Les Sami de Norvège

Elina Helander
Généralement nommés Lapons en France, les Sami sont une minorité ethnique, un peuple à part et des citoyens norvégiens..Pour les Norvégiens, cette minorité est le peuple samé. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Son statut légal s'est considérablement amélioré depuis 1980. On peut le constater en lisant l'article de la Constitution qui a été ratifié par le Parlement (le Storting) en 1988: "Il incombe aux autorités de l'Etat de créer des conditions permettant au groupe ethnique samé de préserver sa langue, sa culture et son mode de vie". La loi samé établit le cadre général du Parlement samé (Sametinget), officiellement entré en fonctions en 1989. Les domaines d'activité de cette institution, ainsi que les autres aspects culturels sont détaillés ci-après, dans un article où Madame Elina Helander remonte aux sources de l'histoire des Sami.
Les Sami sont des indigènes de la Norvège,de la Suède et de la Finlande. Certains habitent également la presqu'île de Kola, en Russie. Depuis le 16e siècle, ils vivent dans presque toutes les régions nordiques, où ils sont actuellement sédentarisés. Leur territoire va de Idre, dans la région de Dalarne en Suède et les régions voisines en Norvège, au sud d'Engerdal dans le département du Hedmark. Au nord et à l'est, il va de Varanger, en Norvège, jusqu'à la presqu'île de Kola, en passant par Utsjoki, en Finlande.

On évalue leur nombre à environ 60 000 ou 100 000. Le chiffre de 70 000 est sans doute plus exact: 40 à 45 000 en Norvège, essentiellement au Finnmark (où ils sont environ 25 000). Ils sont à peu près 17 000 en Suède, 5 700 en Finlande et 2 000 en Russie.

On utilise parfois le mot samé sans le définir avec précision. Selon la loi N°56 du 12 juin 1987 traitant du Parlement samé (Sametinget) et d'autres problèmes juridiques concernant cette communauté (la loi samé), un Samé est une personne qui a: le samé comme langue maternelle, ou dont le père, la mère, ou un des grands-parents a le samé comme langue maternelle, ou bien qui se considère comme tel(le) et vit selon les règles de la société samé, et qui est reconnu(e) par la communauté samé comme l'un des siens.un parent (père ou mère) qui remplit les conditions énoncées ci-dessus.

C'est ainsi que l'usage courant de la langue est essentiel pour déterminer si une personne peut se dire Samé et si elle a le droit d'élire un représentant au Parlement ou d'y être éligible. La définition telle qu'énoncée ci-dessus est aussi utilisée en Finlande pour le Parlement samé. Lorsque la Suède en viendra à créer un Parlement similaire, il est probable qu'elle adoptera la même définition.

Un aperçu historique

Il faut remonter en l'an 98 de notre ère pour retrouver les premiers récits sur les Sami. A l'époque, Tacite décrit dans son livre De origine et situ Germanorum ce peuple qu'il nomme les fenni. Bien plus tard, en 555, l'historien grec Procope, décrivant la guerre qui sévit entre les Romains et les Goths, parle de la Scandinavie en l'appelant Thulé et dit que parmi ses habitants il y a des gens qu'il appelle des skrithiphinoi (skrid finns). Vers 750 Paulus Diaconus les mentionne également en précisant qu'ils pratiquent la chasse, qu'ils utilisent des planches de bois pour se déplacer, et qu'ils ont des animaux qui ressemblent aux cerfs (c'est-à-dire des rennes). Les sagas islandaises confirment ces récits. Rédigées principalement au 13e siècle, les sagas évoquent surtout les 10e et 13e siècles. Certains commerçants entretenaient des relations avec les Sami, faisant des échanges, et prélevant des impôts : à l'époque les peaux d'animaux étaient très prisées ; à l'époque viking, au Moyen Age, les fourrures furent très recherchées par les Russes et par d'autres peuples du Nord.

Les informations les plus anciennes et les plus complètes concernant les Sami nous viennent des récits d'Ottar,écrits à la fin du 9e siècle. Venu probablement de Malangen, au nord de la Norvège, Ottar servit à la cour du roi anglais Alfred le Grand. La description qu'il fit de sa région natale fut ajoutée à l'histoire du monde (faite par Orosius) dans la version anglo-saxonne du roi Alfred d'Angleterre. Ottar raconte qu'il avait 800 rennes semi-domestiques, dont certains servaient d'appât, ce qui était particulièrement utile, mais l'essentiel de ses revenus venait des impôts sur la population.

Plus tard, en 1673, Johannes Schefferus publia un ouvrage intitulé Lapponia, mine d'informations sur leur vie au 17e siècle.

Au Moyen Age, la Suède, la Norvège (par la suite l'alliance dano-norvégienne), la Russie, prétendaient toutes gouverner les régions où vivaient les Sami qui, parfois, se voyaient forcés de payer des impôts à plusieurs pays simultanément. En 1751 la Suède et l'alliance dano-norvégienne se mirent d'accord sur un tracé des frontières, et en conséquence la Suède remit à l'alliance dano-norvégienne les paroisses de Kautokeino et Karasjok au Finnmark. La Norvège et la Russie se mirent d'accord sur leur frontière commune en 1826.

Selon les premiers écrits que nous possédons, les Sami étaient païens. On se mit à construire des églises sur leur territoire dès le 12e siècle. Le Collège des Missions, fondé par les Danois en 1714 à Copenhague, envoya deux ans plus tard le piétiste Thomas von Westen évangéliser les Sami. Le Collège avait en outre une fonction pédagogique.

Von Westen alla prêcher dans toute la région sous juridiction norvégienne de 1716 à 1727. Il était farouchement opposé au chamanisme, et à ses attributs essentiels, le chaman et les tambours sacrés. Il encouragea toutefois l'usage de la langue samé par les missionnaires et le clergé ; après sa mort, en 1727, cette politique fut de plus en plus contestée.

Au 19e siècle, Niels Vibe Stockfleth, prêtre et missionnaire très actif, porta à la langue un intérêt qui fut pour beaucoup dans sa reconnaissance. Il traduisit de nombreux ouvrages, notamment le Nouveau Testament, et il réussit, ce qui n'était pas rien, à faire enseigner le samé dans les programmes de l'Université de Christiania, l'actuelle Oslo.

Au Moyen Age les Sami étaient chasseurs et trappeurs. Ils vivaient dans de petites communautés, les siidas, qui avaient chacune son propre territoire. Eléments fondamentaux de la société, ces communautés étaient, d'après les découvertes faites par l'Institut nordique samé, propriétaires à part entière de leurs territoires.

Les colons s'implantèrent pour de bon au 17e et 18e siècles. Ils tiraient leurs revenus surtout de leurs activités agricoles, ce qui était contraire aux traditions locales. Ces fermiers habitaient des maisons, produisaient du beurre, de la laine et du lait, toutes denrées que de nombreux Sami trouvaient fort utiles ; à l'inverse, beaucoup de colons adoptèrent la culture autochtone : coutumes, vêtements, nourriture et usages domestiques.

Vers l'an 1850, le darwinisme social provoqua un changement : on commença à faire des réformes, et en premier lieu dans le système scolaire. A la fin du 19e siècle, les enseignants eurent pour consigne de limiter l'usage du samé dans les écoles. A partir de 1902, il fut interdit de vendre des terrains à quiconque ignorait le norvégien ; le processus de "norvégianisation" était en plein essor. Entre les deux guerres mondiales cette politique fut appliquée très brutalement.

Après la Seconde Guerre mondiale la Norvège changea d'attitude. Des experts écrivirent un certain nombre de rapports sur l'enseignement et élaborèrent des stratégies plus libérales qui toutefois ne devaient être appliquées que plus tard.

Un grand progrès fut accompli avec la reconnaissance officielle, en 1960, du droit des Sami à préserver et développer leur culture. Leur langue fut enseignée dans les écoles, de nouvelles institutions furent créées - telles le musée de Karasjok, la maison de la culture des Sami du Sud dans le département du Sud-Trøndelag.

Lors de la construction d'un barrage hydro-électrique sur la rivière Alta (Finnmark) en 1980-1981, de nombreux Sami protestèrent vigoureusement et la controverse qui s'ensuivit suscita un regain d'intérêt à leur endroit qui se traduisit par de nouveaux rapports et de nouvelles mesures.

La période contemporaine

La politique norvégienne d'aujourd'hui est fondée sur le principe que les Sami sont citoyens norvégiens, mais demeurent une minorité ethnique et un peuple à part.

Leur statut légal s'est considérablement amélioré pendant ces dernières années. En 1980, deux commissions furent créées : l'une pour établir un rapport sur les problèmes spécifiques auxquels la culture samé se trouve confrontée (Samekulturutvalget) et l'autre sur les problèmes juridiques (Samerettsutvalget). Ces commissions furent aussi chargées de préparer la loi sur la langue samé, et, au printemps 1990, le gouvernement proposa au Storting d'adopter une série de lois concernant son usage, cela dans le but de mettre sur pied d'égalité les deux langues, et de veiller à l'utilisation du samé dans les circonstances officielles. Ces lois sont entrées en vigueur le 1er janvier 1992.

Le comité des affaires juridiques avait obtenu un mandat étendu. Il devait étudier les droits constitutionnels des Sami et la création d'un organisme les représentant. Le Rapport officiel des experts auprès du gouvernement (Norges Offentlige Utredninger 1984:18) sur leurs droits légaux en fait largement état. Ce rapport contient un projet de loi pour la création de leur Parlement et autres problèmes juridiques les concernant. Les prochains rapports de la Commission des droits des Sami traiteront des droits de gestion des ressources naturelles de leurs territoires.

Leurs droits furent reconnus officiellement quand le Storting adopta le nouvel article de la Constitution (cf. ci-dessus, Art. 110a) en avril 1988.

D'autres progrès furent accomplis en 1990 lorsque la Norvège ratifia la Convention N°169 du B.I.T. sur les droits des peuples indigènes et tribaux qui fut adoptée lors de la 76e session de la Conférence Internationale du B.I.T. en 1989.

Il y a aujourd'hui un conseiller spécial aux affaires sami au Ministère des affaires communales.

La langue

Faisant partie de la branche finno-ougrienne de la famille de l'Oural elle s'apparente étroitement aux langues finnoises de la mer Baltique, comme le finnois et l'estonien. Il existe nombre de théories sur l'origine de cette langue. L'une d'entre elles prétend qu'à l'origine les Sami parlaient une langue tout à fait différente, le Proto-Lapon. D'autres inclinent à penser que leurs ancêtres, que l'on croit généralement d'origine orientale, parlaient une tout autre langue, apparentée au finnois de la mer Baltique, et que cette langue a subi l'influence déterminante des Finnois.

Le terme langue samé est un mot qui peut induire en erreur : en effet, il y a en réalité trois langues distinctes : le samé oriental, le samé central et le samé méridional. Le samé central se décompose en trois : le samé nordique, le pitesamé et le lulesamé. Les pricipaux dialectes semblent être les suivants : le samé méridional, l'umesamé, le pitesamé, le lulesamé, le samé nordique, l'inaresamé, le skoltesamé, le kildinsamé et le tersamé. Toutefois les spécialistes ne sont pas tous d'accord sur cette question.

Quelque 20.000 personnes parlent cette langue en Norvège, 3.000 en Finlande, 10.000 en Suède et environ 1.000 en Russie. La plupart des Sami utilisent le samé nordique. C'est le cas des comtés du Finmark, de Troms et du Nordland, au nord d'Ofoten. On parle le lulesamé dans une partie du Nordland, le samé méridional du Nordland au Trøndelag. Dans le Finmark oriental, à Varanger, on s'exprime aussi en skoltesamé ou samé oriental.

Il n'existe pas de frontières pour le samé. En Norvège il est employé essentiellement dans trois régions : le centre, le littoral et le territoire samé.

Au centre il est d'usage courant, avec un statut presque officiel. Il est traditionnel sur le littoral mais, se trouvant en rivalité avec le norvégien, il tend à perdre de son influence. Pour le reste, la population est éparpillée et les petites communautés ont peu de contacts entre elles. Bien que le samé ne fasse l'objet d'aucune discrimination, l'influence du norvégien est telle qu'il est difficile de lui donner un rôle de la même importance dans la vie quotidienne. Il existe bien sûr quelques régions du littoral et du territoire samé où la volonté de préserver la langue est particulièrement forte.

Les enfants sami ont maintenant le droit de s'initier à leur propre culture et dans leur propre langue. Les questions d'enseignement sont confiées au Conseil pédagogique de Kautokeino.

La culture samé: traditions et modernité

Certains de ses éléments se retrouvent dans les régions arctiques et subarctiques orientales de l'Europe et de l'Asie. D'autres aspects de cette culture proviennent des contacts qu'elle a entretenus avec des peuples du Nord avant l'ère viking. Il est évident que l'ancien mode de vie, la chasse et la pêche, imprègne leurs traditions. Au 16e siècle, les Sami abandonnèrent progressivement la chasse du renne pour devenir des éleveurs nomades, au gré des transhumances saisonnières. Il n'y en a plus guère aujourd'hui (sur le territoire norvégien moins de 10% d'entre eux élèvent encore des rennes).

Différentes traditions forment son patrimoine : la musique joik - poèmes scandés ou chansons poétiques, l'usage d'une langue qui lui est propre, les légendes, les tentes traditionnelles et les cabanes (faites de tourbe et de couches d'écorces), le chamanisme, la médecine traditionnelle, les costumes nationaux, l'usage de traîneaux de rennes, la fabrication d'objets en bois sculpté et le respect de l'environnement.

Le joik est la forme originelle de la musique samé. Elle constitue l'un des éléments des anciennes pratiques magiques, le chamanisme. En tant que moyen d'expression, elle est extrêmement variée et un chanteur peut improviser beaucoup de variations sur un thème. Parmi les joik les plus populaires figurent ceux décrivant les traits caractéristiques d'une personne - qui devient par la suite le propriétaire légitime du joik en question. Aujourd'hui on fait des enregistrements de musique samé, traditionnelle ou contemporaine, et on donne aussi des concerts. Les travaux de Nils Aslak Valkeapääs ont été pour beaucoup dans la renaissance du joik. Ailu Gaup (pour la musique traditionnelle) et Mari Boine Persen (interprète des mélodies modernes à thèmes joik) sont aussi instrumentistes de musique samé.

La littérature orale des Sami est très importante, et la poésie qui accompagne le joik en est une forme bien particulière. Dans son ouvrage, Lapponia, Johannes Schefferus cite deux poèmes joik dont l'un est le plus ancien qui nous soit parvenu.

Les légendes sont nombreuses et très variées. Certaines d'entre elles ont été consignées par J. K. Qvigstad (1853-1957) dans un livre intitulé Lappisk eventyr og sagn (Contes et légendes sami).

Avant le début du vingtième siècle, seuls pouvaient être publiés en langue samé la littérature religieuse, les dictionnaires, les manuels de langue. Traduit par le missionnaire Morten Lund, le petit catéchisme luthérien a été imprimé dès 1728. Le premier romancier à écrire un roman en samé fut Anders Larsen (1870-1949). Ce livre, intitulé Bæivve-Algo (l'Aube) raconte l'histoire d'un jeune garçon vivant à la fois dans les deux sociétés, la samé et la norvégienne. Mais la production littéraire ne prit véritablement son essor que dans les années 1970. Parmi les auteurs contemporains, citons Nils Viktor Aslaksen, Rauni Magga Lukkari, John Gustavsen et Ailo Gaup.

De leur côté les peintres puisent leur inspiration à la fois dans les thèmes traditionnels du renne, et dans les thèmes contemporains. Beaucoup reproduisent dans leurs oeuvres les symboles sacrés que sont les tambours des chamans. John Savio (1902-1938) utilise fréquemment le thème du renne, tandis que Iver Jåks (1932-) choisit ses sujets dans un répertoire beaucoup plus large. Dès les années 70 aussi, le nombre de ces peintres ne cessa de s'accroître ; citons parmi eux Synnøve Persen, Trygve Lund Guttormsen et Hans Ragnar Mathiesen.

On fit paraître des journaux et des magazines en samé dès 1870. La publication la plus ancienne, qui existe toujours sous le titre de Nuorttanaste, (et diffusée par les autorités ecclésiastiques), est imprimée régulièrement depuis 1898. Le journal Sámi Áigi, créé à Karasjok, sortit son premier numéro en 1979.

La radio diffuse des programmes en samé depuis 1946. Depuis cette époque, les programmes sont devenus plus importants et abordent des sujets plus variés. La télévision norvégienne diffuse aussi de temps en temps des programmes en samé.

A Kautokeino le groupe théâtral Beaivvás créé fin 1979 détient le statut de théâtre depuis 1990. Jusqu'en 1987 Beaivvás a monté environ une dizaine de grandes productions. II est passé à la radio et à la télévision. Il va en tournée dans toutes les régions où vivent les Sami, en Norvège, dans les pays nordiques et au-delà. Les productions de Beaivvá s'inspirent des thèmes de la tradition comme de la vie contemporaine, des cultures étrangères, et s'intéressent aux problèmes linguistiques.

Le duodji - l'artisanat - jadis cantonné à l'usage domestique, est aujourd'hui produit et vendu en grandes quantités. Il est devenu le moyen d'existence de nombreux Sami et une source complémentaire de revenus, non négligeable, pour ceux qui continuent à effectuer des tâches traditionnelles. Petit à petit, c'est devenu une industrie importante, qui, outre des objets traditionnels fabrique aussi des objets d'art. La production et la vente sont de mieux en mieux organisées.

La politique culturelle officielle

Les efforts du gouvernement dans les vingt ans qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont été surtout réalisés dans le domaine de l'éducation. Le Conseil norvégien de la culture, qui gère les subventions, a été constitué en 1965. Une de ses tâches consiste à conserver et promouvoir la culture samé ; dans les années 1970, des experts sami furent invités à participer aux prises de décisions du Conseil. Ce dernier a créé divers comités spécialisés qui, entre autres, élaborent la politique culturelle à long terme. Depuis 1978, un autre comité a été formé, "la commission pour la culture", elle-même composée de différentes sous-commissions ; elle coordonne les travaux du Conseil dans tous les domaines culturels. Entre 1986 et 1989, les crédits que la Norvège affecte à la promotion de la culture samé (arts plastiques, littérature, etc...) ont quasiment atteint 5,4 millions de dollars. Il est aujourd'hui question que la gestion et la distribution de ces fonds soient confiées au Sametinget.

Secteurs d'activités

Outre l'élevage des rennes, la pêche, l'agriculture, les Sami vivent, pour une bonne part, de leurs activités dans le secteur tertiaire. Dans l'ensemble, ils sont intégrés dans tous les secteurs de la vie économique norvégienne, mais sont, toutefois, sous-représentés dans le secteur tertiaire.
L'élevage du renne est un élément essentiel de la sauvegarde de la culture. Ces dernières années, il a été modernisé - et cela compromet son rôle primordial dans la lutte pour préserver la culture et l'identité. Il s'agit maintenant d'une industrie nécessitant d'importants investissements. La technologie moderne est devenue indispensable pour ce nouveau système qui consiste essentiellement à produire le plus de viande possible. Les zones d'élevage ont été sensiblement réduites et les pâturages ont souffert des activités industrielles et autres perturbations de l'environnement. La viande de renne représente environ un pour cent de la production totale de viande norvégienne ; 2.000 tonnes ont été produites en 1985. L'agriculture a été associée à d'autres activités, et s'est, elle aussi, fortement industrialisée et exige d'importants capitaux.

Études supérieures et recherche

L'Université d'Oslo donne des cours sur la culture samé depuis 1848, mais il est aussi possible de l'étudier à l'université de Tromsø, et dans les écoles normales d'Alta, Bodø, Levanger et Nesna. Le collège régional samé de Kautokeino a été fondé en 1989, et au tout début il a fonctionné comme une Ecole normale.

L'Institut nordique samé, créé en 1974, est un institut de recherche financé par le Conseil nordique des ministres et par d'autres organismes. Son rôle est d'aider les Sami des pays nordiques dans le domaine pratique et théorique; pour ce faire il entreprend des recherches, rédige des rapports, assure l'enseignement et fournit une assistance sociale. Les activités de l'Institut sont regroupées dans trois sections: langage et culture; éducation, information et activités économiques; environnement et droits.

Les organisations

Une des premières organisations politiques a été probablement celle de Kvænangen, créée en 1903 sur l'initiative d'Anders Larsen, marin et enseignant. Les multiples tentatives de "norvégienisation" des Sami les poussèrent à organiser leur résistance. Anders Larsen fonda leur premier journal politique, Sagai Muittalægje. Le journal prit une influence politique grandissante, et non des moindres, car Anders Larsen utilisa ses colonnes pour propulser sur la scène politique Isak Saba, qui fut par la suite élu au Storting et y travailla de 1906 à 1912. Dans les années 20 un enseignant, Per Fokstad, mena une activité politique, mais les organisations sami se firent discrètes pendant la période de l'entre-deux-guerres.

Leurs activités reprirent après la Seconde Guerre mondiale. L'Association Nationale des Eleveurs de Rennes (NRL, ou Norske Reindriftssamers Landsforbund), fondée en 1948, et destinée à promouvoir les intérêts des éleveurs, est la plus ancienne organisation existant encore de nos jours. L'Association Nationale des Sami Norvégiens (ou NSR, Norske Samers Riksforbund), créée en 1968, cherche à préserver les droits des Sami en tant que peuple et population autochtone, et à améliorer leur sort. L'Union Samé Norvégienne (SLF, ou Samenes Landsforbund), fondée en 1979, se consacre à la protection et la promotion de la langue. Elle protège également les droits des Sami dans les régions où ils sont tout à fait minoritaires.

Ceux des pays nordiques commencèrent à agir de façon concertée lors de leur conférence à Jokkmokk (Suède) en 1953. Lors d'une deuxième conférence à Karasjok (Norvège) en 1956 fut votée la création d'un Conseil samé nordique. Il fait la liaison entre les organisations politiques de Norvège, de Suède et de Finlande. Ces organismes sont : pour la Suède, l'Association samé suédoise (Svenska Samernas Riksförbund), et Samé Ätnam (Riksorganisationen Same Ätnam) ; pour la Norvège, la NSR et la NRL ; pour la Finlande, le Parlement samé (Delegationen för Sameärenden ou Samenparlamentet). Dès cette année, les Sami de Russie auront des représentants au Parlement, et le SLF deviendra membre du Conseil.

Par l'intermédiaire du Conseil nordique samé les Sami participent aux activités du WCIP (Conseil mondial des peuples indigènes), organisation qui travaille pour favoriser la solidarité entre populations autochtones, promouvoir les échanges d'informations les concernant et renforcer les organisations dans les différents pays membres. La première conférence internationale du WCIP s'est tenue à Port Alberni en 1975 (Canada), année de la création de cet organisme.
Les objectifs communs aux Sami, présentés dans un programme politique nordique, adopté à Tromsø en 1980, sont les suivants:
  • Nous, Sami, sommes un seul peuple, qui ne doit pas être divisé par les frontières nationales.
  • Nous avons notre propre histoire, nos traditions, notre culture et notre langue. Nous avons hérité de nos ancêtres le droit à la terre, à l'eau, et à nos activités économiques propres.
  • Nous avons le droit inaliénable de conserver et développer nos activités économiques et nos communautés, selon nos propres conditions de vie et ensemble nous préserverons nos territoires, nos ressources naturelles et notre héritage national pour les générations futures.
Le parlement
La Loi sur le Parlement et sur les autres aspects juridiques de la vie samé (la Loi samé) a établi les règles essentielles sur lesquelles repose l'Assemblée nationale - le Sametinget. Après le vote de la loi par le Storting au printemps 1987, la première session du Sametinget s'est tenue sous la présidence de feu le roi Olav V, le 9 octobre 1989.

L'Assemblée samé est un organisme national, régi par les règles de l'administration publique. Ses activités (droit consultatif, pouvoirs) sont définies par la Loi samé.
Le Parlement traite de toutes les questions qui revêtent une importance particulière pour le peuple. De sa propre initiative, il peut soumettre des problèmes aux autorités publiques et à diverses institutions privées, etc...

Le Parlement n'a le pouvoir de prendre des décisions que dans le cadre de la Loi samé.

Les députés sont élus au suffrage direct par les Sami inscrits sur les listes électorales. Le Sametinget gère ses activités grâce à une administration spéciale créée à Karasjok en 1990. Au cours de sa première législature, il eut à traiter, entre autres problèmes importants, celui de la pêche et de l'élevage du renne, les questions linguistiques et les plans de construction militaires prévus par les forces armées norvégiennes en territoire samé.

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