L'Encyclopédie sur la mort


Romantisme: mort du poète

Bruno Viard

Dans Les 100 mots du Romantisme (PUF, «Que sais-je?», 2010, p. 101-102), Bruno Viard affirme que dans la littérature romantique, «les poètes sont mortels comme les autres humains, mais il existe une mort spécifique du Poète». Mais il estime que ce raisonnement est un sophisme. La généralisation («tous») crée un absolu qui s'avère faux à la lumière de l'histoire. Comme échantillon de cet universalisation injustifié du sacrifice* du poète, Viard cite de Vigny*.
Byron est mort au siège de Missolonghi en 1824, s'étant mis au service de la lutte d'indépendance des Grecs contre les Turcs, exemple très admiré. Peu de poètes sont morts les armes à la main, mais tous ont été persécutés. C'est, du moins, ce qu'affirme Vigny* dans Stello où le Docteur Noir fait le récit de la mort de Gilbert sous Louis XV, de Chatterton* sous la bourgeoisie anglaise et d'André Chénier* sous Robespierre dans le but de démontrer que le poète n'a aucune échappatoire ici-bas puisque ni la monarchie absolue, ni la monarchie constitutionnelle, ni la République ne lui font quartier. Il n'a le choix qu'entre la famine, le poison et la guillotine. Le raisonnement est, bien sûr, forcé: ce n'est pas parce qu'un poète ou même plusieurs sont morts sous chacun de ces régimes que tous les poètes ont connu et connaîtront le même sort! [...] Stello est un beau sophisme!

Aux poètes morts s'ajoutent les poètes mourants, thème typique. [L'auteur cite René de Chateaubriand* et L'isolement de Lamartine* où le «mal de vivre» habite les personnages et les auteurs]
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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