Le trouble bipolaire affecte 1 à 2 % de la population dans sa forme majeure et trois fois plus dans les formes mineures. Il constitue un problème majeur de santé publique. Avant l'avènement de la psychopharmacologie, et notamment l'introduction des sels de lithium dans l'arsenal thérapeutique, on disait la maladie incurable et son pronostic désespéré. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le trouble bipolaire compte parmi les dix maladies les plus coûteuses et invalidantes. En effet, le taux de mortalité du sujet atteint est de deux à trois fois plus élevé que celui de la population générale. Le risque suicidaire est majeur, avec un pourcentage de 10 à 15 % chez les patients non traités.
La maladie bipolaire se manifeste souvent sous des aspects trompeurs, ce qui explique que le diagnostic se pose rarement d'emblée. La difficulté majeure réside dans la reconnaissance des épisodes d'exaltation, qui sont exceptionnellement identifiés comme tels, tant par le patient que par son entourage. C'est ainsi que plusieurs années se passent, au cours desquelles se répéteront des mises en danger, des comportements excessifs suscitant l'incompréhension, le rejet, la critique. Que de souffrances pour le patient et son entourage, que de risques de désinsertion, de désintégration de la cellule familiale! Plus tôt le diagnostic est établi et le traitement mis en place, moins il y a de risque de désinsertion ou d'évolution chronique, et meilleure est la réponse au traitement. L'enjeu d'un diagnostic précoce est la possibilité d'enrayer un processus et de multiplier les chances d'une stabilisation de l'humeur. Les patients diagnostiqués tardivement sont difficiles à traiter, d'autant plus qu'ils se trouvent, davantage que le reste de la population, dans des situations matérielles catastrophiques, isolés, meurtris par les récidives, diminués par les excès d'alcool, de drogues et de tabac. [op. cit., p. 34]
[...]
L'épisode dépressif regroupe trois types de symptômes: l'humeur triste avec perte d'intérêt pour toute activité et des idées ou tentatives de suicide*, le ralentissement de la pensée, et enfin le ralentissement moteur et les troubles physiques. [...]
Des perturbations somatiques s'ajoutent parfois à ce tableau, comme la perte d'appétit et la perte de poids, ou au contraire une tendance à l'hyperphagie. Le sommeil est fréquemment perturbé : difficultés d'endormissement, sommeil haché, réveil précoce assorti d'une recrudescence de l'anxiété et une majoration des symptômes dépressifs. [op. cit., p. 52]
Le risque majeur d'un état dépressif est le passage à l'acte suicidaire. La majorité des cliniciens qualifient le pôle dépressif de «plus grand fardeau» de la maladie.
La bipolarité est rarement évoquée lors d'un épisode dépressif, pourtant la maladie bipolaire est inaugurée dans la moitié des cas par une dépression. Un tiers des diagnostics des dépressions unipolaires est erroné et correspond à celui des dépressions bipolaires. Ceci concerne particulièrement les bipolaires de type II car l'hypomanie est fréquemment ignorée et confondue avec la sortie de l'état dépressif. Les épisodes maniaques et surtout hypomaniaques sont souvent méconnus de la part des patients et parfois de leur entourage et sont rarement évoqués spontanément (oubli, méconnaissance, défaut d'information ... ). Le principal motif de consultation est donc la dépression.
La forme mélancolique* au sens psychiatrique du terme est la plus sévère et représente une urgence en raison du risque suicidaire majeur. Outre le syndrome dépressif caractéristique, on relève des idées délirantes de culpabilité*, d'indignité, de dévalorisation, de damnation, d'immortalité, ou encore d'incurabilité, certains patients pouvant aller jusqu'à se croire privés de tel ou tel organe. Parfois, la symptomatologie dépressive s'accompagne d'une confusion mentale ou d'hallucinations.
La tentative de suicide est parfois la première manifestation de la maladie. 25 à 50 % des patients atteints de trouble bipolaire accomplissent au moins une tentaItive de suicide. 15 à 20 % parviennent à mettre fin à leurs jours. C'est la pathologie qui présente le risque le plus élevé de tentatives et de suicides. Certains facteurs sont aggravants, comme des antécédents familiaux et professionnels de comportements suicidaires, une addiction à des substances toxiques, un trouble de la personnalité, certains traits de caractère comme l'instabilité ou l'impulsivité, des antécédents de traumatismes durant l'enfance (accidents, agressions sexuelles), une situation familiale et socioprofessionnelle difficile (isolement, conflit, licenciement, chômage ... ), la survenue d'événements pénibles.
Les autres formes cliniques sont les dépressions anxieuses dont la symptomatologie dominante est l'agitation et l'anxiété, les dépressions masquées par l'alcoolisme* ou des douleurs somatiques, les dépressions ralenties qui voient l'effondrement des capacités de motivation du patient, etc. [op. cit., p. 54-55]
Bibliographie
Sami-Paul Tawil, Le Miroir de Janus, Robert Laffont, 2002.
Kay Redfield Jamison, De l'exaltation à la dépression. Confession d'un psychiatre maniaco-dépressif, Robert Laffont, 2003.
Patrick et Marie Christine Hardy, Maniaco-dépressif. Histoire de Pierre, Odile Jacob, 2005.
Michel Rochet, Des hauts et des bas qui perturbent votre vie. Aide et conseils aux maniaco-dépressifi et à leur famille, Chiron, 2006.
Marc-Louis Bourgeois, Manie et dépression. Comprendre et soigner les troubles bipolaires, Odile Jacob, 2007.
Philippe Brenot, Le Génie et la folie en peinture, musique et littérature, Odile Jacob, 2007.
Cinéma
L' Extravagant M. Deeds, réalisé par Frank Capra, 1936.
Un tramway nommé Désir, réalisé par Elia Kazan, 1951.
Une femme sous influence, réalisé par John Cassavetes, 1974.
Mr. John, réalisé par Mike Figgis, 1993.
Pollock réalisé par Ed Harris, 2000.
Une femme d'extérieur, réalisé par Christophe Blanc, 2000.
Respiro, réalisé par Emanuele Crialese, 2002.
Big Fish, réalisé par Tim Burton, 2003.
[op. cit., p. 201-202]
[...]
L'épisode dépressif regroupe trois types de symptômes: l'humeur triste avec perte d'intérêt pour toute activité et des idées ou tentatives de suicide*, le ralentissement de la pensée, et enfin le ralentissement moteur et les troubles physiques. [...]
Des perturbations somatiques s'ajoutent parfois à ce tableau, comme la perte d'appétit et la perte de poids, ou au contraire une tendance à l'hyperphagie. Le sommeil est fréquemment perturbé : difficultés d'endormissement, sommeil haché, réveil précoce assorti d'une recrudescence de l'anxiété et une majoration des symptômes dépressifs. [op. cit., p. 52]
Le risque majeur d'un état dépressif est le passage à l'acte suicidaire. La majorité des cliniciens qualifient le pôle dépressif de «plus grand fardeau» de la maladie.
La bipolarité est rarement évoquée lors d'un épisode dépressif, pourtant la maladie bipolaire est inaugurée dans la moitié des cas par une dépression. Un tiers des diagnostics des dépressions unipolaires est erroné et correspond à celui des dépressions bipolaires. Ceci concerne particulièrement les bipolaires de type II car l'hypomanie est fréquemment ignorée et confondue avec la sortie de l'état dépressif. Les épisodes maniaques et surtout hypomaniaques sont souvent méconnus de la part des patients et parfois de leur entourage et sont rarement évoqués spontanément (oubli, méconnaissance, défaut d'information ... ). Le principal motif de consultation est donc la dépression.
La forme mélancolique* au sens psychiatrique du terme est la plus sévère et représente une urgence en raison du risque suicidaire majeur. Outre le syndrome dépressif caractéristique, on relève des idées délirantes de culpabilité*, d'indignité, de dévalorisation, de damnation, d'immortalité, ou encore d'incurabilité, certains patients pouvant aller jusqu'à se croire privés de tel ou tel organe. Parfois, la symptomatologie dépressive s'accompagne d'une confusion mentale ou d'hallucinations.
La tentative de suicide est parfois la première manifestation de la maladie. 25 à 50 % des patients atteints de trouble bipolaire accomplissent au moins une tentaItive de suicide. 15 à 20 % parviennent à mettre fin à leurs jours. C'est la pathologie qui présente le risque le plus élevé de tentatives et de suicides. Certains facteurs sont aggravants, comme des antécédents familiaux et professionnels de comportements suicidaires, une addiction à des substances toxiques, un trouble de la personnalité, certains traits de caractère comme l'instabilité ou l'impulsivité, des antécédents de traumatismes durant l'enfance (accidents, agressions sexuelles), une situation familiale et socioprofessionnelle difficile (isolement, conflit, licenciement, chômage ... ), la survenue d'événements pénibles.
Les autres formes cliniques sont les dépressions anxieuses dont la symptomatologie dominante est l'agitation et l'anxiété, les dépressions masquées par l'alcoolisme* ou des douleurs somatiques, les dépressions ralenties qui voient l'effondrement des capacités de motivation du patient, etc. [op. cit., p. 54-55]
Bibliographie
Sami-Paul Tawil, Le Miroir de Janus, Robert Laffont, 2002.
Kay Redfield Jamison, De l'exaltation à la dépression. Confession d'un psychiatre maniaco-dépressif, Robert Laffont, 2003.
Patrick et Marie Christine Hardy, Maniaco-dépressif. Histoire de Pierre, Odile Jacob, 2005.
Michel Rochet, Des hauts et des bas qui perturbent votre vie. Aide et conseils aux maniaco-dépressifi et à leur famille, Chiron, 2006.
Marc-Louis Bourgeois, Manie et dépression. Comprendre et soigner les troubles bipolaires, Odile Jacob, 2007.
Philippe Brenot, Le Génie et la folie en peinture, musique et littérature, Odile Jacob, 2007.
Cinéma
L' Extravagant M. Deeds, réalisé par Frank Capra, 1936.
Un tramway nommé Désir, réalisé par Elia Kazan, 1951.
Une femme sous influence, réalisé par John Cassavetes, 1974.
Mr. John, réalisé par Mike Figgis, 1993.
Pollock réalisé par Ed Harris, 2000.
Une femme d'extérieur, réalisé par Christophe Blanc, 2000.
Respiro, réalisé par Emanuele Crialese, 2002.
Big Fish, réalisé par Tim Burton, 2003.
[op. cit., p. 201-202]