L'Encyclopédie sur la mort


Martyre

Selon la typologie* de Jean Baechler*, le martyre est une mort volontaire oblative afin de promouvoir une valeur supérieure (sacrifice*) ou afin d’accéder à une vie meilleure (passage) (Les suicides, p. 129). Dans les premiers siècles du christianisme, des chrétiens couraient librement vers la mort afin de protester contre «l’impérialisme politique d’un empire romain divinisé» (B. Lauret et F. Refoulé (dir.), Initiation à la pratique de la théologie, t. iv, Éthique, Paris, Cerf, 1983, p. 33). Dans la tradition chrétienne, le martyre est une mort volontaire, mais pas un suicide. Cependant, le culte des martyrs et l’idéal du martyre dans le donatisme furent fustigés sévèrement par saint Augustin*. Nationalisme et héroïsme se rencontrent dans certains suicides dans les sociétés répressives, par exemple, celui de Jan Palack* à Prague ou les grèves de la faim* en Irlande du Nord. Un des martyres les plus bouleversants est celui des cathares du castrum de Montségur en France. «Le dimanche 13 mars 1243, par conséquent trois jours avant l’expiration de la trêve, vingt laïcs, vingt simples croyants et croyantes, qui, selon les clauses de la reddition, avaient d’ores et déjà la vie sauve, allèrent trouver les évêques Bertrand Marty et Raymond Agulher, et leur demandèrent le consolament. Ils le reçurent tous, en grande cérémonie, devant leurs parents, leurs amis. Le sacrement faisant d’eux, désormais, des parfaits et des parfaites, ils mourraient donc par le feu le 16 mars. Parmi ces vingt martyrs volontaires de Montségur, il y avait l’épouse et une fille de Raymond de Péreille, Corba et Esclarmonde; quatre de nos sept samouraïs — deux autres avaient été tués dans les combats du siège: Bernard de Saint-Martin, Brézilhac de Cailhavel, Guillaume de Lahille et Raymond de Marceille; l’écuyer de ce dernier, avec son propre frère et sa belle-sœur; un arbalétrier, plusieurs sergents, dont un avec sa femme…» (M. Roquebert, «Montségur, citadelle implacable», Les cathares. La croisade albigeoise, Paris, Tallandier, 1999, p. 169).

© Éric Volant

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-06-29

Notes

 

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