À la découverte du Sphinx de Delft: sur les traces de Vermeer

Théophile Thoré
Il est infiniment rare dans les annales de l'histoire de l'art, qu'on ait pu attribuer à un seul individu, la redécouverte d'un artiste tombé dans l'oubli, a fortiori d'un artiste aussi important que Vermeer. C'est pourtant le cas pour Théophile Thoré à qui l'on doit la redecouverte du peintre de Delft. Il découvre, lors d'un voyage en Hollande en 1842, la Vue de Delft d'un certain «Jan ver Meer de Delft». «Voilà quelqu'un que nous ne connaissions pas et qui pourtant mérite fort d'être connu!» note-t-il. Débute alors une des plus formidables enquêtes des annales de l'histoire de l'art. Pendant les dix années qui suivront son exil en 1849 pour activités révolutionnaires, il hante les musées de Hollande, d'Angleterre, d'Allemagne, de France et de Belgique, déploie un vaste réseau de galeristes et de connaisseurs, pour traquer et identifier des oeuvres de ce Johannes Vermeer dont on sait bien peu de choses. C'est lui qui surnommera Vermeer le «Sphinx de Delft», pour souligner le caractère infiniment énigmatique de ce prince de la lumière et du silence, qui vécut à une époque dominée par la rhétorique envahissante de l'art baroque.

La critique a rectifié au cours des décennies qui ont suivi les travaux pionniers de Thoré, les hypothèses avancées par ce dernier, notamment quant à sa filiation avec l'école de Rembrandt, mais sans pouvoir les remplacer par d'autres données plus sûres. Thoré connaissait déjà le compte-rendu de la vente posthume des biens de Vermeer par sa veuve et bien peu d'autres documents ont permis d'éclairer la biographie du peintre. Malgré un enthousiasme excessif qui le portait à attribuer au maître des tableaux qui n'étaient pas de lui — il avançait le chiffre de 70 tableaux, alors qu'on n'admet aujourd'hui qu'une quarantaine d'oeuvres authentiques — il a su identifier correctement plus du deux-tiers des oeuvres de Vermeer, exploit considérable à l'époque compte-tenu des techniques d'analyse peu développées dont disposait le critique à l'époque. On dit qu'il fut un des premiers à utiliser la photographie à des fins d'expertise scientifiques d'oeuvres d'art.
Thoré-Bürger: À la découverte du Sphinx de Delft

1° Sur les traces de Vermeer
Vermeer et l'école de Rembrandt
L'oeuvre de Vermeer



À Champfleury

Vous êtes de ceux qu'attirent l'Inconnu et le Méconnu. Vous êtes à la fois curieux du mystère et de la réalité, de l'ombre et de la lumière, — les deux extrémités de l'art et de la vie.

Si vous passez près d'un puits, il faut que vous y descendiez pour voir ce qu'il y a au fond. Et vous y trouvez des Violons de faïence, quelque rareté ou quelque vérité.

Vous aimez les points d'interrogation, pour en faire des points d'exclamation et d'admiration.

Puisque vous avez ressuscité trois hommes à demi morts, les frères Lenain, vous vous intéresserez à un original qui était tombé dans l'oubli, et que j'essaye de ramener au jour. Réparation d'une injustice que l'ignorance a souvent commise dans l'histoire de notre chère école hollandaise.

Van der Meer n'était pas mort, et ce qu'il avait créé était toujours là, mais de ses rouvres resplendissantes on avait effacé son nom. Van der Meer avait disparu derrière Pieter de Hooch, absolument comme Hobbema derrière Ruisdael.

Maintenant, Hobbema a repris son individualité près de son ami et compagnon Ruisdael. Il convient également de restituer van der Meer à côté de Pieter de Hooch et de Metsu, dans le voisinage de Rembrandt.

À mon tour, je vous dédie mon sphinx, que vous reconnaîtrez pour un ancêtre des artistes amoureux de la Nature, qui la comprennent et qui l'expriment dans son attrayante sincérité.

Au musée de La Haye, un paysage superbe et très singulier arrête tous les visiteurs et impressionne vivement les artistes et les raffinés en peinture. C'est une vue de ville, avec un quai, une vieille porte en arcade, des bâtiments d'une architecture très-variée, des murs de jarclins, des arbres, et, en avant, un canal, une bande de terrain et plusieurs figurines. Le ciel gris argentin et le ton de l'eau rappellent un peu Philip Koninck. L'éclat de la lumière, l'intensité de la couleur, la solidité des empâtements en certaines parties, l'effet très réel et cependant très original, ont aussi quelque chose de Rembrandt.

Lorsque je visitai pour la première fois les musées de la Hollande, vers 1842, cette peinture étrange me surprit autant que la Leçon d'anatomie et les autres Rembrandt, très curieux, du musée de La Baye. Ne sachant à qui l'attribuer, je consultai le catalogue: «Vue de la ville de Delft, du côté du canal, par Jan van der Meer de Delft.» Tiens! en voilà un que nous ne connaissons pas en France, et qui mériterait bien d'être connu!

Même après avoir vu la Ronde de nuit, les Syndics et les autres merveilles du musée d'Amsterdam, je rapportai à Paris le souvenir ineffaçable de ce chef-d'œuvre, — par van der Meer de Delft? Soit! En ce temps-là, nous regardions tous la peinture pour le plaisir des yeux et pour en écrire de belles descriptions, sans trop nous tourmenter de l'histoire de l'art et des artistes.

Plus tard, encore avant 1848, étant retourné plusieurs fois en Hollande, j'eus occasion de visiter aussi les principales galeries particulières, et chez M. Six van Hillegom, — l'heureux possesseur du célèbre portrait de son aïeul, le bourgmestre Jan Six, par Rembrandt, — voilà que je trouvai encore deux peintures extraordinaires: une Servante qui verse du lait et la Façade d'une maison hollandaise, — par Jan van der Meer de Delft! — Le terrible peintre! Mais, après Rembrandt et Frans Hals, ce van der Meer est donc un des premiers maîtres de toute l'école hollandaise? Comment ne sait-on rien d'un artiste qui égale, s'il ne surpasse, Pieter de Hooch et Metsu?

Plus tard, — après 1848, étant devenu, par force, un étranger, et, par instinct, un cosmopolite, habitant tour à tour l'Angleterre, l'Allemagne, la Belgique, la Hollande, j'ai pu étudier les musées de l'Europe, recueillir les traditions, lire, en toute langue, les livres sur l'art, et chercher à débrouiller un peu l'histoire encore confuse des écoles du Nord, surtout de l'école hollandaise, de Rembrandt et de son entourage, — et de mon «sphinx» van der Meer.

Dans le premier volume sur les Musées de la hollande, en 1858, je signalais le paysage du musée de La Haye et les deux tableaux de la collection Six van Hillegom. En 1859, dans la Galerie d'Arenberg, à Bruxelles, et dans la Galerie Suermondt, à Aix-la-Chapelle, j'ajoutais à mon rudiment du catalogue de l'œuvre de van der Meer la tête fantastique et pâle que possède le duc d'Arenberg, et le délicieux Collage que possède M. Suermondt. En 1860, dans le second volume sur les Musées de la Hollande, j'étais arrivé à authentiquer plus d'une douzaine de van der Meer, et à réunir quantité d'indications qui m'ont aidé depuis à retrouver presque l'œuvre entier du peintre de la Vue de Delft.

Cette manie persévérante m'a entraîné à bien des voyages et à bien des dépenses. Pour voir tel tableau de van der Meer, j'ai fait des centaines de lieues; pour obtenir une photographie de tel van der Meer, j'ai fait des folies. J'ai même reparcouru toute l'Allemagne pour constater avec assurance ses œuvres dispersées à Cologne, à Brunswick, à Berlin, à Dresde, à Pommersfelden, à Vienne. Mais je me trouve récompensé, d'autant que j'ai eu le plaisir, non seulement d'admirer ses tableaux dans les musées et galeries, mais d'en conquérir plus d'une douzaine, les uns que j'ai fait acheter par mes amis MM. Pereire, Double, Cremer, etc.; les autres que j'ai achetés pbur moi-même. On ne connaît vraiment bien un maître que lorsqu'on a possédé plusieurs de ses œuvres, chez soi, sur un chevalet, lorsqu'on les a étudiées sous toutes les lumières et qu'on a pu les comparer à loisir.

En même temps que je recherchais les tableaux de van der Meer, je récoltais aussi tous les documents écrits ou traditionnels concernant sa personne; je fouillais les vieux livres, les vieux catalogues, les archives hollandaises.

Pour cette double enquête sur l'artiste et sur son œuvre, j'ai eu le concours sympathique des hommes les plus compétents dans chaque pays: en Belgique, MM. Charles De Brou et Cremer; en Hollande, M. C. Vosmaer, de La Haye, et le docteur Scheltema, d'Amsterdam; en Allemagne, M. Suermondt, le docteur Waagen, du musée de Berlin, le professeur Julius Hübner, du musée de Dresde, M, de Lützow, bibliothécaire de l'Académie des Beaux-Arts à Vienne; en Angleterre, Sir Charles Eastlake, le regrettable directeur de la National Gallery, M. George Phillips, etc., etc.

À Paris, M. Otto Mündler m'a communiqué diverses notes intéressantes, et deux rédacteurs de la Gazette [des Beaux-Arts] m'ont renseigné sur des tableaux: M. Léon Lagrange m'a appris que la Lettre, gravée dans Lebrun, était à Marseille, chez M. Dufour; M. Paul Mantz, que M. Dumont, de Cambrai, possédait un Géographe catalogué van der Meer de Delft.

Sur la biographie, je n'ai encore, il est vrai, que des jalons chronologiques et quelques faits certains. Mais, au moyen des œuvres, que je connais en grand nombre, j'espère reconstituer à peu près la personnalité de van der Meer. Ne dit-ou pas qu'à l'œuvre on connaît l'ouvrier? La peinture révèle le peintre, et des tableaux suppléent parfois les documents écrits.

Je me risque donc devant le «sphinx,» et peut-être dissiperai-je du moins une partie de l'ombre dans laquelle il posait son énigme à de rares curieux.





Jan van der Meer de Delft était à peu près inconnu en France, il y a une dizaine d'années. Son nom manque dans les biographies et les histoires de la peinture; ses œuvres manquent dans les musées et les collections particulières.

Tout au plus, certains catalogues de vente rédigés par de savants experts comme Lebrun, Paillet, Henri et Perignon, mentionnent-ils quelques tableaux de van der Meer de Delft.

Lebrun, qui était en relation avec la Hollande, le juge même assez bien: «Ce van der Meer, dont les historiens n'ont point parlé, mérite, — dit-il en 1809, — une attention particulière. C'est un très grand peintre, dans la manière de Metsu. Ses ouvrages sont rares, et ils sont plus connus et plus appréciés en Hollande que partout ailleurs. On les paye aussi cher que ceux de Gabriel Metsu...»

Dans le catalogue de la première vente Laperière, Paris 1817, Pérignon recommande la Dentellière, aujourd'hui chez M. Blokhuyzen, à Rotterdam, après avoir passé dans la collection Nagel, à La Haye: «Tableau peint avec le plus grand soin et où le peintre a su, dans une manière large, rendre le fini de la nature, la différence des objets, le soyeux des étoffes, par la justesse de ses teintes et de l'effet.»

Gault de Saint-Germain cite cette Dentellière, par «Jan van der Meer, dit de Delft, né à Schonove (sic), et selon d'autres à Harlem...», brouillant ainsi trois van der Meer en un seul.

Dans son catalogue du Louvre, si neuf et si méritant à l'époque où il parut, 1852, M. Villot, après avoir consulté d'Argenville, «qui en 1761 avait fait prendre en Hollande des informations sur les van der Meer», mentionne Jan van der Meer de Delft, mais il brouille également les autres van der Meer, «nés à Schoonhven, à Harlem ou à Utrecht.»

En 1857, dans la Revue de Paris, M. Maxime Ducamp, revenant de visiter les musées de la hollande, vante le paysage du musée de La Haye: «Cela est peint avec une vigueur, une solidité, une fermeté d'empâtément, très rare chez les paysagistes hollandais. Ce Jan van der Meer, que je ne connaissais que de nom, est un rude peintre, qui procède par teintes plates largement appliquées, rehaussées en épaisseur...»

En 1858, M. Théophile Gautier, émerveillé du même tableau, écrivait dans le Moniteur: «Van Meer (sic) peint au premier coup avec une force, une justesse et une intimité de ton incroyables... La magie du diorama est atteinte sans artifice.

Dans la Gazette des Beaux-Arts, 1860, à propos des tableaux de Marseille et de Cambrai, M.H. Léon Lagrange et Paul Mantz constatent également les qualités de ce maître original.

Enfin, après la publication de nos Musées de la hollande, M. Charles Blanc a consacré à van der Meer de Delft une biographie, dans la grande Histoire des peintres, éditée par la maison Renouard.

À ma connaissance, c'est à peu près là tout ce qu'on a écrit en France sur van der Meer.

En Belgique, le chevalier Burtin avait enregistré dans sa «Liste des meilleurs peintres, avec les plus hauts prix connus auxquels ont été vendus jusqu'ici leurs meilleurs ouvrages: Jan van der Meer, dit de Delft, 6,000 livres.» Il ne dit pas à quel tableau de van der Meer s'applique ce prix exorbitant, à l'époque où l'on comptait encore par livres.

En Angleterre, John Smith, qui remua tant de tableaux au commencement de notre siècle, et qui connaissait si bien-l'école hollandaise, mentionne, dans son précieux ouvrage, van der Meer de Delft, une fois à la suite de Pieter de Hooch, et une seconde fois à la suite de Metsu «Les écrivains, dit-il, semblent avoir entièrement ignoré les œuvres de cet excellent artiste; car, bien qu'ils mentionnent deux peintres de ce nom, ni l'un ni l'autre ne peuvent être celui dont il s'agit. Les sujets qu'il se plut surtout à représenter furent des femmes occupées à des travaux domestiques ou à quelque amusement, musique, cartes, lecture, écriture. Et ces peintures sont traitées avec beaucoup de l'élégance de Metsu, mêlée à un peu de la manière de de Hooch. Mais son pinceau ne fut pas borné à ces sujets; car il employa également son talent au paysage et à des vues de ville (to landscape painting and views in towns). Une de ses meilleures productions en ce genre est la Vue de Delfi, superbe peinture achetée par le roi de Hollande... Il florissait à la fin du XVIIIe siècle.» Smith avait vu sans doute d'autres van der Meer que le tableau aujourd'hui au musée de La Haye, mais il paraît qu'il ne savait rien de la biographie de l'artiste lui-même.

En Allemagne, le docteur Waagen a célébré van der Meer dans plusieurs de ses écrits, et notamment dans son Manuel, publié en anglais, en allemand et en français (Bruxelles 1863), où il résume en trois pages ce qu'il sait sur ce grand peintre.





En Hollande, du moins, on pouvait espérer de trouver chez les biographes, depuis Houbraken jusqu'à Immerzeel, des renseignements authentiques et suffisants. Mais Houbraken ne parle que du van der Meer né à Schoonhaven et qui habita Utrecht, où il fut doyen de la guilde des peintres en 1666; Weyerman reproduit seulement Houbraken, comme d'habitude; van Cool ne parle que de deux van der Meer de Haarlem, le vieux et le jeune. Seuls, van Eynden et van der Willigen donnent quelques éléments biographiques empruntés à la Description de la ville de Delft (Beschrijving der Stad Delft), par Dirk van Bleijswijck, gros in-4º de près de 1000 pages, imprimé à Delft par Arnold Bon, en 1667-68, et orné d'assez bonnes gravures par C. Decker, parent de Carel Fabritius. Van Eynden et son collaborateur, qui écrivaient en 1816, ne savent rien de plus: «Nous devons suivre van Bleijswijck, disent-ils, jusqu'à nouveaux renseignements.» Immerzeel, à son tour, s'est contenté de «suivre» van Eynden, en le résumant.

Après avoir noté, d'après van Bleijswijck, que van der Meer est né à Delft en 1632, qu'il fut élève de Carel Fabritius, tué par l'explosion du magasin à poudre de Delft en 1654, qu'il vivait encore et travaillait dans sa ville natale en 1668, van Eynden ajoute: «Il imita le style de son maître, aussi bien dans le choix des compositions que dans l'exécution. Mais il a surpassé Fabritius dans la correction du dessin, la force de la couleur, le naturel de l'expression, ou la naïveté. On ne trouve aucun autre renseignement sur sa vie et son talent... Cependant, qu'il était déjà mort en 1606, nous l'apprenons par une vente de tableaux, faite à Amsterdam le 16 mai 1696, dans laquelle était une partie de tableaux et une collection de morceaux d'art laissés par notre maître. Il y avait vingt et une peintures de lui, parmi lesquelles son portrait peint par lui-même, etc. (Gerard Hœt: Naamlijst van Schilderijen, etc., t. I, p. 34). Nous n'hésitons pas à dire que les œuvres de Jan van der Meer méritent place dans les collections les plus choisies. Tous les amateurs savent qu'il tient un haut rang dans l'école hollandaise et que ses tableaux ont atteint de fortes sommes... On appelle Adriaan van Ostade le Raphaël des paysans; de même on pourrait appeler van der Meer le Titiaan de l'école hollandaise. Deux de ses peintures les plus célèbres en sont la preuve: la Laitière (Melkmeisje), autrefois chez Jan Jacob de Bruijn, à Amsterdam, et la Vue de la /'arcade d'une maison bourgeoise à Delft (Delflsche huis), autrefois chez G. W. van Oosten de Bruijn, à Haarlem;... toutes deux aujourd'hui (1816) chez M. van Vinter à Amsterdam» (et aujourd'hui — 1866 — chez M. Six van Hillegom).

Van Eynden cite ensuite deux autres tableaux, la Vue de Delft (qui n'était pas encore au musée de La Haye) et l'Escalier du cloître Sainte-Agathe à Delft, «où le père de la patrie (Guillaume 1er le Taciturne) fut assassiné» (alors et aujourd'hui encore au musée d'Amsterdam).

L'ouvrage de Gerard Hœt, ci-dessus mentionné: reproduction des Catalogues des ventes publiques en Hollande depuis la fin du XVIIe siècle jusqu'au commencement du XVIIIe, trois volumes in-8° (le troisième par Terwesten), est bien utile, en effet, pour retrouver les tableaux de van der Meer qui ont passé en vente publique durant plus d'un siècle, et il nous a puissamment aidé dans la recherche des œuvres. Mais on voit que van Bleijswijck est, jusqu'ici, le seul guide à consulter sur la biographie de van der Meer. Son livre, plein de faits de toute sorte, plus ou moins curieux, renferme environ une trentaine de notices sur des peintres nés ou demeurant à Delft, parmi lesquels «Carel Fabritius et son élève Johannes Vermeer

Vermeer, c'est ainsi que son compatriote et contemporain van Bleijswijck le nomme, c'est ainsi que lui-même a signé sur les registres de la guilde de Delft, c'est ainsi qu'on peut lire quelques-unes de ses signatures sur ses œuvres, c'est la forme du nom adoptée par van Eynden et par Immerzeel, et qui parait avoir été la plus usitée du vivant de l'artiste. Mais, dès 1696, dans le catalogue publié par Gerard Hœt, Vermeer et van der Meer sont employés tour à tour et indifféremment,

Vermeer n'étant que la contraction de van der Meer; de même que van der Dœs est souvent nommé Verdœs, et que van Mander se contracte aussi en Vermander. Cette contraction s'appliquait également, parfois, aux autres van der Meer, et l'on trouve dans Hœt et ailleurs: Vermeer le vieux et Vermeer de jonge (le jeune) pour les van der Meer de Haarlem.

On peut donc choisir entre Vermeer ou van der Meer, qui est le nom le plus familier maintenant aux Hollandais, et sous lequel l'artiste est désigné pareillement en Allemagne et en Angleterre.

Choisissez aussi entre Johannes, Johan ou Jan, qui est la forme usuelle de ce prénom.

Mais, comme il y a plusieurs van der Meer, pour distinguer celui-ci, les Hollandais l'appellent de Delftsche (souvent mal orthographié Delfsche, Delfze, Delfse) van der Meer, c'est-à-dire le Delftois van der Meer, ou van der Meer van (de) Delft.

Tenons-nous-en à Jan van der Meer de Delft.

La distinction à faire entre lui et les autres peintres qui ont porté même nom et même prénom n'est pas facile. Au XVIIIe siècle, d'Argenville, ainsi que le rappelle M. Villot, n'avait pas réussi à débrouiller les van der Meer. Nous ne sommes guère plus avancés aujourd'hui, en Hollande tout comme en France. Et, si les biographies des van der Meer (quatre au moins) sont confondues, c'est que la séparation de leurs œuvres n'a pu être faite nettement, et qu'on ne sait même où étudier des œuvres bien authentiques d'un ou deux de ces van der Meer.

Voici, pour ma part, ce que je crois, et comment je fais d'abord la séparation des personnes: Houbraken, t. III, p. 291, donne des détails très précis sur un Johan van der Meer, qu'il pouvait avoir connu. Bien que Houbraken ait été fort attaqué en ces derniers temps, et qu'il ait admis dans certaines de ses biographies des faits erronés ou des historiettes malveillantes, en général il est bien renseigné, et c'est encore dans son livre qu'on trouve le plus de documents exacts sur les maîtres du XVIIe siècle. On ne saurait, en conscience, supposer qu'il ait inventé de toutes pièces — fort bien jointes — son van der Meer résidant à Utrecht, lequel est confirmé, d'ailleurs, par van Eynden, t. 1er, p. 434, et avec de nouveaux détails. En combinant Houbraken et van Bynden, on peut. restituer ainsi ce van der Meer

Né à Schoonhaven, il vint à Utrecht, où il passa la plus grande partie de sa vie. Il alla à Rome, en compagnie de Lieve Verschuur, et il y resta des années. Il vivait là avec Drost et Karel Lot (ou Carlo Lotti). Il peignait des figures et des têtes de grandeur naturelle (beelden en tronien levensgroot) «d'une manière grandiose.» Il travaillait sans avoir besoin de vendre sa peinture, car son grand-père avait beaucoup d'argent (veel geld). Revenu de Rome à Utrecht, il épousa une riche veuve qui possédait une fabrique de céruse. Il demeurait dans une superbe maison à Utrecht. En 1661, il était doyen de la guilde des peintres de cette ville. En 1672, il est ruiné par les invasions des troupes françaises. C'est ici que se place l'anecdote que d'Argenville applique à un Jacob van der Meer né à Utrecht, et que M. Villot a reproduite dans sa notice du catalogue du Louvre: au temps de sa prospérité, ce van der Meer avait fait faire, comme amateur (konstminnende), un beau tableau de fleurs par Jan de Heem, et il l'avait payé 2,000 florins! Après sa ruine, il offrit cette peinture au prince d'Orange, plus tard roi d'Angleterre (Guillaume III); par suite de quoi, nommé du Conseil de la ville en 1671, il obtint en 1682 la place de contrôleur des convois et licences de la navigation. Ayant été (précédemment sans doute) un des régents de la Maison communale des enfants (Ambachts Kinderhuis), il avait peint de grandeur naturelle ses collègues et lui-même, tableau (regentenstuk) qui est maintenant à la fondation de Renswoude. Il avait peint aussi de grandeur naturelle son portrait, perdu aujourd'hui.

Écartons déjà ce Jan van der Meer de Schoonhaven ou d'Utrecht, qui paraît avoir peu travaillé, qui était probablement amateur autant que peintre, et qui n'a pas laissé de tableaux dans la circulation; car on ne le devine nulle part dans la longue série des catalogues de vente publiés par Gerard Hœt.

Van Gool (t. II, p. 161), continuateur de Houbraken, signale deux autres van der Meer: «Jan van der Meer, qui fleurit à Haarlem, et qui épousa la sœur de Cornelis Dusart... Le lieu et la date de sa naissance sont inconnus. Son père, brave paysagiste, n'est pas le même que le van der Meer dont parle Houbraken...»

Ce Jan van der Meer, beau-frère du Dusart, est certainement de jonge (le jeune), quoique van Gool n'ajoute pas cette qualification; c'est l'élève de Berchem et l'ami de Dirk van Bergen. On l'appelait le jeune, pour le distinguer de son père le paysagiste, qu'on appelait le vieux (de oude).

Van der Meer de jonge est bien connu, du moins par ses couvres. Né à Haarlem vers 1650 (?), suivant plusieurs biographes, il appartient, comme Dirk van Bergen et Dusart, à la dernière génération des peintres hollandais, qui n'ont plus beaucoup de personnalité. Il fut reçu maître dans la guilde de Haarlem, le 3 août 1683. Il est aussi question, dans la guilde de La Haye, d'un Johan van der Meer qui pourrait bien être le même. Je connais de lui quantité de tableaux, toujours signés en toutes lettres, avec l'adjonction de jonge, et des dates 1679, 1680, etc.; quantité de dessins également signés et datés. Il a fait aussi quelques eaux-fortes datées 1685 (voir entre autres le catalogue Bigal). Un de ses meilleurs tableaux et des plus importants est au musée de Metz. Triste peintre, d'ailleurs, et des plus faibles parmi les sectateurs de Berchem. Son dessin est mou, sa couleur est bleutée sur une gamme grise monotone. Ses paysages avec animaux, des moutons le plus souvent, n'atteignent pas de hauts prix dans les ventes hollandaises du XVIIIe siècle. Est-ce lui qui a étoffé des paysages de de Heusch et de Boudewyns, cités dans les catalogues de Gerard Hœt, sans désignation spéciale après le nom de Jan van der Meer?

Dans la table générale de l'ouvrage de Gerard Hœt sont distingués trois Jan van der Meer: le Delftois (de Delftsche), le jeune (de jonge), et un troisième, à qui se rapportent exclusivement des tableaux de paysages, et que les catalogues originaux nomment parfois le vieux (de oude). C'est le «brave paysagiste» de van Gool, et le père du jeune, ou seulement son parent, suivant d'autres écrivains. Le malheur est que les rédacteurs de ces anciens catalogues n'avaient pas toujours le soin de distinguer les van der Meer par leurs épithètes qualificatives. On trouve souvent le nom tout court à des tableaux bien connus pour être du Delftois, comme la Lettre (collection Dufour, à Marseille), ou le Géographe (collection Isaac Pereire). Dans une vente de 1708, on trouve des paysages par Vermeer le vieux, Jan Vermeer et Jan van der Meer; le même peintre, sans doute. Dans la vente Neufville, à la même page 473 (t..111), sont la Laitière (collection Six van Hillegom), par «de Delfse van der Meer,» vendu 560 florins, et, au numéro suivant, deux beaux paysages, aussi brillants que Both, par Jan van der Meer, vendus 120 florins.

Jan van der Meer, ou Vermeer, le vieux, a donc son individualité constatée à côté de van der Meer de Delft, non-seulement par l'autorité de van Gool, mais par des œuvres qui sont toujours des paysages. Et où sont-ils ces paysages du vieux Vermeer, de Haarlem, père ou parent de van der Meer de jonge? Je ne sais.

Voilà qui m'a tourmenté bien longtemps et qui m'a fait hésiter sur l'attribution de certains paysages à van der Meer de Delft, lequel aussi fut paysagiste incontestablement, et l'auteur irrécusable de la Vue de Delft au musée de La Haye et du Cottage de la galerie Suermondt.

Quant aux personnes, toujours avons-nous quatre Jan van der Meer distincts;

Jan van der Meer d'Utrecht, qui a peint de grands tableaux;

Jan van der Meer le vieux, qui a peint des paysages, et Jan van der Meer le jeune, qui a peint des paysages avec animaux dans le genre de Berchem; tous les deux de Haarlem;

Et Jan van der Meer de Delft.

De plus, à en croire le catalogue du musée de Vienne, un assez grand tableau de cette galerie: «Sur une table, un plat d'argent, avec des fruits; à côté, un perroquet,» serait signé B. van der Meer, 1659. Je n'ai pas pu vérifier cette signature, et surtout le B du prénom, quoique, monté sur une échelle, je me sois approché du tableau, accroché très haut, et qu'on ne pouvait détacher. La lumière est très fausse dans la rotonde où est cette peinture, assez sombre elle-même. L'initiale du prénom serait-elle un J au lieu d'un B? et ce tableau serait-il encore de Vermeer de Delft? C'est probable, surtout si le Trophée de chasse, un lièvre et un canard morts, etc., n° 1338 du musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, est véritablement du Delftois, ainsi que le suppose M. Waagen, qui appelle van der Meer un «artiste Protée.» À ne prendre que ses œuvres absolument authentiques, il n'y a guère, en effet, de peintre plus varié que van der Meer, non seulement dans les sujets, mais dans la manière de l'exécution. Puisqu'il a fait des «Conversations» et des sujets familiers, des vues de ville et des paysages, il peut bien avoir fait, comme Rembrandt lui-même, des nature morte. Un tableau de ce genre, «een stil leven,» par Vermeer, est catalogué dans une vente publique à Amsterdam, en 1696, la même année que la fameuse vente où étaient rassemblés vingt et un tableaux du Delftois.

Ce n'est pas tout: dans le catalogue d'une autre vente, à Amsterdam, en,1728, on trouve: «Réception d'un roi de France, à Rheims, agréablement peint par H. van der Meer, 1694Vendu 130 florins. Il paraît que plusieurs catalogues de ventes à Paris au XVIIIe siècle mentionnent aussi des batailles par van der Meer. Est-ce qu'un van der Meer quelconque aurait travaillé en France? Celui d'Utrecht, en revenant d'Italie? L'initiale H, comme l'initiale B du catalogue de Vienne, peuvent d'ailleurs être tout simplement des fautes typographiques.

Mais c'est assez de nos quatre van der Meer reconnus, et même le Delftois tout seul suffit à l'illustration de ce nom trop longtemps oublié.





Les archives de Delft ont été dispersées, surtout dans la partie qui concerne le XVIIe siècle, et, malgré les recherches que l'archiviste a bien voulu faire, on n'a rien trouvé sur la naissance et la mort de van der Meer. Il paraît cependant que les registres de la guilde des peintres de Delft, depuis longtemps disparus de l'hôtel de ville, et qu'on croyait perdus, sont entre les mains d'un curieux hollandais, qui finira sans doute par les publier dans leur ensemble, et qui en a communiqué à un de mes amis des fragments dont nous nous servirons plus loin.

Mais, en l'absence d'un acte de l'état civil ou d'un acte de baptême, nous avons l'autorité du consciencieux van Bleijswijck. Après avoir donné une liste de dix-huit peintres, morts à la date où il publiait son livre, 1668, et parmi lesquels on remarque les Mierevelt, les Delff, dont l'un, Willem Jacobsz, avait épousé la fille du «grand et inappréciable Apelles Michiel Mierevelt,» les van der Vliet, les van Aelst, les Palamedes, Adriaan van der Venne et Carel Fabritius: «Nommons maintenant, dit-il, quelques artistes qui sont encore ici vivants, dans l'ordre des dates de leur naissance: Léonard Bramer, né en 1596... Johannes Vermeer, né en 1632,» etc.

1632, c'est l'année où le jeune Rembrandt signait la leçon d'anatomie, du musée de La Haye.

Une dizaine d'années après, vers l'époque de la Ronde de nuit, 1662, l'illustre Rembrandt avait formé quantité de disciples, parmi lesquels dut étudier le futur maître de van der Meer, Carel Fabritius.

Aucun document écrit ne constate que Carel Fabritius ait été élève de Rembrandt; mais ses œuvres, bien rares, et dont la plus superbe a été brûlée dans l'incendie du musée de Rotterdam, le prouvent à l'évidence.

Quoique nous ayons déjà publié dans la Gazette quelques renseignements sur les deux Fabritius, Carel et Bernard, il est utile de consigner ici la petite notice de van Bleijswijck sur Carel, d'autant qu'elle est le premier témoignage original, simplement reproduit par les biographes, depuis Houbraken et Weyerman jusqu'à Immerzeel: «Carle Fabritius, un très parfait et remarquable peintre, qui, en matière de perspective, vérité de coloris, ou pratique prompte et solide de sa couleur, n'a, — d'après le dire de beaucoup d'amateurs, — jamais eu son pareil (sic).»

Nous le rangeons ici parmi les plus célèbres peintres de Delft, quoique personne n'ait su indiquer où il est né; mais il est assez connu dans le monde, que ce grand artiste, après avoir demeuré ici beaucoup d'années, y trouva malheureusement sa fin, par l'explosion du magasin à poudre, le 12 octobre 1654. Étant dans sa propre maison, occupé à peindre le portrait de Simon Decker, marguillier de l'ancienne église, ayant à ses côtés sa belle-mère, son frère, — son fidèle disciple, Mathias Spoors, — ils furent tous écrasés par le brusque écroulement de la maison. Après être restés ensevelis sous les décombres pendant six à sept heures, ils en furent retirés à grand'peine et avec grande douleur par les bourgeois de la ville. Seul, M. Fabritius avait encore un peu de vie, et, comme tant de maisons étaient détruites, il fut provisoirement transporté dans l'ancien hôpital, où, un quart d'heure après, son âme oppressée (sic) quitta son misérable corps meurtri. Il n'avait encore que trente ans.»

Cette explosion de la poudrière de Delft a été peinte quatre ou cinq fois, à des heures et à des points de vue différents, par Egbert van der Poel, et deux fois par un artiste delftois, Daniel Vosmaer. Ces deux tableaux de Daniel Vosmaer, signés et datés, ont été exposés à l'exhibition de Delft en 1863, et décrits dans le Nederlandsche Spectator, par un descendant du peintre, mon ami C. Vosmaer, de La Haye.

Van Bleijswijck continue: «Sur la triste et malheureuse mort du très renommé artiste-peintre Carle Fabritius, l'imprimeur de ce volume, Arnold Bon, essaya ces vers.» Suivent huit strophes, dont la première représente «Carel Faber meurtri et brisé, gisant suffoqué par l'infernale poudre enflammée on ne sait comment.» La dernière strophe, traduite mot à mot par mon ami Charles De Brou, est la plus curieuse:
    Ainsi périt ce phénix (sic), vers sa trentième armé,
    Au milieu et dans la puissance de sa vie;
    Mais, fort heureusement, il a enflammé de son feu Vermeer,
    qui, en maître, perpétue sa science.

Le phénix est mort, mais il renaît de ses cendres dans la personnalité de van der Meer.

En 1654, van der Meer, qui n'avait que vingt-deux ans, était déjà un artiste tout formé et presque célèbre. Je suppose que c'est à cette époque, et sous l'œil de Fabritius, «sans pareil pour la perspective,» qu'il peignit ses délicieux petits intérieurs de ville, ses ruelles, comme on dit en Hollande: quelques maisons de chaque côté, une enfilade de rue étroite, avec des boutiques, des étalages, des auvents, des croisées baroques et des toits pointus. On a pu en voir un exemplaire à l'Exposition rétrospective des Champs-Élysées. Si la Façade d'une maison à Delft (galerie Six. à Amsterdam) est de cette première période, on peut dire que dès lors van der Meer aussi, comme son maître Fabritius, était «sans pareil» pour la perspective, la justesse de la lumière et la puissance de la couleur.

La notice de van Bleijswijck nous apprend que Vermeer.avait eu pour condisciple chez Fabritius: — Mathias Spoors. J'ai vainement cherché dans les livres d'autre trace de ce peintre Spoors, et je ne crois pas qu'on puisse signaler un seul de ses tableaux.

Sans doute, Carle Fabritius, «si renommé» dans sa ville, avait encore bien d'autres élèves: peut-être le Bernard Fabritius, — son fils? son parent? — lequel semble procéder de lui et de Rembrandt, et dont les chaudes peintures, au musée de Francfort, à l'Académie de Vienne et ailleurs, portent les dates 1650, 1662, 1669, 1671, 1672, etc.

J'ai aussi l'idée que le Decker qui a peint «des intérieurs de chaumière et des ateliers de tisserand» doit avoir travaillé autour de maître Fabritius, son clair-obscur ayant quelque analogie avec les effets de van der Meer. Les Decker de Delft étaient liés avec Fabritius, puisqu'il était en train de faire le portrait de Simon Decker au moment de l'explosion de la poudrière, et il paraît même que le C. Decker, auteur des gravures illustrant le livre de Van Bleijswijck, était parent de Fabritius.

Daniel Vosmaer encore, probablement fils de Jacob Woutersz Vosmaer ou Vosmeer, de l'ancienne famille de Vosmeren, paraît avoir été disciple de Fabritius, et une sorte d'émule de Vermeer, à en juger par ses deux tableaux de l'Explosion., que j'ai vus à Delft, et dont j'ai copié les signatures. Quelques Hollandais fort compétents, entre autres M. Lamme, directeur du musée de Rotterdam, et M. N. Hopman, d'Amsterdam, seraient même portés à attribuer à Daniel Vosmaer ou Vosmeer les ruelles de van der Meer; mais, par bonheur, elles sont signées, la plupart, très authentiquement, du nom ou du monogramme de Vermeer. Ces deux noms, Vermeer et Vosmeer, se ressemblent assez, et cette ressemblance onomatographique pourrait entraîner à confusion. Mais les œuvres de ces deux peintres, bien qu'ayant des analogies, sont faciles à distinguer.

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