par bandes. Dans les villes il y a cependant de très bons artisans et qui excellent dans les ouvrages de soie et d'or et de plumes. Le pays est abondant en gruau, blé, orge, millet et en toutes sortes de grains. Ils ont aussi des fruits et du vin.

XX

De la ville de Jasdi.

Jasdi 20 est une grande ville, dans le même pays, dans laquelle on fait beaucoup de marchandises. Il s'y trouve aussi des artisans subtils qui travaillent en soie. Les habitants sont aussi mahométans. Par delà Jasdi, l'espace de sept milles, on ne trouve aucune habitation jusqu'à la ville de Kerman. Ce sont des lieux champêtres et broussailleux, fort propres à la chasse. On y trouve de grands ânes sauvages en abondance.
XXI

De la ville de Kerman.

Kerman est une ville très renommée, où se trouvent beaucoup de ces pierres précieuses qu'on appelle vulgairement «turchici» ou turquoises. De même sont ici des mines d'acier et d'andaine (antimoine). Pareillement, on y a des faucons excellents, le vol desquels est très vite, et qui néanmoins sont plus petits que les étrangers. Kerma a des artisans de plusieurs ordres, qui fabriquent quantité de brides, éperons, selles, épées, arcs, carquois, et d'autres instruments, selon la coutume de ce pays-là. Les femmes sont occupées de la broderie, et font des coutes (couvertures) et des chevets très curieux. De Kerman on s'en va par une grande plaine, et quand on a voyagé sept jours, on parvient à une descente, qui se parachève dans l'espace de deux jours, et cela tellement que le pied du passant penche toujours en bas. Dans cette plaine se trouvent force perdrix, comme aussi des châteaux et des villes; dans la descente penchante sont beaucoup d'arbres fruitiers; mais nulle demeure ou habitation, sinon celles des bergers. Il fait dans ce pays si froid en hiver que l'on n'y peut demeurer.
XXII

De la ville de Camandu et du pays de Reobarle.

On vient après cela à une grande plaine, où il y a une ville appelée Camandu 21. Elle était grande autrefois, mais les Tartares l'ont ruinée. Le pays en a gardé le nom; on y trouve des dattes en abondance, des pistaches, des pommes de paradis (bananes), et plusieurs autres différents fruits qui ne croissent point chez nous. Il y a en ce pays-là de certains oiseaux nommés fincolines (francolins), dont le plumage est mêlé de blanc et de noir, qui ont les pieds et le bec rouges, Il y a aussi de fort grands bœufs, qui sont blancs pour la plupart, ayant les cornes courtes et non aiguës, et une bosse sur le dos 22, comme les chameaux, ce qui les rend si forts qu'on les accoutume aisément à porter de lourds fardeaux; et quand on les charge, ils se mettent aussi à genoux, comme les chameaux; après quoi ils se relèvent, étant dressés de bonne heure à ce manège. Les moutons de ce pays-là sont aussi grands que des ânes, ayant des queues si longues et si grosses qu'il y en a qui pèsent jusqu'à trente livres 23. Ils sont beaux et gras et de fort on goût. Il y a aussi dans cette plaine plusieurs villes et villages, mais dont les murailles ne sont que de boue, mal construites, quoique assez fortes. Car il règne en ce pays-là de certains voleurs, qu'ils appellent Caraons, et qui ont un roi. Ces voleurs usent, dans leur brigandage, de certains enchantements. Quand ils vont faire leurs courses, ils font par leur art diabolique que le jour s'obscurcit pendant ce temps-là, en sorte que l'on ne peut pas les apercevoir ni par conséquent se précautionner, et ils peuvent faire durer cette obscurité six ou sept jours, pendant lequel temps ils battent la campagne, au nombre quelquefois de dix mille hommes. Ils campent comme les gens de guerre, et lorsqu'ils sont dispersés, voici comment ils font: ils prennent tout ce qu'ils rencontrent, bêtes et gens; ils vendent les jeunes hommes et tuent les vieux. Moi Marco, qui écris ces choses, je suis une fois tombé à leur rencontre; heureusement que je n'étais pas loin d'un château appelé Canosalim, où je n'eus que le temps de me sauver; cependant plusieurs de ma suite tombèrent dans ce piège diabolique, et furent partie vendus et partie tués 24.

XXIII

De la ville de Cormos.

Cette plaine dont nous venons de parler s’étend au midi d'environ cinq milles; il y a au bout un chemin par où l’on est obligé d'aller toujours en descendant. Ce chemin est très méchant et rempli de voleurs et de dangers. Enfin l'on arrive dans de belles campagnes, qui s'étendent de la longueur de deux milles. Ce terroir abonde en ruisseaux et en palmiers. Il y a aussi quantité de toutes sortes d'oiseaux, mais surtout de perroquets, que l'on ne voit pas le long de la mer. De là on vient à la mer Océane, sur le bord de laquelle il y a une ville nommée Cormos 25, ayant un bon port, où abordent beaucoup de marchands, qui apportent des Indes toutes sortes de marchandises, comme des parfums, des perles, des pierres précieuses, des étoffes de soie et d'or et des dents d'éléphant. C'est une ville royale ayant sous sa dépendance d'autres villes et plusieurs châteaux. Le pays est chaud et malsain. Quand quelque étranger marchand ou autre meurt dans le pays, tous ses biens sont confisqués au profit du roi. Ils font du vin de dattes ou d'autres espèces de fruits, qui est fort bon; cependant, quand on n'y est pas accoutumé, il donne le flux de ventre; mais au contraire, quand on y est fait, il engraisse extraordinairement. Les habitants du pays ne se nourrissent point de pain ni de viande, mais de dattes, de poisson salé et d'oignon. Ils ont des vaisseaux, mais qui ne sont pas trop sûrs, n'étant joints qu'avec des chevilles de bois et de cordes faites d'écorces de certains bois des Indes. Ces écorces sont préparées à peu près comme le chanvre. On en fait des filasses, et de cette filasse des cordes très fortes, et qui peuvent résister à l'impétuosité des eaux et de la tempête; elles ont cela de propre qu'elles ne pourrissent et ne se gâtent pas dans l'eau 26. Ces vaisseaux n'ont qu'un mât, une voile, un timon, et ne se couvrent que d'une couverture. Ils ne sont point enduits de poix, mais de la laitance des poissons. Et lorsqu'ils font le voyage des Indes, menant des chevaux et plusieurs autres charges, ils prennent plusieurs vaisseaux. Car la mer est orageuse, et les vaisseaux ne sont point garnis de fer. Les habitants de ce pays-là sont noirs et mahométans; en été, lorsque les chaleurs sont insupportables, ils ne demeurent point dans les villes, mais ils ont hors des murs des lieux de verdure entourée d'eau, où ils se retirent à la fraîcheur, contre les ardeurs du soleil. Il. arrive aussi assez souvent qu'il règne un vent fort et brûlant, qui vient d'un certain désert sablonneux 27; alors, s'ils ne se sauvaient d'un autre côté, ils en seraient suffoqués, mis d'abord qu'ils commencent à en sentir les approches, ils se sauvent où il y a des eaux et se baignent dedans; et de cette manière ils évitent les ardeurs funestes de ce vent. Il arrive aussi dans ce pays-là qu'ils ne sèment les terres qu'au mois de novembre, et ne recueillent qu'au commencement de mars, qui est le temps aussi où les fruits sont en état d'être serrés. Car dès que le mois de mars est passé, les feuilles des arbres et les herbes sont desséchées par la trop grande ardeur du soleil, en sorte que durant l'été l'on ne trouve pas un brin de verdure, si ce n'est le long des eaux. C'est la coutume du pays, quand quelque chef de la famille est mort, que la veuve le pleure pendant quatre ans, tous les jours une fois. Les pères et les voisins viennent aussi à la maison, jetant de grands cris, pour marquer la douleur qu'ils ont de sa mort.

XXIV

Du pays qui est entre les villes de Cormos et de Kerman.

Pour parler aussi des autres pays, il faut laisser les Indes et retourner à Kerman, pour parler ensuite avec ordre des terres que j1ai vues et parcourues. En allant donc au nord de la ville de Cormos, vers Kerman, on trouve une belle et grande plaine, qui produit de tout ce qui est nécessaire à la vie; il y a surtout du blé en abondance. Les habitants ont aussi des dattes et d'excellents fruits en quantité; ils ont aussi des bains fort salutaires pour la guérison de plusieurs sortes de maladies.

XXV

Du pays qui est entre Kerman et la ville de Cobinam.

En allant ensuite de Kerman à Cobinam (Kabis?) on trouve un chemin fort ennuyant. Car outre qu'il est long de sept journées, on n'y trouve point d'eau ou fort peu. Encore sont-elles fort salées et amères, étant de couleur verte comme si c'était du jus d'herbes; et si l'on en boit, on a le flux de ventre. La même chose arrive quand on use du sel fait de cette eau. Il est donc à propos que les voyageurs portent d'autre eau avec eux, s'ils ne veulent pas s'exposer à mourir de soif. Les bêtes même ont horreur de cette eau, lorsqu'elles sont obligées d'en boire; et quand elles en ont bu, elles ont aussitôt le même mal que les hommes. Il n'y a dans ces déserts aucune habitation d'hommes ni de bêtes, excepté les onagres ou ânes sauvages, le pays ne produisant ni de quoi manger ni de quoi boire.

XXVI

De la ville de Cobinam.

Cobinam est une grande ville, qui est riche en fer et en acier, et en audanic (antimoine). On y fait aussi de très grands et de très beaux miroirs d'acier. On y fait encore un onguent propre au mal des yeux, qui est comme une espèce d'éponge, et se fait en cette manière: ils ont en ce pays-là des mines dont ils tirent la terre et la cuisent dans des fourneaux; la vapeur qui monte va dans ce récipient de fer et devient matière, étant coagulée; la matière la plus grossière de cette terre, et qui reste dans le feu, est appelée éponge 28. Les habitants de ce canton-là sont mahométans.

XXVII

Du royaume de Trimochaim et de l'arbre du soleil appelé par les Latins «l'arbre sec».

Ayant laissé derrière soi la ville de Cobinam, on rencontre un autre désert très aride et qui, à huit journées de longueur, n'a ni arbres ni fruits; le peu d'eau qu'il y a est très amère, en sorte que les juments même n'en peuvent pas boire. Il faut que les voyageurs en portent d'autre avec eux, s'ils ne veulent pas périr de soif. Après avoir passé ce désert on entre dans le royaume de Timochaim, où il y a beaucoup de villes et de châteaux. Ce royaume est borné au septentrion par la Perse. Il croit dans la plaine de ce royaume un grand arbre appelé l'arbre du soleil, et par les Latins l'arbre sec 29. Il est fort gros, ses feuilles sont blanches d'un côté et vertes de l'autre; il porte des fruits faits en manière de châtaigne, mais vides et de couleur de buis. Cette campagne s'étend plusieurs milles sans que l'on y trouve un seul arbre. Les gens du pays disent qu'Alexandre le Grand combattit Darius en cette plaine. Toute la terre habitée du royaume de Timochaim est fertile et abondante en plusieurs choses, le climat en est bon, l'air y est tempéré, les hommes y sont beaux, et les femmes encore plus belles; mais ils sont tous mahométans.


Notes

17. Nesterius, Syrieu qui occupa le siège épiscopal de Constantinople au commencement du cinquième siècle, fut le promoteur d'une doctrine portant particulièrement sur le dogme relatif à la nature divine et humaine du Rédempteur. Il enseignait qu'il y avait en Jésus-Christ deux personnes, Dieu et l'homme, que nomme était né de la vierge Marie et non de Dieu; d'où il résultait qu’il n'y avait point d'union personnelle entre le Verbe divin et la nature humaine, et que, par conséquent, entre Dieu et l'homme dans le Christ il n'y avait qu'une union morale analogue à celle qui existe entre chaque juste et Dieu, mais seulement à un degré plus éminent. Ces propositions, qui de fait constituaient la négation du caractère absolument divin de Jésus-Christ, dogmatiquement reconnu par l'Église romaine, causèrent de grands troubles dans la chrétienté. Plusieurs conciles condamnèrent l'erreur de Nestorius, qui fut déposé de son siège, puis relégué d'abord à Petra et ensuite dans une oasis de Libye, où il mourut sans avoir abjuré sa doctrine. Mais les idées de Nestorius avaient laissé de nombreux adeptes. Proscrits par les empereurs, les nestoriens se retirèrent dans l'empire des Perses, où ils furent bien accueillis, et fondèrent à Séleucie d'abord, puis à Mossoul, un patriarcat très florissant. De là leur doctrine se répandit de plus en plus sur tous les points de l'Orient, ce qui explique que Marco Polo signale, comme nous le verrons, l'existence de chrétiens nestoriens presque jusqu'au cœur de l'empire mongol. — Les jacobins ou jacobites sont ainsi nommés comme disciples du moine Jacques Zanzale, qui au milieu du sixième siècle, étant évêque d'Édesse, remît en honneur la doctrine d'Eutychès. Celui-ci, contemporain et adversaire de Nestorius, professait qu'en Jésus-Christ la nature divine avait absorbé et détruit la nature humaine. La doctrine des eutychéens ou monophysites fait condamnée par le concile de Chalcédoine en 451
18. N oublions pas que notre voyageur ne fait ici – comme d'ailleurs il le fera: souvent par la suite — que rapporter les on-dit des pays qu'il visite.
19. Ravagée par les Tartares, qui détruisirent la dynastie des Kharem Chal, qui avaient succédé aux Seldjoucides. (P.)
20. Sans doute Yezd, entre Chiraz et Ispahan. (P.)
21. Aucun commentateur n'a pu dire de quelle ville l'auteur veut ici parler.
22. C'est le zébu, Bos indicus des naturalistes.
23. Ovis laticaudata. — La partie caudale de ces animaux devient parfois si volumineuse que pour éviter qu'elle se déchire en traînant sur la terre on les attelle à des espèces de petits chariots destinés à soutenir cette queue phénoménale.
24. D'après les commentateurs, il faudrait voir dans ces brigands, qui devaient sans doute à leur extrême cruauté les légendes répandues à leur sujet, de nombreuses tribus venues du nord de la Chine et qui pendant plusieurs siècles ravagèrent tantôt une région, tantôt l'autre. (P.)
25. Hormuz, à l'entrée du golfe Persique.
26. Un passage de Chardin, qui écrivait au dix-septième siècle, confirme et explique ces assertions de Marco Polo. Les bateaux dont ils se servent dans le golfe Persique, et qu'ils nomment chambouc, sont hauts, longs, étroits. Ils sont faits de cet arbre qui porte les noix de coco et duquel on dit dans le pays que l'on peut en faire et en charger un navire tout ensemble: le corps du vaisseau étant fait du corps de l'arbre, les voiles et les cordages avec son écorce, et le fruit de l'arbre fournissant le chargement du vaisseau. Ce qui est remarquable, c'est que les planches des barques sont cousues avec ces sortes de cordes et enduites de chaux à défaut de poix, ce qui fait que ces bâtiments ne résistent guère à la mer.
27. Ce vent, qui vient du désert du Béloutchistan, est appelé en persan le vent pestiféré. Le pays, d’ailleurs fort dénudé, qui avoisine cette partie du golfe Persique est en quelque sorte inhabitable pendant les rigueurs torrides de l'été.
28. Ce collyre minéral est très réputé dans le pays sous le nom de tatie La tatie, dit M. Pauthier, est un oxyde de zinc qui se forme dans les fourneaux ou l'on tacite la calamine. (P.)
29. De grandes discussions se sont engagées à propos de cet arbre, qui pour les uns serait tout simplement le platane, tandis que d'autres veulent y voir un exemplaire unique d'une essence qu'on ne définit pas clairement. Ceux-là, au lien d'arbre du soleil, disent arbre seul (sol dans le vieux texte) ou isolé.

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