Conche* a rêvé que, en se promenant à travers les collines du Revermont, il se trouvera brusquement dans un paysage d'étangs et de sapins noirs qu'il voyait pour la première fois. Il aperçut alors un promeneur en qui il reconnut sans peine Emmanuel Kant. Le philosophe était devant lui: il était de petite taille, paraissait chétif, marchait comme oppressé, mais son front «découvert taillé pour la pensée», comme dit Herder l'inspira d'une certaine timidité, que toutefois il surmontait, lui disant, après qu'ils se sont salués: «Puisque j'ai la chance de vous rencontrer, monsieur, si nous parlions un peu de métaphysique?» Il y consentit, et le dialogue s'engagea . Et dans ce dialogue sur la métaphysique, le thème de la mort fait son irruption comme le fondement de leur pensée métaphysique différente..
[...]
- [Kant:] Mais si vous [Conche] renoncez à faire de la métaphysique une science, vous n'aurez plus en métaphysique, que le conflit d'opinions.
- [Conche:] On parle de la métaphysique de Platon*, de la métaphysique de Descartes*, etc. On ne dit pas: ce sont les opinions de Platon, de Descartes. C'est bien plus que cela, infiniment plus, car ces métaphysiques ont une consistance: c'est la totalité du réel qui se trouve en elles représentée. Ces représentations sont diverses. Mais pourquoi la Réalité ne serait-elle pas comme un texte qui se prête à diverses interprétations?
- Sur quoi se fondera votre choix?
- Nul ne peut choisir pour un autre, et cela parce que nul ne peut mourir pour un autre. Le choix se fondera, pour chacun, sur la méditation de ce qui lui est le plus personnel: la mort. Nul ne sait, ne peut savoir, ce que signifie la mort. La métaphysique, à moins de la réduire à la portion congrue, comme vous le faites, ne peut donc être une science. Chacun doit, par la réflexion méditante, à partir du plus profond esseulement et de la plus grande sincérité, parvenir à des convictions fermes, sur le fond desquelles sa vie a du sens.
- Quel est votre choix?
- Vous avez écrit: J'ai aboli le savoir [métaphysique] afin de faire une place à la croyance.» Vous reconnaissez ainsi que vous n'avez jamais cessé de croire au Dieu créateur. [...]
- Ma foi en la métaphysique créationniste est ce sans quoi je n'aurais pas la sérénité que vous avez vue sur mon visage.
- Ma conviction que la Nature (Phusis) est l'Origine sans origine de toutes choses et que je retourne en son sein à la mort, est ce sans quoi je n'aurais pas la sérénité que vous sentez que j'ai.
Durant le temps de cet échange, le paysage m'était redevenu familier. Nous étions près du village de Montmerle. J'inviterai Kant à prendre un verre - de vin. bien entendu (il a horreur de la bière). Nous trinquâmes. Il souriait.
- [Kant:] Mais si vous [Conche] renoncez à faire de la métaphysique une science, vous n'aurez plus en métaphysique, que le conflit d'opinions.
- [Conche:] On parle de la métaphysique de Platon*, de la métaphysique de Descartes*, etc. On ne dit pas: ce sont les opinions de Platon, de Descartes. C'est bien plus que cela, infiniment plus, car ces métaphysiques ont une consistance: c'est la totalité du réel qui se trouve en elles représentée. Ces représentations sont diverses. Mais pourquoi la Réalité ne serait-elle pas comme un texte qui se prête à diverses interprétations?
- Sur quoi se fondera votre choix?
- Nul ne peut choisir pour un autre, et cela parce que nul ne peut mourir pour un autre. Le choix se fondera, pour chacun, sur la méditation de ce qui lui est le plus personnel: la mort. Nul ne sait, ne peut savoir, ce que signifie la mort. La métaphysique, à moins de la réduire à la portion congrue, comme vous le faites, ne peut donc être une science. Chacun doit, par la réflexion méditante, à partir du plus profond esseulement et de la plus grande sincérité, parvenir à des convictions fermes, sur le fond desquelles sa vie a du sens.
- Quel est votre choix?
- Vous avez écrit: J'ai aboli le savoir [métaphysique] afin de faire une place à la croyance.» Vous reconnaissez ainsi que vous n'avez jamais cessé de croire au Dieu créateur. [...]
- Ma foi en la métaphysique créationniste est ce sans quoi je n'aurais pas la sérénité que vous avez vue sur mon visage.
- Ma conviction que la Nature (Phusis) est l'Origine sans origine de toutes choses et que je retourne en son sein à la mort, est ce sans quoi je n'aurais pas la sérénité que vous sentez que j'ai.
Durant le temps de cet échange, le paysage m'était redevenu familier. Nous étions près du village de Montmerle. J'inviterai Kant à prendre un verre - de vin. bien entendu (il a horreur de la bière). Nous trinquâmes. Il souriait.