L'Encyclopédie sur la mort


Suicides des jeunes par armes à feu

STOP suicide Suisse

Avec 35,7 % d’armes par ménage, la Suisse connaît l'un des taux de possession d’armes le plus élevé au monde. Cela s’explique par le fait que l’accès aux armes à feu n’est que peu réglementé en Suisse*. La loi sur les armes demeure fortement lacunaire. Par ailleurs, elle permet à des mineurs d’emporter des armes à la maison. De plus, les personnes astreintes au service militaire doivent garder leurs armes à domicile, même en dehors des périodes de répétition ou de cours militaires obligatoires.
Environ 240 suicides sont commis par année avec une arme à feu*, l’arme à feu constituant la première méthode de suicide des hommes âgés entre 15 et 39 ans. La Suisse est également le pays qui connaît le plus haut taux de suicides par armes à feu au monde. 56.8 % des suicides ont été commis avec une arme à feu en 2000. (Vladeta AJDACIC-GROSS, Martin KILLIAS et al., « Changing Times : A Longitudinal Analysis of International Firearm Suicide Data », American Journal of Public Health, octobre 2006, vol. 96, n° 10)

Parmi un catalogue de mesures de santé publique visant à diminuer le nombre de suicides, l’Office fédéral de la santé publique a conseillé de durcir la législation sur les armes, en vue d'en restreindre l'accès, car « le fait de rendre plus difficile ou d'empêcher l'accès à certaines méthodes de suicide permet de réduire le taux de suicide »

La diminution de l’accès aux moyens létaux devrait être partie intégrante des politiques publiques permettant de diminuer le nombre de suicides. Il s’agit de mesures de protection. Ces dernières sont recommandées à divers niveaux. Le numéro spécial 2007 de la revue CRISIS The Journal of Crisis Intervention and Suicide Prevention a été consacré à la diminution du nombre de suicides par des mesures de protection (17). Dans l’éditorial de ce numéro, Annette BEAUTRAIS explique d’emblée que ces mesures permettent de diminuer le nombre de suicides et de venir efficacement en aide à celles et ceux qui sont désespérés – au point de vouloir s’ôter la vie. Les différentes méthodes de suicide sont passées en revue, car des mesures de protection sont envisageables pour chacune d’entre elles. En France*, la Stratégie nationale d’actions face au suicide pour la période 2000-2005, annoncée le 19 septembre 2000 dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne (18), prévoyait notamment une diminution de l’accès aux moyens létaux. Un objectif clairement fixé par le Secrétariat d’État à la santé et aux handicapés de l’époque est ainsi de diminuer l’accès aux armes à feux, aux côtés de mesures de sécurisation des ponts et des accès aux chemins de fer et métro. Cette dernière a montré des effets extrêmement positifs, comme le décrit Brian L. MISHARA dans le numéro spécial de CRISIS mentionné. La sécurisation des ponts est également une issue importante, tant il est vrai que des aménagements spécifiques permettent une diminution drastique du nombre de suicides (19). Au Québec*, une politique de sécurisation des ponts est en vigueur et officiellement appliquée. En Suisse, certaines municipalités appliquent également de telles politiques, notamment suite à des drames médiatisés.

La littérature scientifique montre qu’une politique de réduction de l’accessibilité aux moyens létaux permet de diminuer le nombre de suicides. Tel est en particulier vrai dans le cas des armes à feu : la grande majorité de la littérature scientifique conclut que la diminution de l’accessibilité des armes à feu permet de diminuer le nombre total de suicides. (20)

On constate qu’une diminution du taux de possession des armes à feu est suivie d’une diminution du nombre de suicides par armes à feu et du nombre total de suicides, dans différents pays ayant introduit une restriction de l’accessibilité aux armes à feu. Depuis 1997, date qui correspond à l’entrée en vigueur d’une législation sur la possession des armes à feu plus restrictive suite à la Directive 91/477/EEC du Conseil européen, l’Autriche a connu une diminution du nombre de suicides par armes à feu de 5 % par année (21). En Autriche, entre 1997 et 2005, le nombre de suicides par d’autres méthodes n’a pas augmenté pour autant.

17
Voir : <http://www.stopsuicide.ch/Controlling-Access-to-Means-of>.
18
Voir : <http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/suicide/strategie_nat.pdf>
19
Voir <http://www.stopsuicide.ch/-Securisation-des-ponts->
et <http://www.stopsuicide.ch/medias/?cat=13>
20
Mikael HUMEAU et al., « Disponibilité des armes à feu et risque suicidaire : revue de la littérature », Annales Médico-psychologiques - revue psychiatrique, vol. 165, n°4, mai 2007.
21
Florian IRMINGER, « Armes en libre accès : situation dangereuse », Plädoyer, 6/07, 2007 et Nestor KAPUSTA et al., « Firearm legislation reform in the European Union : impact of firearm availability, firearm suicide and homicide rates in Austria », British Journal of Psychiatry, vol. 191, pp. 253-257, 2007.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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