Dans la tragédie Brutus, présentée pour la première fois le 11 décembre 1730, Voltaire* met en scène Valérius annonçant à Brutus la mort de son fils Tibérinus et la fuite de son fils Titus. À entendre ces paroles, Brutus, en colère, prend sur lui la culpabilité*de la conduite perfide de ses fils et, dans cet état, refuse de se rendre au Sénat.
ACTE V, scène 3
LES SÉNATEURS, BRUTUS, VALÉRIUS, PROCULUS.
BRUTUS.
Eh bien! Valérius,
Ils sont saisis sans doute, ils sont au moins connus?
Quel sombre et noir chagrin, couvrant votre visage,
De maux encor plus grands semble être le présage?
Vous frémissez.
VALÉRIUS.
Songez que vous êtes Brutus.
BRUTUS.
Expliquez-vous...
VALÉRIUS.
Je tremble à vous en dire plus.
(Il lui donne des tablettes.)
Voyez, seigneur; lisez, connaissez les coupables.
BRUTUS, prenant les tablettes.
Me trompez-vous, mes yeux? O jours abominables!
O père infortuné! Tibérinus? mon fils!
Sénateurs, pardonnez... Le perfide est-il pris?
VALÉRIUS.
Avec deux conjurés il s'est osé défendre;
Ils ont choisi la mort plutôt que de se rendre;
Percé de coups, seigneur, il est tombé près d'eux:
Mais il reste à vous dire un malheur plus affreux,
Pour vous, pour Rome entière, et pour moi plus sensible.
BRUTUS.
Qu'entends-je?
VALÉRIUS.
Reprenez cette liste terrible
Que chez Messala même a saisi Proculus.
BRUTUS.
Lisons donc... Je frémis, je tremble. Ciel! Titus!
(Il se laisse tomber entre les bras de Proculus.)
VALÉRIUS.
Assez près de ces lieux je l'ai trouvé sans armes,
Errant, désespéré, plein d'horreur et d'alarmes.
Peut-être il détestait cet horrible attentat.
BRUTUS.
Allez, pères conscrits, retournez au sénat;
Il ne m'appartient plus d'oser y prendre place:
Allez, exterminez ma criminelle race;
Punissez-en le père, et jusque dans mon flanc
Recherchez sans pitié la source de leur sang.
Je ne vous suivrai point, de peur que ma présence
Ne suspendît de Rome ou fléchît la vengeance.
Source: http://www.poesies.net
LES SÉNATEURS, BRUTUS, VALÉRIUS, PROCULUS.
BRUTUS.
Eh bien! Valérius,
Ils sont saisis sans doute, ils sont au moins connus?
Quel sombre et noir chagrin, couvrant votre visage,
De maux encor plus grands semble être le présage?
Vous frémissez.
VALÉRIUS.
Songez que vous êtes Brutus.
BRUTUS.
Expliquez-vous...
VALÉRIUS.
Je tremble à vous en dire plus.
(Il lui donne des tablettes.)
Voyez, seigneur; lisez, connaissez les coupables.
BRUTUS, prenant les tablettes.
Me trompez-vous, mes yeux? O jours abominables!
O père infortuné! Tibérinus? mon fils!
Sénateurs, pardonnez... Le perfide est-il pris?
VALÉRIUS.
Avec deux conjurés il s'est osé défendre;
Ils ont choisi la mort plutôt que de se rendre;
Percé de coups, seigneur, il est tombé près d'eux:
Mais il reste à vous dire un malheur plus affreux,
Pour vous, pour Rome entière, et pour moi plus sensible.
BRUTUS.
Qu'entends-je?
VALÉRIUS.
Reprenez cette liste terrible
Que chez Messala même a saisi Proculus.
BRUTUS.
Lisons donc... Je frémis, je tremble. Ciel! Titus!
(Il se laisse tomber entre les bras de Proculus.)
VALÉRIUS.
Assez près de ces lieux je l'ai trouvé sans armes,
Errant, désespéré, plein d'horreur et d'alarmes.
Peut-être il détestait cet horrible attentat.
BRUTUS.
Allez, pères conscrits, retournez au sénat;
Il ne m'appartient plus d'oser y prendre place:
Allez, exterminez ma criminelle race;
Punissez-en le père, et jusque dans mon flanc
Recherchez sans pitié la source de leur sang.
Je ne vous suivrai point, de peur que ma présence
Ne suspendît de Rome ou fléchît la vengeance.
Source: http://www.poesies.net